Désirer, est-ce nécessairement souffrir?
Par Christopher • 27 Novembre 2017 • 2 565 Mots (11 Pages) • 708 Vues
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Thèse B : l’Homme ne peut prétendre au bonheur parce qu’il ne peut supprimer ses désirs : il se contente de les refouler. Le bonheur est impossible à atteindre : il existe toujours une activité psychique. Schopenhauer définit le désir comme quelque chose de négatif puisqu’il renvoie au manque qui nous fait souffrir. En effet, il y a une disproportion entre le nombre de désirs que nous satisfaisons (la plupart de nos désirs ne sont pas satisfaits). De plus, Schopenhauer dit qu’il existe une dissymétrie entre le temps du désir qui est particulièrement long et la satisfaction est de courte durée. Le désir est insatiable, il se renouvelle sans cesse, et lorsque nous avons satisfait un désir nous sommes très vites déçus, et nous reportons notre désir vers autre chose. La satisfaction d’un désir ne nous amène même pas au bonheur, c'est-à-dire à un «contentement durable et inaltérable». L’Homme aspire au bonheur : c’est-à-dire qu’il cherche à éprouver un fort sentiment de plaisir et éviter les déplaisirs. A la différence de Schopenhauer, Freud montre que le bonheur consiste à avoir de forts sentiments de plaisir et à éviter toute forme de déplaisir. Le principe de plaisir est extrêmement présent dans l’activité psychique : l’homme cherche à satisfaire ce principe. Le nourrisson vit principalement suivant ce principe de plaisir. Les parents sont ceux qui lui permettent de les réaliser, notamment dans le cas de la faim. Pourtant, si le bonheur entendu comme la satisfaction du principe de plaisir est le but de l’appareil psychique, la réalité est bien souvent en opposition. Son programme est en désaccord avec le monde entier. Pour se socialiser, l’enfant apprend qu’il ne peut vivre suivant le principe de plaisir : il y a toujours une tension avec le principe de réalité. De ce fait, l’homme n’atteint pas le bonheur. Le bonheur n’est qu’un phénomène épisodique puisque nous ne pouvons vivre sur un principe de plaisir et que seul certains de nos désirs pourront être satisfaits. La satisfaction du plaisir ne nous mène pas vers la plénitude qui se prolonge. La constitution du psychisme dans lequel le sujet est sans cesse tiraillé entre le principe de plaisir et la société toute entière qui s’oppose à sa satisfaction empêche d’atteindre le bonheur. Il y a une opposition entre le principe de plaisir et la réalité d’où problème d’atteindre le bonheur. Si le bonheur est limité, l’expérience de la souffrance chez l’homme est plus présente. Freud nous dit que la souffrance provient de 3 éléments : du corps (en effet notre corps est voué à dépérir et nous ne pouvons supprimer la souffrance corporelle), du monde extérieur (qui peut faire rage contre nous avec des forces surpuissantes, inexorables, destructrice. Les forces de la nature peuvent s’abattre contre l’homme et le faire souffrir), et de la relation avec les autres hommes qui peuvent s’entredéchirer, comme c’est le cas dans la guerre. Si l’homme ne peut prétendre au bonheur, c’est parce qu’il est sans cesse tiraillé entre différentes exigences qui entrent en opposition. Pour Freud, il existe dans notre inconscient une partie pulsionnelle qu’il appelle les «ça» et qui est le lieu où sont enfermés nos désirs. Il existe 2 grandes tendances pulsionnelles (pulsion de mort et pulsion sexuelle) qui expliquent la libido et l’agressivité contre les autres ou contre soi-même. L’ego est fidèle serviteur de ses pulsions, pourtant nous avons vu que l’homme ne peut vivre selon le principe de plaisir parce qu’il existe en face de lui le principe de réalité. En se socialisant, l’enfant apprend à intérioriser des interdits moraux et parentaux qui touchent à la fois la pulsion de mort et la pulsion sexuelle (thanatos et éros). Freud appelle l’intériorisation de ces interdits le surmoi. Il renvoie notamment à l’interdit de l’inceste et à l’interdit du parricide (complexe d’Œdipe). Le refoulement de nos désirs est dû à l’action du surmoi, cette activité est pour part inconsciente. Dès lors l’homme est condamné à souffrir en étant tiraillé entre les différentes tendances en lui. Le refoulement ne supprime pas le désir. Le rêve est un des lieux de réalisation des désirs refoulés. Mais si le refoulement nous montre que l’homme ne peut vivre suivant le principe de plaisir, il convient de noter que jusqu’à présent, nous n’avons défini le désir que comme quelque chose de négatif, qui crée une tension dans notre intériorité. Or le désir ce n’est pas le manque, c’est aussi une force qui donne sens à notre existence.
Françoise Dolto, dans «Eduquer les parents» montre que les parents ont une obligation de répondre aux besoins de leurs enfants. Mais il ne faut pas rabattre la catégorie du désir sur celle du besoin : les parents n’ont pas à satisfaire tous les désirs de leurs enfants, et satisfaire tous les désirs mènera à ne plus désirer : en effet le désir crée un trou dans notre intériorité qui nous amène à aspirer. Si les parents bouchent tous ces trous, l’enfant n’aspirera plus à rien. Dolto conseille non pas de satisfaire les désirs mais de faire parler l’enfant de ses désirs. Celui qui a un vrai désir n’est donc pas celui qui souffre mais au contraire celui qui donne une vraie orientation à sa vie. Nietzche, dans le crépuscule des idoles, s’attaque à tous ceux qui condamnent le désir et notamment à la morale religieuse. Pour lui il ne vaut pas mettre un abyme entre soi et sa passion, il ne faut pas renier ses désirs parce que le désir est une force qui donne sens à la vie. Le lieu d’expression des désirs est la création artistique. La volonté de puissance c’est la création artistique (générer du sens). Il montre à la suite que ceux qui ont le discours le plus violent contre la sensualité son ceux qui ont le plus de mal à gérer ses propres désirs. Pour Deleuze, le désir est l’affaire de tous et non pas de quelques privilégiés (les artistes). C’est un philosophe de l’immanence : il essaie de penser la société dans laquelle nous vivons et d’arracher des concepts de situations concrètes. Lorsqu’il utilise le terme de plan de consistance, il renvoie à un lieu concret dans lequel nous puissions désirer. Par exemple un homme qui s’insère dans une entreprise trouve un lieu concret dans lequel désirer. A la suite de Spinoza, il définit le désir comme l’effort pour persévérer dans son être, pour accroitre sa puissance d’exister. Une entreprise cherche à accroitre ses marchés, à se développer. Ce désir collectif anime toute l’entreprise. Pour Deleuze, celui qui souffre, ce n’est pas celui qui désire, mais celui qui n’a aucun lieu concret dans lequel s’insèrent ses désirs. Les entreprises sont
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