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Dissertation sur le film Timbuktu

Par   •  16 Juin 2018  •  1 669 Mots (7 Pages)  •  608 Vues

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Sa manière de résister face à ses bourreaux, est de chanter. Elle essaye ainsi de se sauvegarder face à l’atrocité qu’elle subit. C’est assez ironique en y réfléchissant, puisque c’est justement pour avoir chanté qu’elle a été punie. Mais aussi, la femme du Touareg, Satima, s’oppose d’une autre façon aux oppressions. Elle représente la fierté, la sagesse, la douceur, en totale opposition aux soldats de Daesh. Lorsque l’un d’entre eux vient la voir, et lui demande de se couvrir la tête devant lui, elle lui répond simplement qu’il n’a qu’à pas regarder, si cela ne lui convient pas. Elle ne cherche pas le conflit. Il ne sait pas quoi répondre, et n’insiste pas. Il perd alors sa crédibilité face à la sagesse de la femme, qui le surpasse en répondant par une simple phrase, suffisante pourtant à le faire taire. Enfin, on peut terminer ces exemples par le personnage féminin le plus « libre » du film, Zabou. Zabou est une femme ressemblant à une sorte de prêtresse, possédée par des esprits. Cependant, du fait qu’elle soit atteinte de démence, cela lui donne une sorte de pouvoir de supériorité même face aux répresseurs. En effet, directement après l’effroyable scène de lapidation, cette femme est au centre de l’image, allongée sur un banc, avec à ses pieds un homme interprétant une sorte de danse. Elle le regarde en souriant et semble l’influencer. Cela pourrait paraitre étrange que ce passage soit placé ici, juste après l’horrible mort des amants, mais au contraire, elle permet d’effacer le traumatisme et de remonter en quelque sorte le moral. C’est une sorte de renaissance après la mort. Elle est le symbole des artistes, et sa démence lui permette par exemple de ne pas se voiler ou de ne pas être punie pour avoir insulté des islamistes. Ainsi, à travers ses personnages féminins, Sissako résiste face à l’occupant, il les donne en exemple, et en fait des héroïnes ayant une force mentale et physique admirable.

Enfin, le réalisateur, Abderrahmane Sissako, nous prouve de manière poétique que l’art est sans aucun doute la meilleure manière de lutter face aux répressions et aux violences et ainsi à l’Obscurantisme religieux. Tout d’abord, nous pouvons voir lors de la partie de football, une magnifique scène chargée en symbolique. Le fait que les jeunes joueurs aient l’interdiction de pratiquer ce sport, mais y jouent tout de même, sans ballon, montre l’importance du rêve et de l’imaginaire, en faisant seulement appel à leur créativité. C’est une manière pour eux d’échapper aux répressions. Grâce à la musique qui accompagne le match, les petits tintements de clochette nous permettent d’imaginer les tirs dans le ballon, cela lui donne vie, et apporte ainsi une sorte de lueur d’espoir. La poétique mélodie prend alors toute son importance, elle semble redonner vie à la liberté. De plus, Sissako nous montre d’une autre façon que la musique est une manière de combattre le mal, notamment avec la femme qui chante alors qu’elle est en train de se faire flageller. La musique et le sport ainsi constituent un moyen de lutter face à l’agressivité et la terrible violence des djihadistes. Sissako dénonce également, les offenses faites aux œuvres d’art ancestrales, appartenant à la culture de son pays et à son patrimoine. En effet, au début du film, les statuettes -de femmes- sont détruites par des coups de fusils, tirés par les soldats de Daesh. C’est une sorte de mise en garde. Ils s’attaquent ainsi aux libertés intellectuelles, artistiques et culturelles et -aux femmes par la même occasion-, et c’est ce que le réalisateur dénonce en se faisant le porte-parole de la lutte contre l’Obscurantisme de son pays.

Cependant, malgré les lueurs d’espoir que peut-nous apporter ce film à certains moments, l’inévitable fin est tragique. Le personnage principal, Kidane et sa femme, sont exécutés. Leur fille, Toya, se retrouve alors orpheline, livrée à elle-même, dans un monde cruel, dirigé par des lois atroces, établies par des hommes dépourvus de tous sentiments de pitié ou de compassion. Son destin est alors plus qu’incertain et nous laisse à la fin du film dans une sorte de trouble et d’incertitude. On peut à la fois se sentir rassurés de voir qu’il existe des personnes capables de résister. Et même si c’est une fiction, le scénario est largement inspiré de faits réels, donc le fait que la fin soit très négative, ne peut que nous inquiéter et nous faire réfléchir sur ce sujet sensible qu’est l’Islam Intégriste et ses lois de la Charia.

Ainsi, Sissako nous montre dans son film Timbuktu, différents moyens, plus ou moins efficaces, de faire face à l’Obscurantisme religieux, la répression et l’oppression des populations. Avec, pour illustration, l’art combattant l’horreur, et la force féminine ne s’inclinant pas face à l’envahisseur. Mais malgré tout, nous sommes en droit de nous demander si l’art et la sagesse sont des moyens efficaces et, par-dessus tout, si cela est suffisant pour faire face à l’Obscurantisme, notamment au vue des dernières scènes du film et de la funeste chute de l’histoire.

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