Analyse de situation du portfolio S2
Par Junecooper • 4 Mai 2018 • 2 623 Mots (11 Pages) • 886 Vues
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Pendant ce temps, je m'efforçais au mieux d'éliminer les selles en lui expliquant mes gestes pour la rassurer. Mais Mme F m'enlevait systématiquement la main en me disant qu'elle ne voulait pas et qu'il fallait la laisser tranquille. Je lui répondais que je ne pouvais pas la laisser comme ça. Je ressentais bien son mécontentement, et son refus m'empêchait d'effectuer mon geste correctement. Quand l'élève aide-soignant revint je lui demandai de tenir les mains de Mme F. Elle commença alors à s'agiter et pousser l'élève. L'élève lui demanda de se calmer en lui expliquant ce que l'on faisait et se mit à fredonner le refrain d'une vieille chanson en lui demandant si elle connaissait les paroles. Mme F. répondit oui et se mit à chanter en souriant. Elle connaissait parfaitement les paroles alors que c'est une femme qui est atteinte d'aphasie (trouble du langage) et ne parle la plupart du temps que pour exprimer son refus. Je fus agréablement surprise de sa réaction, Mme F. n'étais plus angoissée et même souriait. Mme F. se sentit rassurée, et moi aussi. Je pouvais à présent bien enlever ses souillures sans qu'elle ne soit dans l'opposition et l'élève aide-soignant et moi avons eu l'impression pendant quelques minutes d'avoir la maîtrise de la situation. Je l'ai ensuite raccompagnée au réfectoire, et installée dans un fauteuil pour qu'elle puisse faire la sieste.
- Analyse de la situation
Dans cette situation mon intention était de répondre aux besoins de Mme F. d'être propre, pour son bien être, même si ce n'était pas sa demande.
La maladie, la perte de ses fonctions cognitives l'empêchent de porter un jugement sur sa situation.
Car la maladie d'Alzheimer est une pathologie dégénérative, d'évolution lente, entraînant des pertes de mémoire auquel se rajoute une altération des fonctions cognitives. Elle se caractérise cliniquement par une démence massive avec des gros troubles de la mémoire, une désorientation temporo-spatiale (altération de la faculté de se repérer dans le temps et dans l'espace), une aphasie (trouble du langage) , une apraxie (difficulté à utiliser des objets, à réaliser une activité motrice ou des séquences gestuelles), une agnosie (incapacité à reconnaître des objets).2
De plus c'était la première fois que je prenais soin de Mme F. et je ne connaissais pas ses réactions.
Ce qui m'a questionnée, c'est qu'au début, avant qu'elle se détente, j'ai eu l'impression de lui imposer le soin. De plus, l’élève aide-soignant a dû lui tenir les mains.
Même si elle avait continué à exprimer son mécontentement, j’aurais terminé mon soin, estimant de pas pouvoir la laisser dans cet état.
Selon le décret en vigueur régissant la profession infirmière n° 2004-802 du 29/07/2004 relevant de son rôle propre, il est précisé à l'article R. 4311-3 « (…) l'infirmier ou l'infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu'il juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R4311-5 et R4311-6. Il identifie les besoins de la personne, (…) met en œuvre les actions appropriées (…). 3 Législation en vigueur régissant la profession infirmière n° 2004-802 du 29/07/2004
En effet, les professionnels de santé ont le devoir d'assurer les soins qu'ils jugent indispensables.
Mais il est aussi du devoir du soignant de les accomplir dans le respect de la personne. Dans le cas de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer il me semble que leur devoir est d'avant tout utiliser les savoir-être et savoir-faire appropriés pour obtenir un consentement dans la confiance même dans les stades très avancés de la maladie.
C'est-à-dire, réussir à faire un soin sans que la personne soit dans le refus, qu'elle ne soit pas envahie par l'angoisse et qu'elle ne se sente pas l'objet de l'autre.
Seulement lorsque l'on est face à un refus, comment réagir ?
Comment continuer à effectuer les gestes que nous jugeons nécessaires au bien être de la personne sans tomber dans une forme de contrainte ?
J'ai décidé d'analyser cette situation car elle reflète bien ce dont j'ai été le plus témoin durant mon stage : le refus de soins.
Les professionnels de santé qui travaillent dans des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes et démentes sont très souvent confrontés à ce problème.
Mes objectifs étaient d’acquérir en regard de ce stage les compétences suivantes :
« la compétence 3 : accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens »
« la compétence 6 : communiquer et conduire une relation dans un contexte de soin »
Mme F. est atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis onze ans, présente dans l’unité dans laquelle je suis en stage depuis un an donc à un stade très avancé de la maladie :
« Déficit cognitif très sévère (stade sévère ou avancé de la maladie d’Alzheimer)
Au cours de la phase terminale de la maladie, la personne n’est plus capable d’interagir avec son entourage, d’avoir une conversation, ni de contrôler ses gestes. Elle peut encore prononcer des mots ou des phrases. À ce stade, la personne requiert une aide importante pour les activités quotidiennes telles que manger ou aller aux toilettes. »4
D’après le cours de Mme Bouyer, les comportements d'agitation pathologique se manifestent surtout pendant les actes de soins par une agitation verbale et physique.
Un syndrome démentiel de type Alzheimer engendre une altération des facultés cognitives, une non compréhension du soin, une non reconnaissance du soignant. Ceci combiné à un élément déclencheur peut créer une très forte angoisse ainsi qu'un sentiment d'agression. Il est normal que la personne ressente le besoin de se défendre et de s’affirmer.5
La charte des patients atteints de la maladie d'Alzheimer et troubles apparentés stipule que : « (...) Toute personne atteinte d’une maladie d’Alzheimer ou d’une
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