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Thucydide, la guerre du Péloponnèse, oraison funèbre de Périclès

Par   •  29 Octobre 2018  •  3 969 Mots (16 Pages)  •  502 Vues

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(l.1). Les funérailles étant avec le culte des dieux lui-même un des éléments les plus cruciaux de la vie religieuse athénienne, et grecque en générale, il va de soi que le contexte en est immédiatement rendu particulièrement important, avec une proximité du divin qui semble exclure tout parole inconsidérée. L’orateur choisi doit d’ailleurs « n’être pas sans distinction intellectuelle » (l.11). Il est de plus sous-entendu, et cela semble logique, que la cité se trouve rassemblée au complet, puisqu’il est question « des Athéniens » (l.1) sans plus de distinction, d’« un char par tribu » (l.4-5), ce qui sous-entend que chacune des dix tribus est présente, soit l’ensemble du corps civique. De même l’orateur est choisi par « la cité » (l.11) sans plus de précision. Il s’agit donc d’un moment idéal pour Périclès, à la fois solennel et communautaire.

2) L’honneur des héros.

D’autre part il est abondamment souligné que les héros de la guerre sont honorés comme il se doit par la cité. Outre la précision que la cérémonie est traditionnelle (l.1), ce qui y apporte un crédit supplémentaire, l’appartenance de chaque défunt à son groupe civique est soulignée : « chaque apporte des offrandes à qui le concerne » (l.3-4), les ossements sont transportés « chaque tribu à part » (l.5), tandis que le « lit vide » (l.5) des disparus renvoie à un honneur rendu par toute la cité, de même que chacun, « citoyens, étrangers et femmes » (l.6-7) peut y participer. Le choix d’un homme « jouit d’une estime éminente » (l.11) comme orateur est également une preuve de ce respect, et il est même précisé que la seule dérogation à cet « usage » (l.13) concerne les combattants de Marathon, mais à cause « de leur mérite exceptionnel » (l.9) qui les place encore au-dessus. Ainsi, l’auteur insiste particulièrement sur le caractère vertueux et la rigueur morale de la cité, et sous-entendu sur l’importance du combat des disparus pour mériter un tel honneur, ce qui prépare la harangue de Périclès.

3) La place dans le récit.

Nous pouvons remarquer que Thucydide insiste d’ailleurs beaucoup sur la cérémonie ellemême,

comme il le dit lui-même ligne 2 : « Voici comment ils procédèrent ». En effet, il s’est

attaché depuis le début du chapitre à décrire et analyser des opérations militaires, le discours

de Périclès durera jusqu’à la fin du chapitre, même s’il est ici tronqué, et le chapitre suivant

repartira immédiatement sur des considérations historiques. Il paraît donc très curieux que

l’auteur attache tout un paragraphe à la description d’une cérémonie funéraire qui ne sert pas à

grand chose dans sa recherche des causalités et qui surtout devait être parfaitement connue

des grecs de l’époque. Ainsi, cette longue introduction semble bien destinée à ancrer le

discours qui va suivre dans un contexte particulièrement sérieux de part son aspect religieux,

et ainsi à donner plus de force aux paroles de Périclès. Cela donne également un exemple

concret de la grandeur morale de la cité qu’il va évoquer.

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B) Un régime politique juste.

1) L’isonomia.

Le discours de Périclès, en tout cas tel qu’il est présenté par Thucydide, s’ouvre en fait sur

deux longs paragraphes où il se défend de toute exagération, puis où il fait l’éloge des

ancêtres plus ou moins lointains pour en arriver au régime politique qu’ils ont défendu et qu’il

compte présenter avant l’éloge proprement dite qui commence après l’extrait présenté. Malgré

des écarts de traduction très importants selon les versions, modifiant parfois les sous-entendus

des propos, ont peut remarquer que la « démocratie » (l.19) en tant que régime « de la

majorité » (l.18-19) occupe une place centrale, ce dès le début de l’extrait du discours. Les

deux premières lignes placent d’ailleurs les Athéniens presque en créateurs de ce système, ou

en tout cas pas en situation d’« imitateurs » (l.18). Il n’est cependant jamais question de la

manière dont son votées les lois, peut-être un reflet de la situation politique du moment, et

Périclès semble plus parler de l’isonomia puisqu’il traite de « loi faisant la part égale à tous »

(l.19-20). Il précise d’ailleurs symétriquement que tous « prêtent attention aux magistrats et

aux lois » (l.27-28). Ceci montre que, si l’aspect de décision en commun des lois ne semble

pas trop le préoccuper, leur égalité pour tous reste une règle capitale pour la cité d’Athènes.

2) L’action commune.

Toutefois, si l’orateur ne s’intéresse guère au vote des lois par l’Assemblée, il traite tout de

même de l’action en commun, par exemple en disant clairement « tous ensemble » (l.60),

encore qu’on ne sache pas trop s’il parle de politique en « calculant l’entreprise à venir »

(l.61) ou de guerre avec « l’audace la plus grande » (l.61). C’est également ce qui est sousentendu

par le pluriel de « nous jugeons ou raisonnons » (l.58), et par le fait que le citoyen

dépolitisé passe pour « inutile » (l.58). Ainsi, la communauté de la cité dans sa forme active,

et non plus passive avec la simple égalité des lois, est également soulignée, même si Périclès

prend soin de l’éloigner dans son discours de la partie sur la politique, et qu’il laisse, sans

doute

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