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Professionnalisation de la politique : à quoi servent les partis politiques ?

Par   •  21 Août 2018  •  3 031 Mots (13 Pages)  •  753 Vues

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(Joseph La Palombara et Myron Weiner) ont élaboré quatre critères dans le but d’identifier les partis politiques et de les distinguer d’autres types d’organisations intervenant dans le champ politique. Ces quatre critères sont les suivants : 

Les partis politiques sont dotés d’une organisation durable c’est-à-dire à une organisation qui vocation à survivre à ses dirigeants. On peut prendre l’exemple du parti dit « gaulliste » en France, qui sous diverses étiquettes (UNR, UDR, RPR, UMP) a survécu à son chef charismatique.  

La seconde caractéristique est de reposer sur une organisation dont les échelons locaux sont en relations étroites avec le centre national. Les partis politiques ne doivent pas être confondus avec les groupes parlementaires dont ils sont, pour certains, historiquement issus, pas plus qu’avec des groupements n’existant qu’à l’échelle locale ou régionale.

La troisième grande caractéristique est la volonté explicite d’accéder au pouvoir politique, ce qui se traduit par le fait de se présenter aux élections. Ce critère permet de différencier partis et groupes d’intérêt comme les syndicats et les lobbies. Si ces derniers interviennent dans le champ politique, leur but n’est en effet pas la prise de pouvoir, mais l’influence sur les dirigeants, au profit des groupes et des intérêts spécifiques qu’ils représentent.  

Enfin, le quatrième et dernier critère réside dans la volonté délibérée de trouver un soutien populaire (celui des sympathisants, des militants ou des électeurs), ce qui les distingue notamment des « clubs de pensée », tels que la Fondation Jean Jaurès (liée au PS) ou la Fondation pour l’innovation politique (liée à l’UMP), dont la vocation est de fournir des idées et des propositions aux organisations politiques, non de se lancer dans la compétition électorale. 

Pour résumer, on reconnait donc un parti politique au fait que c’est une organisation durable, implantée sur l’ensemble du territoire, dont le but est d’accéder au pouvoir grâce à un soutien populaire. Cette définition permet ensuite de souligner les différentes fonctions des partis politiques. Si, comme on l’a dit leur finalité, la plus directe est de participer à la fonction politique pour conquérir le pouvoir, de cette réalité découle un ensemble de fonctions plus ou moins explicites. 

B) Les fonctions des partis politiques

En suivant la distinction de R. Berton, on peut en effet différencier les fonctions manifestes et les fonctions latentes que les partis politiques exercent au sein du système politique démocratique : 

les fonctions manifestes sont « explicites » et revendiquées comme telles par l’organisation. En ce qui concerne les partis politiques, on peut distinguer : une fonction programmatique (les partis, en présentant des programmes concurrents et une offre idéologique, structurent le débat politique et permettent aux électeurs de se repérer dans l’espace politique) ; une fonction de sélection (les partis maitrisent le recrutement des professionnels de la politique par la désignation des candidats aux élections) ; une fonction d’encadrement (les partis encadrent l’action des élus auxquels ils ont accordé leur investiture, spécifiquement à travers les groupes parlementaires). 

les fonctions latentes sont « implicites » ; elles ne sont pas revendiquées comme telles par les organisations, et leurs membres n’en sont pas nécessairement conscients. Ainsi, certains partis peuvent exercer une fonction d’intégration sociale des individus en leur offrant un milieu de sociabilité, des valeurs partagées, des « services », mais aussi des opportunités d’ascension sociale. D’autres partis comme les partis communistes exercent une fonction que Georges Lavau a qualifiée de fonction « tribunitienne ». Le terme renvoie aux tribuns de la plèbe qui, à l’époque de l’Antiquité romaine, avaient pour fonction de porter la parole et les mécontentements du peuple : il s’agit essentiellement pour les partis qui exercent ce type de fonction, « d’organiser et de défendre des organisations plébéiennes (c’est-à-dire exclues ou sentant exclues des processus de participation au système politique, comme d’ailleurs du bénéfice du système économique et du système culturel), et de leur donner un sentiment de force et de confiance ». Plus généralement, selon Theodor Lowi, l’ensemble des partis politiques exercent une fonction latente de légitimation et de stabilisation du système politique : en acceptant d’évoluer au sein d’un régime politique donné, et en acceptant ses règles, ils contribuent à le légitimer. En ce sens, on peut considérer que les fonctions latentes ont donc des effets indirects sur le système politique, qui se révèlent tout à fait essentiels. 

Ces différentes fonctions caractérisent le rôle central des partis politiques dans le jeu politique démocratique. Toutefois, il faut souligner qu’un certain nombre d’entre elles sont en déclin, que ce soit la fonction programmatique (avec le rapprochement tendanciel des grands partis « de gouvernement »), la fonction de sélection, d’autres filières de recrutement du personnel politique dirigeant se sont développées ; ou au niveau des fonctions latentes, la fonction d’intégration sociale (avec le déclin des grands partis de masse). Néanmoins, les partis conservent un rôle clé au sein du système démocratique, notamment par le maintien de leur contrôle sur les investitures, donc sur les institutions où siègent les élus, et par leur encadrement de la vie politique, via les groupes parlementaires. 

Des contestations réelles mais non insurmontables

A) La remise en cause des partis politiques

1. Récurrences et nouveautés

L’une des critiques traditionnelles est celle de la gauche : les partis politiques visent « la conquête des électeurs et la lutte parlementaire » avant l’amélioration du statut des individus et de la société. On retrouve cette idée de compétition avec Schumpeter : il établit une forte analogie entre les motivations des dirigeants et militants politiques et celles des acteurs économiques : « Un grand magasin ne peut être défini par ses marques et un parti politique ne peut pas davantage être défini par ses principes. Un parti est un groupe dont les membres se proposent d’agir de concert dans la lutte concurrentielle pour le pouvoir politique »

Ainsi les différents partis entrent en compétition et cela prime sur les engagements politiques.

L’une

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