Marsa Maroc, l'état a-t-il perdu 2 milliards de dirhams dans l'IPO?
Par Ninoka • 6 Juillet 2018 • 2 786 Mots (12 Pages) • 615 Vues
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La CIMR pas convaincue
Si ces trois institutionnels ont été convaincu, le département de Boussaid n’a pas réussi à séduire d’autres. C’est le cas de la Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraite (CIMR). « Nous avons trouvé que la valeur Marsa Maroc était légèrement surévaluée, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas adhéré au projet », rembobine Khalid Cheddadi, président directeur général de la CIMR.
Cela dit, notre interlocuteur précise qu’après avoir étudié le dossier Marsa Maroc les équipes de la CIMR en sont sortis avec un avis favorable. « Nous avons trouvé que c’est une société très solide et bien géré. Sauf que dans l’évaluation nous avons estimé que la prise en compte des risques et des opportunités étaient un peu déséquilibrée. Autrement dit, nous avons relevé qu’ils étaient un peu optimiste sur les opportunités mais en face ils n’avaient pas tenu suffisamment compte des risques », argumente Khalid Cheddadi, sachant que le prix qui lui a été proposé est de 71,5 dirhams.
Autrement dit, la CIMR a estimé que Marsa Maroc n’a pas assez pris en compte la possibilité qu’un concurrent puisse lui poser problème et la gêner dans son développement commercial. « Ceci étant, nous étions intéressé pour entrer dans le noyau dur, sauf que les conditions étaient un peu sévères à notre sens », explique le PDG de la CIMR.
Le séjour en bourse
Après cette étape, Marsa Maroc a entamé son aventure sur le marché casablancais le 19 juillet dernier. « L'IPO de Marsa Maroc a été souscrite 6,3 fois et nous avons remarqué un fort engouement dès les premiers jours. La demande était bien plus importante que ce que nous avions vu pour les introductions précédentes comme Taqa », rembobine notre analyste. Si l’état a mis sur le marché l’équivalent de 1,9 milliard de dirhams en actions, la demande a dépassé les 12 milliards avant l’introduction. « C’est la raison pour laquelle durant les trois premiers jours la valeur a pris 20%. Il y avait de la demande », argumente notre analyste.
L’arrivée de Marsa Maroc à la Bourse de Casablanca était applaudie par tout le monde. Le marché était depuis des années dans une situation de morosité et en attente de papier frais. « L’entreprise publique proposait des agrégats financiers très solides et affichaient une gestion exemplaire. Elle était une belle opportunité pour nous », nous explique un petit porteur.
Du coté des analystes, on nous explique que l'essor d’un titre peut être expliqué par plusieurs éléments, et la sous-évaluation initiale en fait partie en effet. Dans le cas de Marsa Maroc, il y a eu une première communication financière assez encourageante et très attrayante.
Durant la première partie de l’année, le trafic des conteneurs traités par Marsa Maroc a progressé de 20 % et il y a eu aussi une forte progression de l’importation des céréales avec la sècheresse que le Maroc a connue malheureusement. « Ces deux éléments ont donné lieu à des résultats qui dépassaient les prévisions et qu’on ne pouvait pas prévoir le jour de l’élaboration du business plan », décortique notre source chez Marsa Maroc.
En tout cas, les investisseurs ont très bien accueilli les résultats de l’entreprise pour qu’une tendance à la hausse à la bourse se déclenche. « la valeur a connu une période très calme ou son cours a stagné, avec les résultats il y a eu la reprise du cours », se rappelle un analyste.
Une flambée globale
D’un autre côté, Il y a aussi le dividende attrayant que propose l’entreprise publique. « Nous avions annoncé 3,5 dirhams sur la note d’information et le PLF 2017 a revu à la hausse ce montant pour qu’il atteigne environ 7 dirhams », rappelle notre source chez Marsa Maroc. Sachant que les investisseurs cherche une rentabilité et sont friands des valeurs rémunératrices, le cours en bourse a repris sa hausse en novembre.
Mais le titre Marsa Maroc n’était pas le seul qui a flambé en fin d’année dernière, mais c’est le marché dans sa globalité qui a connu un regain de confiance qui s’est soldé par une performance exceptionnelle du MASI qui a dépassé 30%. « Quand nous faisons une lecture des fondamentaux nous n’arrivons pas à très bien comprendre ce qui motive ces augmentations, mais les investisseurs en profitent», avoue notre analyste.
La fin d’année a aussi été synonyme d’arrivée massive de liquidités sur le marché actions, car les taux obligataires avaient baissé et le marché obligataire est devenu moins rémunérateur.
Pour Omar Balafrej, les hausses spectaculaires que nous avons pu observer ses derniers temps à la bourse de Casablanca sont à nuancer. « Généralement, c’est des entreprises qui étaient en difficultés et qu’elles ont réussi à s’en sortir et qui présente de belles perspectives », nous explique-t-il.
Avant de conclure, le député rappelle que « Le ministre est obligé de me répondre, par écrit avec un délai légal de 20 jours à partir du moment où le président du parlement lui transfère la question. Je vais relancer si jamais je vois que qu’il n’y a pas de réponse ».
Attijari Fiance Corp : « l’activité de Marsa Maroc réagit à de nombreux paramètres souvent compliqués à prévoir avec exactitude »
Pour traiter le sujet autour de la polémique Marsa Maroc, nous avons essayé de faire le tour d’horizon des différents acteurs du dossier relatif à l’introduction en bourse de cette entreprise publique. La valorisation initiale réalisée par Attijari Finance Corp a été pointée du doigt et jugé à un niveau assez bas par rapport à la valeur actuelle de l’entreprise. Le directeur général de la banque d’affaires, Driss Berrada, a accepté de répondre à nos questions à propos de ce sujet.
Médias24 : Que pouvez-vous nous dire par rapport à la valorisation de l’entreprise Marsa Maroc faite par AFC ?
Idriss Berrada : La valorisation a été réalisée selon des méthodes classiques et reconnues s'appuyant essentiellement sur un Business Plan. Celui-ci a été réalisé conjointement par un cabinet de stratégie mondialement reconnu, une banque d'affaires leader au Maroc et le management de la société de concert avec le Ministère de l'Economie et des Finances (Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation).
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