Les GAFA
Par Orhan • 15 Novembre 2018 • 1 552 Mots (7 Pages) • 408 Vues
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d’Etat-nation, qui correspond à un Etat qui coïncide avec une nation établie sur un territoire délimité et définie en fonction d’une identité commune de la population qui lui confère sa légitimité. La libre-circulation des biens, services, capitaux mais également des idées et des personnes ont participé à l’érosion de l’Etat-nation. D’une part, l’appartenance à une communauté nationale n’apparait plus comme une évidence aux yeux des citoyens car dans un même Etat ressort une pluralité des origines, des religions, des langues…. Ainsi on a une tendance au repli identitaire face à une perte d’identité nationale. D’autre part, la mondialisation a pour conséquence un processus cosmopolitisation, selon l’expression d’Ulrich Beck, caractérisé par la prise de conscience d’une réelle interdépendance planétaires : dangers écologiques, dangers nucléaires, terrorisme éveillent l’opinion publique mondiale qui prend conscience de la nécessité de dépasser une vision nationale face à des risques qui nous concernent tous. Ainsi, pour Mark Zuckerberg il faut dépasser les nations pour construire une communauté mondiale dont Facebook doit être « l’infrastructure sociale ». Les GAFA, avec l’effacement de l’Etat-nation, sont plus à même d’imposer leurs propres valeurs et vision du monde.
Si les GAFA ont une grande influence politique aujourd’hui, cela n’en fait pas encore des futurs Etats.
II. …. qui n’en font pas pas pour autant des futurs Etats mais des puissances influentes que les Etats doivent prendre en compte
Si les GAFA ne correspondent pas aux critère de la définition de l’Etat (A), leur influence politique grandissante doit être pris en compte par les Etats pour conserver leur légitimité (B).
Une définition de l’Etat qui ne correspond pas aux GAFA
Les GAFA, malgré leur grande influence politique actuelle ne correspondent pas encore à la définition de l’Etat au sens de Weber, c’est-à-dire, une entreprise politique à caractère institutionnel qui revendique avec succès le monopole de la contrainte physique légitime sur un territoire donné. Aujourd’hui seuls, les Etats ont le monopole de la contrainte légitime, le pouvoir de contrainte des GAFA se restreint à leurs utilisateurs et se traduit par des peines faibles (exemple : sue Facebook on encours une suspension de notre compte si on tient des propos inappropriés). Ainsi, les GAFA ne possèdent aucuns pouvoirs régaliens (armée, police, justice) or ceux-ci sont au fondement de l’Etat.
Par ailleurs, l’Etat doit exercer sa souveraineté sur une population, celui des GAFA se restreint à leurs seuls utilisateurs et excluent donc une partie du monde : certains pays d’Afrique qui n’ont pas accès à internet, ou la Chine, la Corée du nord qui ont fermé leurs portes aux GAFA.
D’autant plus que cette population doit s’établir sur un territoire délimité par des frontières, auquel cas le pouvoir de l’Etat ne peut s’exercer, or pour les GAFA ce territoire serait le « cyberespace », un espace par définition sans frontières.
Enfin, cet Etat doit être marqué par la présence d’institutions qui forment une organisation. Or peut-on considérer les GAFA comme une véritable organisation ? Finalement ce n’est rien de plus que le groupement des plus grosses entreprises du monde numérique. De plus, ces dernières sont en concurrence sur le plan économique, il semble donc impossible qu’elles arrivent à être en harmonie sur le plan politique et qu’elles s’organisent en tant qu’institution politique unie.
Par conséquent, l’Etat traditionnel reste la seule force politique légitime pour gouverner les citoyens sur un territoire donné.
B. La prise en compte de l’influence politique des GAFA par les Etats
Si l’Etat reste le modèle prédominant aujourd’hui, il doit tout de même prendre en compte l’influence de ses concurrents (les GAFA) pour subsister, et repenser son modèle en prenant en compte l’évolution de nos sociétés dans le cadre de la mondialisation. Ainsi, il serait bénéfique pour la société que GAFA et Etats coopèrent en rassemblant leurs compétences respectives, ainsi, on pourrait utiliser les innovations des GAFA au service de la société, dans les domaines de la santé ou de la sécurité notamment. Cependant il est important que l’Etat impose sa souveraineté sur les GAFA pour ne pas perdre sa crédibilité, c’est ce qu’Emmanuelle Macron essaye de faire en proposant l’harmonisation de la taxation des géants du numérique en Europe. Enfin, l’Etat doit s’inspirer des méthodes des GAFA pour laisser plus de place aux citoyens dans les décisions qu’ils prennent. Ainsi la concurrence entre les GAFA et les Etats est finalement bénéfique aux citoyens du monde car il permet d’améliorer la qualité des services fournis par leurs représentants.
On peut donc affirmer que si les GAFA ne seront pas les Etats de demain, ils ont une influence politique grandissante sur la gouvernance des Etats. Dès lors, se pose la question des limites qui doivent être imposées à cette influence pour pas qu’elle empiète sur la souveraineté fragilisée
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