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Etude de cas: Shine

Par   •  4 Décembre 2017  •  3 610 Mots (15 Pages)  •  929 Vues

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Apport théorique psychanalytique

Jusqu’ici, nous nous sommes intéressés à une approche psychiatrique du cas de David Helfgott afin de pouvoir poser un diagnostic. Cependant, compléter l’analyse du cas par une approche psychanalytique serait judicieux pour mieux le comprendre en éclairant les symptômes sous un autre angle de vue. La psychiatrie observe les symptômes, la psychanalyse les explique. C’est en partant de ce postulat que nous nous sommes intéressés aux théories d’un célèbre psychanalyste : Freud. N’ayant pas pu trouver d’ouvrages traitant directement de troubles schizoaffectifs, nous nous sommes directement intéressés aux symptômes de la maladie et aux antécédents de la vie de David permettant de les expliquer le plus objectivement possible. La maladie de David étant une psychose, d’un point de vue Freudien, cela signifie que son complexe d’Œdipe ne s’est pas fait correctement. Pour Freud, il s’agit d’un point de bascule important aux alentours de trois, quatre ans durant lesquels soit l’enfant réalise son Œdipe sans problème et devient névrosé, soit son Œdipe ne se fait pas et il devient psychotique. Durant le complexe d’Œdipe, l'enfant va chercher à combler sexuellement le parent de sexe opposé et écarter le parent de même sexe qui représente un obstacle dans ses désirs, complexe qui se produit durant la phase phallique. Cette période est marquée notamment par l’imagination de la création des bébés, par l’enfant, bien qu’aucune de ces théories infantiles ne soient sexuelles. L’enfant est convaincu que le pénis est la norme et lorsqu’il se rend compte qu’il n’y a rien à cet emplacement chez la fille, il va penser que le pénis n’est pas encore développé. C’est ce qui va développer l’angoisse de castration. Lorsque le garçon apprend que les filles n'ont pas de pénis, il va avoir peur de perdre le sien, d'où l'angoisse de castration et le désir de combler la mère avec ce qu'il a mais qui manque à sa mère. Cette angoisse se passe différemment chez les filles mais nous ne jugeons pas pertinent de l’expliquer ici, David étant un garçon. A partir de 1924, Freud parle de déni de la réalité résultant du refus de l’absence de pénis chez la femme. Ce déni originel serait le prototype des dénis de la psychose. Une partie de David perçoit la réalité et l’autre la dénie. L’autorité paternelle excessive du père de David est sans doute à l’origine du fait que le complexe d’Œdipe de David se soit mal passé. L’autorité excessive a dû empêcher David de vouloir écarter son père pour avoir sa mère. Nous voyons d’ailleurs que dans son enfance, le sujet n’exprime pas son avis, ne prend aucune décision que son père n’a pas ordonné. Seule la rupture du père et du fils a permis à Davis d’avoir un semblant d’épanouissement avant sa décompensation. Le père de David, Peter, s’est vu interdire la pratique de la musique état enfant, le récit de son propre père ayant brisé son violon est particulièrement récurrent. Il le répète à David en lui demandant ensuite de répéter des phrases stéréotypées : « j’ai de la chance de t’avoir comme père », « le fort survit, le faible est écrasé » ou encore « il faut gagner ». Ce conditionnement incessant a privé David de son enfance, on en retrouve d’ailleurs des traces jusque dans sa vie adulte où après avoir joué du piano, David répète « il faut gagner, gagner à tous prix » comme une sorte de crédo continuant à le stigmatiser à la place de son père, comme s’il estimait ne jamais faire assez bien, même lorsqu’il n’y a aucune compétition et donc rien à gagner. Cette stigmatisation stressante durant l’enfance conduit d’ailleurs à de l’énurésie et à de l’encoprésie. David ne pouvant pas se réfugier auprès d’une mère effacée par le père, il trouve un substitut auprès de Mme Pritchard. A sa mort, il se retrouve livré à lui-même, se réfugie dans le piano et finit par décompenser à cause du stress intense auquel il se soumet lui-même pour atteindre la perfection et « gagner » selon son obsession délirante. Freud, en 1917, dans deuil et mélancolie (1917), considère que les phases dépressives, qu’il appelle alors phases mélancoliques sont dues à la perte d’un objet aimé, entrainant une perte concernant son MOI. Pour David, l’objet perdu est son père, on note en effet que les phases dépressives n’apparaissent qu’en relation avec Peter, souvent après confrontation, progressivement la volonté de David de rendre son père fier de lui s’amenuise jusqu’à disparaitre et mener à la confrontation qui équivaudra à la perte définitive du père. En prenant tout cela en compte, il n’est pas étonnant que David ne ressente rien à la mort de son père s’il en a fait le deuil lorsque son père vivait encore. En phase dépressive, le MOI du sujet va alors s’auto déprécier, se rabaisser, comme nous le voyons parfois lors des dires de David en phase dépressive. La libido investie dans l’objet aimé va progressivement regagner le MOI. Ceci explique pourquoi nous remarquons une perte soudaine d’intérêt de la part du sujet. Dans la mélancolie, Freud distingue trois phases à savoir perte de l’objet, ambivalence puis rapatriement de la libido dans le MOI. En ce qui concerne les phases maniaques, grande part de la pathologie de David Helfgott, Freud considère que « les deux affections luttent contre le même « complexe » auquel il est vraisemblable que le moi a succombé dans la mélancolie alors que dans la manie il l’a maîtrisé ou écarté[2] ». Freud pense donc qu’autant la phase dépressive que maniaque sont des tentatives de guérison de psychisme où le MOI aurait été vaincu par une entité inconnue dans la phase dépressive, forçant le MOI à se rabaisser mais où le MOI aurait vaincu dans la phase maniaque la même entité, laissant en quelque sorte éclater sa joie. Cette entité ne disparait cependant pas et fait retour, permettant l’alternance entre les deux phases comme observé chez David. Cette entité ne serait rien d’autre que la perte d’un objet aimé que le MOI a du mal à accepter. Dans la phase dépressive, le MOI est terrassé alors que dans la manie, le MOI du sujet arrive à surmonter cette perte et cherche à investir de nouveaux objets, sans nul doute que cela se manifeste chez David avec une sociabilité remarquable et étrange avec de parfaits inconnus comme dans la scène du café. La phase dépressive servirait donc à délier la libido investie dans l’objet perdu, permettant ainsi la survenue de la manie où le MOI laisse éclater sa joie en cherchant d’autres objets à investir de cette libido nouvellement disponible. Comme nous venons de le

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