Synthèse: l'Ingénu - Voltaire
Par Andrea • 11 Juin 2018 • 1 839 Mots (8 Pages) • 490 Vues
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b) la critique de la religion
Voltaire est déiste : il croit en Dieu, en l’existence d’un être suprême, créateur et conservateur de l’ordre du monde. Il définit le déisme ainsi dans Le Traité sur la tolérance « Dieu de tous les êtres, de tous les mondes, et de tous les temps ». Il ne croit en aucune des religions révélées : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Il estime que les Église, les dogmes et les rites (cérémonies par exemple) sont inutiles, voire dangereux car c’est souvent en raison de cela que les hommes s’entretuent. Pour lui la seule religion possible est une religion naturelle où l’on adore un Dieu juste qui ne se mêle pas des affaires humaines. C’est pourquoi Voltaire condamne le providentialisme qui consiste à croire que le destin des individus relève de la volonté divine( chapitres II et X)
• La critique du jansénisme : dans L’Ingénu, c’est une critique qui n’est pas très virulente puisqu’elle est présentée sous les traits de Gordon, homme de cœur. Pourtant, au fil de ces discussions avec l’Ingénu, Gordon doute de plus en plus de la vérité des dogmes du jansénisme et abandonne cette croyance « il oublia pour jamais la grâce efficace et le concours concomitant » (chapitre XX)
• La critique des jésuites : L’Ingénu est un véritable pamphlet contre les jésuites, notamment par le personnage du père Tout-à-tous, dont le nom est déjà tout un programme (le jésuite s’occupe de tout et de tous), qui trouve les raisonnements les plus spécieux pour pousser Melle de Saint-Yves à transiger avec sa conscience. Le père de la Chaise (qui a réellement existé) est lui aussi fortement condamné : confesseur et conseiller spirituel du roi, il le manipule et influence son intolérance religieuse. Les jésuites sont critiqués par Voltaire car ils manquent à leur mission spirituelle et préfèrent le pouvoir temporel en asseyant leur autorité et leur influence sur les plus puissants ; de plus, ils sont les agents de l’intolérance et agissent contre la plus élémentaire morale.
• La critique du catholicisme et de ses dogmes : elle se fait d’abord sur le mode de l’humour. Les épisodes de la lecture de la Bible, du baptême et de la confession soulignent le ridicule des interprétations catholiques de la Bible. (« Je m’aperçois tous les jours qu’on fait ici une infinité de choses qui ne sont point dans votre livre, et qu’on n’y fait rien de tout ce qu’il dit » chapitre V) La critique se fait plus acerbe quand il s’agit de la Révocation de l’Édit de Nantes (chapitre VIII).
• La critique du clergé : comme dans la plupart des écrits de Voltaire, elle est omniprésente. Ainsi le portrait de l’abbé de Kerkabon (chapitre I) prête à rire ; l’abbé de Kerkabon et le prieur de NotreDame partagnet le même manque d’intelligence : ils ne savent répondre aux questions de l’ingénu ; le prieur fait acte d’arbitraire en enfermant sa nièce au couvent ; les grands de l’Église ont des mœurs corrompues (chapitre XIII)
c) la critique de la société
• La petite société provinciale : elle est caractérisée par son étroitesse d’esprit. Ainsi l’abbé de Saint-Yves « supposait qu’un homme qui n’était pas né en France n’avait pas de sens commun » (chapitre II ; Melle de Kerkabon pensa que le français est « la plus belle de toutes les langues après le bas-breton » ; le fils du bailli est « un garnd nigaud » ; quant au bailli lui même, il n’est caractérisé que par sa fonction « l’interrogant bailli » qui n’hésite pas à faire usage de sa fonction pour enfermer un innocent afin de favoriser son ambition de marier son fils « le fils ridicule d’un homme ridicule et méchant » (chapitre 15).
• La corruption des mœurs : elle est omniprésente : les geôliers « fondant leurs revenus sur leurs victimes, et vivant du malheur d’autrui, se faisaient en secret une joie affreuse des larmes des infortunés » (chapitre XVIII) ; l’amie de Versailles ne s’offusque pas du cadeau que Saint-Pouange a offert à Melle de Saint-Yves pour qu’elle lui cède ; Saint Pouange utilise son pouvoir à des fins immorales…
• La méconnaissance des talents : les charges se vendent et ne s’acquièrent pas par le mérite (exemple : la charge de prieur) ; les officiers ou les gouverneurs des provinces ne tiennent leurs fonctions que par relations (chapitre XVII) ; les mérites de l’ingénu ne sont pas reconnus…
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