Le roman ludique: le roman minimaliste
Par Matt • 25 Octobre 2018 • 4 402 Mots (18 Pages) • 518 Vues
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état d’esprit. Les auteurs se moquent de la banalité de nos vies à travers ce manque d’atonie.
De plus, la lecture permet de libérer le lecteur de ses problèmes journaliers. En lisant des fictions, des romances, des thrillers et bien d’autres genres de romans, il en oublie qu’il ne s’agit pas de la réalité. Il est donc normal de lire des histoires contenant du suspens, des rebondissements, ou encore l’amour parfait. Cependant, par leurs œuvres, Chevillard et Oster nous rappellent que la vie n’est pas une fiction mais bien une réalité dont on ne fixe pas d’objectifs finaux et dont on ne peut ni voir ni connaître la fin. C’est pour cette raison que les œuvres de Christian Oster se terminent par une action qui laisse supposer que ce n’est pas fini « Et je m’élançai », « On peut y aller, maintenant ».
2. Un monde qui ne convient pas
Les héros semblent démotivés. Olivier Bessard-Banquy qualifie l’écriture chevillardienne comme se basant sur « l’insatisfaction, la négation ». Dans Au plafond, Eric Chevillard procède à une description silencieuse de la « dictature du conformisme ». Effectivement, le personnage explique qu’il cohabite avec la solitude depuis son plus jeune âge, qu’il craint le regard du monde qui l’entoure. Cette crainte du jugement des autres se retrouve aussi dans les œuvres d’Oster. En effet, dans Loin d’Odile, le protagoniste ne souhaite pas parler de la mouche qui habite avec lui à ses proches parce qu’il pense qu’ils le prendraient pour un fou. D’une manière différente, Gavarine dans Mon grand appartement désire que les passants remarquent sa serviette. Il se vexe lorsque celle-ci passe inaperçu. Nous pouvons donc comprendre que la critique, le jugement d’autrui est important pour les personnages. Là encore, il est possible de comprendre la volonté des auteurs de démontrer qu’il en est de même dans la réalité. Nous sommes nombreux à nous concentrer sur le regard des personnes qui nous entourent, parfois cela nous empêche de nous comporter comme nous l’entendons. Les auteurs utilisent donc des procédés pouvant capter l’attention du lecteur sur le ridicule de ce phénomène (par exemple, s’inquiéter de ce que pensent les gens d’une serviette ou d’une mouche nous semble enfantin).
Les auteurs se moquent de l’importance que l’on porte au jugement d’autrui mais ils nous font également comprendre que cela peut isoler une personne, voire détruire une vie. C’est exactement ce que nous explique implicitement Eric Chevillard dans son œuvre. Si l’on se contente de la lire sans en discerner le sens réel nous pouvons penser que l’histoire est absurde. Pourtant, cette œuvre est pleine de métaphores qu’il est nécessaire de repérer. Pour en revenir au jugement et à la souffrance qui en né, le protagoniste d’Au plafond, comme dit précédemment, est seul et cela est dû à son isolement de la société. Il se sent différent d’elle. Cette solitude le mène à des pensées négatives, il rêve même de la mort. Ce désir n’est pas formulé clairement. L’auteur utilise le burlesque afin de faire passer ce message. Le fait que le personnage vive au plafond et se sent désormais libre peut nous mener à deux hypothèses : soit qu’il a perdu la vie et qu’il est, par conséquent, débarrassé de tous ces problèmes, soit qu’il a repris sa vie en main et le fait qu’il ne veuille plus descendre du plafond signifierait qu’il ne veut plus de son ancienne vie.
Dans les œuvres de Christian Oster tout comme dans celle d’Éric Chevillard, les héros songent parfois à mettre fin à leurs jours à cause des problèmes de la vie (rupture, licenciement…). Ces deux auteurs nous montrent les différents cas de désespoir que l’on peut éprouver dans la réalité, en évoquant une douleur permanente et des difficultés passagères qui nous poussent à ces pensées obscures.
Les auteurs usent de multiples métaphores qui faut déceler pour comprendre ce que leurs œuvres symbolisent. Ils critiquent les comportements de la société.
B. Une métaphore aux problèmes du quotidien
Les métaphores que l’on peut retrouver au sein de ces œuvres concernent l’attachement pour des choses sans intérêt et les difficultés que l’on peut éprouver au cours de notre vie, les problèmes en général.
1. Une affection pour des futilités
Éric Chevillard et Christian Oster tournent en moquerie le fait que la société s’attache à des banalités telles que des objets sans valeur particulière. En effet, certaines personnes sont parfois ridicules car leur engouement pour telle ou telle chose peut être exagéré. C’est sur cela qu’ironisent les auteurs à travers une serviette et une mouche pour Oster, et une chaise pour Chevillard, « Je n’avais pas d’amour pour elles (les clés) […]. En revanche, oui, j’aimais bien ma serviette » 4.
L’intérêt qu’ils portent à ces divers éléments semble saugrenu pour le lecteur qui ne comprend pas le sentiment qu’éprouve le protagoniste. Cependant, le public ne se rend pas compte qu’il se retrouve souvent dans la même situation que le héros. Il est vrai que nous ne remarquons pas nos défauts mais les constatons chez les autres et ceux-là peuvent nous déranger. Les auteurs utilisent donc nos propres imperfections dans le but de nous faire réagir et nous faire prendre conscience de notre comportement.
Tout le monde peut se reconnaître dans cette critique apportée. Effectivement, nous avons tous déjà ressenti un sentiment fort pour un objet quelconque, sentiment qui est bien souvent soudain et inexpliqué. Nous pouvons nous sentir triste si nous le perdons, ce qui est le cas pour le héros dans Mon grand appartement lorsqu’il égare sa serviette. Tout comme le lecteur vis-à-vis du personnage, les personnes qui nous entourent peuvent ne pas comprendre cette affection.
3. Une charge pesante dont on ne se sépare pas
Éric Chevillard plus que Christian Oster nous rappelle que nous vivons constamment avec un poids sur les épaules dont on ne se libère pas. Dans son œuvre, le protagoniste vit avec une chaise sur la tête. Cette image pourrait sembler absurde à première vue pourtant il y a bel et bien une symbolique cachée. La chaise, ici, représenterait l’oppression des plus forts sur les plus faibles ou bien la pression de ses parents. Dans les deux cas, ces individus l’empêchent de concrétiser ses projets.
Pendant longtemps, le héros s’est senti prisonnier en gardant les pieds au sol. Dès lors qu’il est monté au plafond, il s’est révélé être libre
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