Le joueur d'échec, S. Zweig
Par Ramy • 17 Octobre 2017 • 1 119 Mots (5 Pages) • 477 Vues
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Analyse de l’œuvre
Le « vrai » sujet de la nouvelle n’est pas le voyage du narrateur vers Buenos-Aires ni les échecs en eux-mêmes.
"C'est une histoire assez compliquée, et qui pourrait tout au plus servir d'illustration à la charmante époque où nous vivons". C'est par cette phrase laconique et ironique que le Docteur.B introduit le récit de sa vie, précisant le sens qu'il faut donner à son récit : son cas particulier illustre la situation de l'Europe toute entière et l'état de dictature qui s'y installe. Dans le cadre du récit de M.B., on nous renseigne sur les SS, de la gestapo, leurs méthodes pour s'introduire dans les milieux républicains et les faire espionner, leurs méthodes de torture (les camps ou l’isolement total). Le jeu d'échecs illustre la situation du contexte historique de la nouvelle et aussi bien sûr de l'époque de l'écriture de la nouvelle de Zweig. De fait, si on peut lire le récit du Docteur.B comme le récit d'une partie d'échecs qui l'opposait aux nazis, et dans cette partie, c'est le Docteut.B qui gagne, puisqu'il ne parlera pas.
Dans la partie d’échec de M.B. opposé à Czentovic, on peut considérer que le jeu incarne un conflit entre l’esprit et le pouvoir, c’est-à-dire entre un homme qui réfléchit et un automate doué.
On peut lire également la partie qu'il accepte de jouer contre le champion du monde comme une lutte entre le Bien et le Mal. Czentovic rappelle les nazis par son comportement, son impassibilité, sa froideur, son sentiment de supériorité, son dédain d'une part et la torture qu'il impose au Docteur.B en jouant de plus en plus lentement ne sont pas sans rappeler les attitudes des bourreaux dont a été victime le Docteur.B pendant son année d’isolement. Czentovic gagne la deuxième partie, mais en fait, il n'y a pas défaite du Docteur.B : Il remporte au contraire une victoire sur lui-même, en ne sacrifiant pas son esprit au jeu.
Selon Stefan Zweig, "l'esprit est voué à la défaite face à la brutalité du pouvoir". Dans sa nouvelle, Le Docteur.B est l'illustration de cette amère constatation : bien qu'il soit conscient que jouer contre soi-même soit impossible, il sait qu'il n'a pas d'autre solution, pour échapper à la torture de l'isolement. De la même façon, lorsqu'il trahit son engagement, il accepte une seconde partie parce qu'il est dominé par le pouvoir du jeu. Si le narrateur parvient à l'arracher à ce démon, c'est peut-être parce que Zweig est désespéré de voir que le pouvoir d'un seul homme peut détruire des pays entiers, voulait laisser un message d'espoir et tenter de croire que, dans la fiction du moins, l'homme peut vaincre l'oppresseur et vivre en paix.
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