L'univers Poétique de Wisława Szymborska : Analyse de 2 poèmes de l'époque d'après-guerre
Par Plum05 • 11 Octobre 2017 • 4 149 Mots (17 Pages) • 846 Vues
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« Never fit to stand
as a seriour warning. »
Cette mise en garde tend à comparer l'Atlantide avec notre propre civilisation, qui pourrait tout comme la leur, disparaître et ne plus laisser la moindre trace d'existence :
« Never contained in a stone
nor in a raindrop. »
La toute dernière ligne du verset : "On this plus-or-minus Atlantis", reflète l'attribution de la valeur « plus ou moins » à cette civilisation.
Grâce à cette phrase, l'orateur tente de mesurer son incertitude par rapport à ce qu'il avance et de ce fait, celle-ci n'est que sa dernière évaluation de la possibilité d'existence de la civilisation.
Avant de continuer avec l'analyse du second poème, il est important de comprendre l'époque dans laquelle la poétesse vécut.
Avant de devenir une célèbre écrivaine d'après-guerre qui a publiée plus d'un millier de livres, celle-ci fut une jeune femme polonaise qui naquit en 1923 lors de la période de marasme économique, de crises politiques et du régime militariste de Józef Piłsudski[3]. Sa ville natale se trouvait dans l'ouest de la Pologne et plus précisément, dans la petite ville de Bnin dans la voïvodie de Poznan[4].
Depuis 1931, elle habite à Cracovie, ancienne capitale des Rois de Pologne, qui fut épargnée des bombardements de la wehrmacht et où il n'y eut pas d'insurrections sanglantes comme à Varsovie.
Ca ne l'empêcha pas de vivre toutes les horreurs de la Seconde Guerre mondiale surtout qu'en Pologne, la politique d'Hitler était différente de celle qu'il appliqua dans les autres pays occupés. Son but premier [...]était d'exterminer le plus grand nombre possible d'habitants et de transformer en esclaves ce qui resterait de la « race inférieure »][5].
C'est donc à Cracovie qu'elle étudia la littérature polonaise et la sociologie à la prestigieuse université Jagiellone (U.J.) de 1945 à 1949.
Elle fit ses débuts dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, à une époque d'incertitudes politiques, dans une Pologne dévastée par la guerre et où les populations civiles avaient été déplacées hors de leurs frontières d'origines.
C'est en mars 1945, en effet, qu'elle commence à publier ses premières poésies dans le supplément hebdomadaire du quotidien Dziennik Polski avec le poème Szukam slowa ( je cherche les mots), et dans l'immédiat d'après-guerre elle continua à publier des poèmes dans divers journaux et revues.
Plus tard, elle connaîtra également la répression de Staline et du Communisme[6], qui lui feront comprendre d'avantage l'histoire qui a pu rendre par le passé tant de vies humaines aussi insupportables. Toute cette multitude de changements au cours de ces années, elle les dépeindra assez souvent dans ses 350 poèmes[7].
Il faut remarquer que, les deux décennies de la littérature polonaise d'après-guerre se divise généralement en trois périodes distinctes, dont le découpage correspond aux évènements politiques.
La première s'étend de 1945 à 1949 et se caractérise par le débat sur ce que devait être la littérature dans un pays qui s'acheminait vers le socialisme.
Ainsi, les écrivains de cette époques, pouvaient facilement bénéficier d'une carte blanche s'ils étaient membre du Parti, pour découvrir leurs propres méthodes et avoir les portes ouvertes vers une liberté nouvelle où la censure ne veilla que de façon scrupuleuse, qu'à certains sujets clairement déterminés[8].
Néanmoins, pendant la deuxième période littéraire d'après-guerre, allant de 1949 à1955, très peu d'oeuvres peuvent mériter de l'attention à cause de la doctrine du réalisme socialiste (Rzeczpospolita Ludowa) imposé par le Parti[9] dont le seul but était d'imiter les modèles soviétiques. Ceci eut un effet catastrophique sur la littérature qui tomba alors dans la grisaille.
De ce fait, Szymborska va s'éloigner au cours des années 1950 du Parti en fréquentant certains milieux comme, ceux de la revue Kultura, éditée à Paris[10].
Pour ce qui est de sa littérature, principalement connue pour sa grande modestie et son indépendance d'esprit, la poétesse la désavoue à cause de ses premières poésies, publiées entre 1952 et 1957, qu'elle considère comme de simples écrits rédigés sous la répression stalinienne, travaux "acceptables", où seule l'empreintes du réalisme socialiste se faisait entendre.
Mais, depuis 1957 - date à laquelle la censure d'Etat avait desserrée son étau, après la détente survenue en Union Soviétique (ZSRR) et la critique ouverte du Stalinisme par Nikita Krushchov - Szymborska est l'auteur d'une douzaine de recueils de poèmes, dont celui intitulé Pytania zadawane sobie (Questions à soi-même) qui caractérise le mieux son œuvre poétique[11].
Elle écrivit également Wołanie do Yeti (L’Appel au Yéti, 1957) où elle compare sans gêne Staline à un horrible homme des neiges.
La poétesse fait partie de ce type de cercle d'intellectuels polonais, plutôt à l'écart de la vie politique et pour qui la vie spirituelle et la réflexion philosophique sur les problèmes moraux de notre époque passent avant toute chose.
Lors de la troisième période littéraire d'après-guerre qui commença en 1956, l'écrivaine travaille à la rédaction de la revue hebdomadaire Zycie Literackie (La vie littéraire), sous la rubrique - Lecture non-obligatoire - de 1953 à 1981.
Elle y fit aussi la critique d'ouvrages touchant aux domaines les plus divers : depuis le tourisme, la cuisine, le jardinage et la sorcellerie jusqu'à l'histoire de l'art, aux poèmes de T.S. Eliot sur des chats et aux poèmes absurdes d'Eward Lea[12].
Pendant cette période, les écrivains ont pu enfin connaître une littérature plus moderne en général, restaurant ainsi la continuité d'expérimentation qui avait été temporairement rompue.
C'est dans de telles circonstances, que sortent ses ouvrages à venir : Sól (Sel, 1962), Sto pociech (Mille Consolations, 1967), Poezje (Poèmes, 1970) et Tarsjusz i inne wiersze (Tarsus et Autres Poèmes, 1976).
Ils
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