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Explication de texte - La Fontaine

Par   •  8 Mai 2018  •  1 968 Mots (8 Pages)  •  431 Vues

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A la première lecture, La Fontaine fait en sorte que le Rat ermite ne semble pas antipathique bien qu’il soit égoïste, hypocrite et menteur. L’auteur nous fait aussi comprendre que le Rat n’est pas vraiment un moine. En effet, dès le vers 8, La Fontaine insiste sur la fausse apparence d’ermite du rat et le lecteur comprend peu à peu que le rat ne se comporte pas réellement comme un ermite mais se sert de ce prétexte pour éviter les problèmes et s’empiffrer. En effet, La Fontaine remplace l’expression « le gîte et le couvert » par « le vivre et le couvert » (v. 10) mettant alors en valeur la passion du rat pour la nourriture. De plus, les termes « gros et gras » (v. 11) insistent sur cet intérêt à la nourriture. La Fontaine utilise un jeu de sonorité entre ces deux mots à consonance et signification très similaires pour montrer que le rat ne s’intéresse pas à la spiritualité, comme un ermite le devrait, mais au plaisir de manger. En outre, cette gourmandise, étant un péché pour la religion catholique, est contradictoire aux vœux de pauvreté et de charité propres aux moines, menant une vie détachée, sans plaisir et austère. De plus, La Fontaine critique la soi-disant charité des moines lorsque le Rat ermite parle au peuple rat indigent. Le rejet de la question rhétorique « Vous assistez ? » (v. 27) met en valeur la soi-disant absurdité de la requête des rats. Suit au vers 28 une autre question rhétorique qui empêche une réponse venant de la part des députés rats. Elles sous-entendent également que le Rat ne veut pas leur porter secours. Il rejette alors la demande d’aumône des rats et prétexte que tout ce qu’il peut faire est prier alors qu’il a de quoi les nourrir puisqu’il s’est beaucoup engraissé. Il ferme alors la porte au nez des rats indigents. Cette brutalité et brièveté du moment est soulignée par des octosyllabes (v. 30 et 31). De plus, la différence de richesse entre le Rat ermite et le peuple indigent est très forte. En effet, celle-ci est visible grâce à de nombreuses antithèses. Le Rat est « gros et gras » (v. 11), contrairement aux députés du peuple rat qui ne demandent que très peu, seulement « quelque aumône légère » (v. 15). Les termes « quelque secours » (v. 17), « sans argent » (v. 19), « l’état indigent » (v. 20) et « Ils demandaient fort peu » (v. 22) accentuent la pauvreté du peuple rat et le peu qu’ils demandent au Rat ermite. Le peuple rat indigent représenterait alors le peuple Français, complètement dépassé par sa situation précaire. Le Rat ermite, quant à lui, est une métaphore du clergé, reclus, et qui refuse de participer à la guerre, ou, dans la fable, de donner l’aumône à son peuple. Cependant, La Fontaine va même plus loin et critique également toute l’Eglise, qui est bien trop égoïste et hypocrite. L’auteur critique même Dieu. En effet, aux vers 11 et 12, l’auteur introduit une sorte de dicton : « Dieu prodigue ses biens / A ceux qui font vœu d’être siens. ». Ainsi, Dieu récompenserait ceux qui se consacrent à la religion. C’est un prétexte trouvé par le Rat pour justifier sa gourmandise.

Afin de rendre la satire envers le clergé plus voyante et plus forte, La Fontaine utilise l’ironie. De nombreux termes appartenant à un lexique à l’apparence religieux en est la preuve : « ermite nouveau » (v. 7), « dévot personnage » (v. 13), « pauvre reclus » (v. 26) et « nouveau saint » (v. 31). Toutes ces expressions sont très ironiques et appuient sur le fait que l’originalité du Rat n’est que fausse : ce n’est pas un religieux, il n’en a que l’apparence. En outre, on peut remarquer que ces expressions vont en gradation en accentuant l’hypocrisie du Rat au fur et à mesure de l’histoire.

Mais c’est surtout à la fin de la fable, à la morale, que l’ironie est la plus forte. En effet, l’auteur s’implique alors dans le récit et donne son avis en utilisant la première personne du singulier et en demandant l’opinion du lecteur à travers deux questions rhétoriques (v. 32 à 33). La première personne est également visible au vers 35. Au vers 34, La Fontaine oppose le moine chrétien au dervis, moine de religion musulmane. On pourrait alors penser que l’auteur s’en prend à la religion musulmane. Il feint en réalité de s’attaquer à la religion musulmane afin d’éviter la censure. En introduisant un verbe de doute et en donnant son avis (« Je suppose » v. 35), on comprend alors l’ironie de La Fontaine qui, de manière implicite, critique le clergé de son temps et doute de la charité soi-disant exemplaire des moines.

Pour conclure, la fable amusante de La Fontaine, Le Rat qui s’est retiré du monde, allie le plaisir à l’instruction et porte dans le même temps une critique mordante sur le clergé de l’époque. L’écrivain, grâce au ton ironique et satirique de sa fable, dénonce la gourmandise, l’hypocrisie et l’avarice de certains moines et hommes d’Eglise.

La Fontaine condamne la cupidité des moines dans d’autres de ses fables. Notamment, Le Curé et le Mort, dans laquelle l’auteur critique la rapidité du curé à enterrer un mort afin de recevoir son salaire au plus vite.

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