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Dissertation sur Robert Antelme et Primo Levi

Par   •  22 Août 2018  •  2 407 Mots (10 Pages)  •  737 Vues

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L'horreur est trop grande pour être racontée dans sa totalité, et cela Robert Antelme en a conscience quand il dit : « une parcelle de vérité ». Il affirme alors que même si les artifices sont une nécessité, ils ne suffisent pas à transmettre toute la vérité car une parcelle n'est qu'une petite partie. Robert Antelme et Primo Levi n'ont transmis qu'une parcelle de vérité : leur expérience personnelle, individuelle. Robert Antelme indique dans la préface de L'Espèce humaine : « Je rapporte ici ce que j'ai vécu. ». Ils ne pouvaient pas raconter l'histoire de tous les déportés qu'ils ont croisé car ce serait mentir. Ils ne pouvaient pas transmettre l'histoire d'autres personnes car c'est une expérience personnelle. Il y a eu des millions d'hommes, de femmes et d'enfants morts dans les camps de la Shoah. Leur vérité a disparu avec eux.

Si c'est un homme et L'Espèce humaine sont deux œuvres concentrationnaires qui relatent la vie de Primo Levi et de Robert Antelme dans les camps nazis. Pour écrire la vérité nous dit Robert Antelme, il faut « beaucoup d'artifices ». Mais les artifices ne sont pas seulement des mots. Nous pouvons constater qu'il existe de nombreuses définitions du mot « artifice » dans le dictionnaire. Un artifice, est un procédé inventé pour améliorer, pour rajouter un raffinement à une technique d'art, ou à une manière d'être ou de faire. Or si nous améliorons la réalité des camps, elle n'est plus réalité, ni vérité, mais fiction. Elle est alors déformée. Est-il bon de la déformer ? Ne serai-ce pas mentir aux lecteurs que d'enjoliver la triste vérité des camps ? En effet, Primo Levi et Robert Antelme ont sûrement utilisé des artifices pour améliorer la réalité car comment dire l'horreur ? L'horreur dans les camps est comme le dit Robert Antelme : « inimaginable ». Comment exprimer ce qui est inimaginable, indicible ? Ils ont du recourir à leur langage, leur vocabulaire pour mettre des mots sur l'impensable afin de nous transmettre une parcelle de l'histoire.

Un artifice est un procédé pour améliorer, mais aussi un procédé qui sert à créer une illusion de réel. Les artifices sont alors nécessaires pour que le lecteur sente combien cette expérience des camps a été réelle. Robert Antelme nous dit qu'il en faut « beaucoup ». En effet, la réalité est lourde à entendre. Il faut beaucoup d'artifices pour créer une illusion si grande que l'on croirait la réalité. Mais une illusion n'est pas la vérité. L'illusion est par définition une perception erronée. Une nouvelle fois nous pouvons penser que ces artifices nous transmettent qu'une partie déformée de la réalité. Primo Levi savait comme Robert Antelme combien il est dur d'exprimer ce qu'ils ont vécu. Il écrit dans Si c'est un homme : « Pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte : la démolition d'un homme ». Cette affirmation rejoint celle de Robert Antelme : « il faut beaucoup d'artifices pour faire passer une parcelle de vérité. ». Les deux écrivains témoins reconnaissent la petitesse de notre langue face à la grandeur de l'horreur des camps de concentration.

Pour conclure, nous pouvons dire que Robert Antelme disait vrai : « il faut beaucoup d'artifices pour faire passer une parcelle de vérité. », en effet, ils leur ont permis de dire l'indicible, de renforcer le réel, ils leur ont permis de se libérer de ce poids de témoin. Primo Levi écrit : « Mais j'ai écrit ce livre dès que je suis revenu et en l'espace de quelques mots, tant j'étais travaillé par ces souvenirs. ». Les artifices ont été une aide précieuse pour nos deux auteurs. Ils leur ont également permis de transmettre leur histoire, de remplir leur devoir de témoin : témoigner, dire ce qui s'est passé. Mais nous avons également constaté que les artifices manquaient parfois pour dire l'horreur. Robert Antelme écrit dans la préface de L'Espèce humaine : « Nous avions donc bien affaire à l'une de ces réalités qui font dire qu'elles dépassent l'imagination. ». En effet, leurs témoignages ne sont que les leurs, ils ne sont que deux témoins, et des millions de personnes ont disparu avec leur histoire. Nous ne saurons jamais toute la vérité. Mais cette échantillon de littérature concentrationnaire, nous montre à quel point il est dur d'écrire, de dire : « Frightful, yes, frightful ! Oui, c'est vraiment, effroyable. » (Robert Antelme, L'espèce humaine).

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