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Analyse Linéaire - Primo Levi

Par   •  6 Juin 2018  •  2 086 Mots (9 Pages)  •  511 Vues

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Ensuite, le terme employé "extrême" pourrait par ailleurs être hyperbolique mais, avec autant de millions de morts, le mot devient simplement adéquate. Cette "cohérence rigoureuse" nous parle ainsi à la fois d'un dogme et de l'entreprise qui s'est alors mise en place, jusqu'à nécessité la création d'architectures de l'exterminations et Primo Levi nous montre ainsi son but : si lui veut parler de cette conception et de ces menaces c'est pour que les autres comprennent aussi. Il donne à voir ce qu'il a vécu et formule ainsi son souhait avec un subjonctif "puisse" et enchaine avec une mise en garde. De plus, si le signal d'alarme est "sinistre" c'est aussi qu'il arrive un peu tard. Les signaux d'alarmes sont supposés retentir avant la catastrophe et non pas sonner la fin de ces camps d'extrermination dont il faisait partie et dont il a besoin de se purger.

Primo Levi écrit ainsi comme pour retrouver la parole et se sert de l'écriture pour retrouver le moyen de s'exprimer. Il s'adresse directement au lecteur qui doit impérativement exister pour que le livre vive. L'auteur nous montre alors une écriture de l'urgence, quelque chose d'évident et de nécessaire, partie essentielle de sa survie. Le livre était "déjà écrit [...] en intention et en pensée dès l'époque du Lager".

L'écriture est alors salvatrice et l'a aidé et il décrit même cela comme un "besoin", celui de partager avec les "autres". Ce mot met à distance ceux qui étaient dans les camps de ceux qui n'y étaient pas, ceux qui n'ont pas vu, pas senti, ceux qui ne sont pas morts qu'il désigne auparavant par un "nous" qui englobe tous les prisonniers dans un même ensemble. Il a fait parti de ce rouage - comme le démontre par ailleurs leurs tatouages - et cela fait de lui un membre de cet événement, qu'il a donc besoin de partager aux autres, de les "faire participer" et ces mots sont forts, il se sort de la solitude des camps en incluant les autres, en témoignant, en laissant savoir ce qu'il s'est vraiment passé.

Par ailleurs, l'auteur raconte son écriture comme une douleur : par mot "violence" mais aussi par l'homophonie "impulsion" "immédiate" "impérieuse" et, plus qu'à une douleur cela fait penser à une vague qui submerge, à un sursaut d'énergie que l'auteur n'aurait pu retenir et il met son écriture au même titre que les "autres besoins élémentaires". Elle est donc vitale, et le sauve donc car grâce à elle il accède à une "liberation intérieure". Après avoir vécu deux ans enfermé dans la misère, le froid, la boue, il lui devient nécessaire de se purger de ses souvenir, de ce qu'il sait, de ce qu'il a vu. Il a besoin de témoigner et d'essayer de sauver les autres de ce danger qui plane sur nous avant tout pour se sauver lui même. Il évoque alors la composition de ses chapitres, rédigés "par ordre d'urgence". L'écriture est alors encore donnée à voir comme un flot qui aurait nécessairement besoin de sortir pour le soulager et le sauver, le libérer pour lui donner la possibilité de recommencer une vie après la guerre. S'il se précipite pour écrire c'est sûrement aussi pour sortir de se labyrinthe de la souffrance dans lequel il se trouve. Ainsi, après seulement cette étpae de catharsis, il peut construire son autobiographie, mais, et il conclu ce paragraphe là dessus cela "n'est intervenu qu'après".

La conclusion de cette préface tombe alors lourdement. Ce n'est qu'une phrase, c'est un paragraphe à elle seule. Elle est posée comme une évidence, selon l'auteur cela "semble inutile" et pourtant il le précise quand même. Pourquoi ? Il clot ainsi d'une certaine façon le pacte d'autobiographie qu'il avait commencé à établir avec l'utilisation du "je" en début de préface et achève même en signant de son nom pour plus d'authenticité. Bien sûr qu'"aucun des faits n'y est inventé". Il y a derrière la démarche de cette oeuvre le besoin de la vérité et de témoigner pour sauver les autres et se sauver et cela ne peut se passer qu'au travers de souvenirs réels, de son vécu, de ce qui lui suivra tout le reste de sa vie.

Afin de conclure, nous parlerons ici simplement du fait qu'après une expérience aussi traumatisante que celle des camps d'extérmination il est naturel de faire face à un blocage, une nécessité. Certains ont évacu l'horreur de ce qu'ils ont vécu par le silence, refusant de parler ou d'évoquer le moindre souvenir, d'autres tels que Primo Lévi se sont tournés vers l'écriture. L'auteur a tout d'abord la chance de pouvoir se confier car il fait parti des survivants : au camp de Belzec, pour 500 000 morts il y a eu deux survivants seulement. Ainsi, après nous avoir démontré sa chance de par des statistiques déshumanisantes il nous alarme sur les conséquences qu'ont eu l'idée simpliste : "l'étranger c'est l'ennemi" avant de nous montrer son ambition de donner à voir ce qu'étaient les camps d'extermination d'un point de vue presque scientifique, dépourvu de sentiments. Finalement nous pouvons entrevoir la fonction salvatrice de son roman, qui, de part l'écriture lui offre la possibilité de délivrer un message, de ce qui était devenu obsédant pour lui alors qu'il n'était alors pas encore sûr de pouvoir sortir de l'enfer. Il en va de même pour Pelagia Lewinska, femme résistante polonaise qui a ressenti également se besoin de témoigner de son expérience à elle au sein d'Auschwitz.

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