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Commentaire Adolphe, Benjamin Constant chapitre X

Par   •  3 Juillet 2018  •  1 161 Mots (5 Pages)  •  708 Vues

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Le langage écrit est d’autant plus dramatique qu’on ne peut lui opposer quoi que ce soit, on peut toujours rivaliser contre la voix, qui peut être impulsive lorsqu’elle est commandée par les muscles et les nerfs alors qu’une lettre est en général écrite consciencieusement, on y pèse nos mots.

Le renversement narratologique nous offre une vision différente du reste du récit. C’est cette fois la voix d’Ellenore qu’on entend sous le pronom personnel « je » et plus Adolphe. C’est à son tour de dépeindre son amour pour Adolphe et inversement. C’est à son tour de dépeindre son amour et sa douleur, et sa place en fin de récit nous permet de croire qu’Adolphe, au lieu de perpétuellement se justifier et s’expliquer nous laisse finalement méditer sur cette lettre finale sans intervenir et nous imposer son jugement.

- Lettre d’amour et déclaration de haine

Le ton pathétique de cette lettre se montre par un mélange d’amour et de reproches. Le texte se divise d’ailleurs en trois parties : tout d’abord Ellenore cherche une réponse à la question majeure : pourquoi Adolphe veut il rompre en le martelant de questions (l.1, 2, 5, 10), l’anaphore avec l’adverbe « pourquoi » (l.1, 5 et 7) illustre le besoin de réponse et l’incompréhension. Ensuite Ellenore décrit son amour pour lui (l.16, 17, 18) et pour finir, exprime des reproches, et prédit la vie qu’il aura sans elle, et nous voyons cela par l’utilisation du futur « vous marcherez seul au milieu de cette foule », « vous regretterez ce cœur dont vous disposiez ».

Le champ lexical de la douleur est présent (« vous vous acharnez » l.1 ; « les larmes » l.14 ; « vous me ferez mourir à vos pieds » l.15 ; « vous frappez à coups redoublés » l.30) Nous imaginons Adolphe lire ces mots, lui qui toute le long du récit s’évertue à ne pas voir la douleur d’Ellenore. Cette dernière personnifie les paroles (l.26) « elles me suivent, me dévorent » ce qui permet une amplification de la douleur. Cette façon qu’Ellenore a de parler d’elle à la troisième personne (à partir de la ligne 30) peut être une façon d’effacer toute trace personnelle. Il y a aussi quelque chose de très pompeux à parler de soi à la troisième personne, ce peut être une façon de se monumentaliser et qui paraît être le cas d’Ellenore, comme pour faire regretter sa personne encore d’avantage à Adolphe. L’utilisation du futur dans « elle mourra, cette importune Ellenore » (l.30) intensifie la tension dramatique puisque lorsque cette lettre est lue par Adolphe, celle qui semble être la victime de la fatalité est déjà morte.

Conclusion :

Par cette lettre qu’Adolphe ne lira qu’après la mort d’Ellenore, donc une lettre posthume et qui plus est termine le récit, Ellenore enlève à Adolphe la possibilité de se racheter en quelque sorte, d’opérer une sorte de rédemption, lui qui tout le long du roman ne cesse de se justifier de s’expliquer de retourner la situation de sorte à ne pas voir la douleur d’Ellenore mais tout en étant une déclaration de haine, Ellenore ici fait preuve d’une véritable démonstration d’amour, les reproches assénés ne sont qu’une preuve d’un amour unilatéral, douloureux puis mortel à cause de ce fait.

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