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Cesare Pavese : Dialogues avec Leuco : Les sorcières, l’Île.

Par   •  22 Mai 2018  •  4 335 Mots (18 Pages)  •  580 Vues

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on ne retrouve pas cela dans la réécriture de Pavese. Ulysse paraît beaucoup plus universel, il est plus humain et moins héros, et à outre mesure, Ulysse semble devenir un reflet de nous même. Dans L’Ile, Calypso affirme qu’est “Immortel celui qui accepte l’instant. Qui ne connaît plus un demain.”, cela suppose que l’homme n’accepte pas l’instant. Il semble se battre toujours, comme Ulysse qui devant des périls sans nombre, toujours plus près de la mort, ne baisse pas les bras. Dans sa tentative de le rendre immortel, Calypso lui explique qu’il doit renoncer à ses souvenirs, à ses rêves, ses songes, qu’il accepte son horizon. En d’autres termes, elle lui demande de mourir, et de perdre tout ce qui fait de lui un homme. Ulysse est une bonne allégorie de l’homme dans cet extrait. Il est moins doté de caractères héroïques, et devient plus sensible. Il a “les yeux remplis de souvenirs” chez Circé, et tout ce qu’il fait est pour retrouver son foyer et ceux qu’il aime. Il pleure, dans Les Sorcières, car il connaît déjà ce qui va lui arriver. Il va recommencer quelque chose qu’il a déjà fait et pleure car il va en quelque sorte perdre du temps et se rapprocher de ce fait un peu plus de son destin fatal : “Le jour ou il pleura sur mon lit, il pleura non de peur mais parce que l’ultime voyage lui était imposé par le destin, était une chose déjà connue”. Le destin est une réelle composante de l’homme de ce fait, c’est ce qui lui permet de toujours avancer, de réfléchir, et d’affronter. En d’autres termes, si on enlève le caractère fatal et inconnu du destin à l’homme, en devenant immortel, il semble mourir. C’est une définition plus ou moins positive de l’homme qu’offre Pavese dans ses Dialogues avec Leuco. Au début de l’extrait des Sorcières, nous pouvons remarquer beaucoup de références au théâtre. Circé, dans ses paroles rapportées d’Ulysse et des évènements, paraît toujours jouer : “je devais sourire et le dévisager”, “jouer la surprise”, “tout se déroula comme une danse”, “je commençai mon refrain”. Ainsi, le caractère divinatoire des immortels rends leur existence comme un jeu. La fatalité du destin de l’homme, a contrario, ne lui permet pas de prendre un tel recul sur lui même. Par là, on pourrait dire que Pavese fait une sorte de critique du caractère sérieux de l’homme, qui le pousse parfois à la bêtise. Son destin fatal l’empêche de prendre du recul sur des situations, des évènements. Sa vie et la vie humaine sont alors au coeur du monde pour eux, semble avoir une extrême importance. Néanmoins, ce n’est pas le cas pour les immortels. Dans l’Odyssée d’Homère, la vie humaine est placée au premier plan. Les affaires des hommes sont très importantes (la guerre, les quêtes), et sont même souvent aidées des Dieux. La réécriture de Pavese, en se plaçant du côté des immortels, peut nous montrer que tout cela n’est qu’une comédie et l’homme accorde trop d’importance à ses affaires. Cela expliquerait, pourquoi pas, la raison et la bêtise de la guerre.

Nous avons donc vu dans cette première partie que la figure d’Ulysse peut être vu chez Pavese comme une allégorie de l’homme notamment par le fait que son destin est chez Ulysse comme chez l’homme une sorte de fatalité ‘’ motrice’’. De plus, l’homme n’est pas capable de rire de la comédie dans laquelle il joue, son destin fatal le pousse à toujours faire preuve d’intelligence. L’Homme se compose de souvenirs, de sentiments et ne peut comprendre la singularité des mortels. Dans un second temps, nous allons nous intéresser à Circé et Calypso qui se pose comme des figures de l’immortalité antithétiquement à Ulysse dans une seconde partie.

Dans un second temps, nous verrons que Circé et Calypso sont deux figures emblématiques représentant l’immortalité ; nous aborderons dans un premier temps le fait que le destin chez Circé et Calypso est un élément qui permet le détachement quant à leur et la vie en générale. Puis, dans un second temps, nous étudierons de manière précise que l’immortalité chez Pavese est paradoxalement comparée à la mort.

Premièrement, il est possible de remarquer que le destin chez Circé et Calypso est un élément permettant le détachement. En d’autre terme, elles ne prennent plus au sérieux la vie, ce qui les différencie totalement des hommes qui sont empreignés de leur destin. En effet, leur caractère divinatoire supprime tout effet de surprise. Elles savent tout, ce qui a été et ce qui sera. Ainsi, elles semblent pouvoir garder un oeil très extérieur sur les événements, et notamment sur l’homme : “je l’attendais”. Elles veulent, ces deux femmes, mener en quelque sorte Ulysse à changer. Elles lui proposent, d’une part pour Calypso de devenir immortel et d’autre part avec Circé d’être métamorphoser. Ces deux changements incluent la perte du genre humain. Elles semblent donc s’antéposer à l’humanité en étant immortelles. Tout semble, dans la vie de ces femmes mais par extension dans la vie immortelle, superficiel. Tout perd son essence, comme si être humain, être homme dans tout ce que cela compose, ne peut exister sans le destin fatal qu’est la mort. L’homme existe grâce à la mort, et Circé et Calypso, en étant immortelles, ne vivent pas vraiment. Elles sont en quelque sorte détaché de l’espace et du temps. Cela se remarque d’une part par le fait qu’elles n’accordent pas d’importance au nom. Au delà de ça, elles trouvent que la nomination a quelque chose d’assez invraisemblable : “Tu comprends, Leuco : ce chien avait un nom.”, “Beaucoup de noms m’a donné Ulysse”, “Ce soir là je fus mortelle. J’eus un nom : Pénélope”. De plus, pour eux, rien ne semble grave, rien n’a d’importance, ce qui leur permet d’être ironique et d’avoir un autre type de rapport à la vie que les mortels. Elles sont même assimilées à l’animal : Circé affirme que les bêtes sont plus proche des immortels que les hommes. Dès lors, les immortelles se placent au dessus des hommes non pas d’un point de vue hiérarchique, mais d’un point de vue global. Elles pourraient être comparé aux dieux, à la nature ou encore à toute les entités inhumaine mais puissantes qui semblent parfois se jouer de l’homme.

Deuxièmement, nous verrons que l’immortalité semble être paradoxalement synonyme de mort. Comme dis plus haut, ce qui fait l’essence de l’homme c’est sa mort. Sans destin fatal, il n’y aurais pas d’humanité. Dès lors, les immortelles sont en quelque sorte sans vie. Cela se ressent dans L’Ile, lorsque Calypso tente de convaincre

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