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Trois nouvelles à chute, Galvada, Buzzard, Kassak

Par   •  21 Mai 2018  •  9 742 Mots (39 Pages)  •  597 Vues

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est conquise et arbore un « sourire triomphal » (Ligne 64, Gavalda).

L’amour dans « Iceberg » est présenté de façon beaucoup plus triviale : le quiproquo se nourrit de la sensualité de la jeune fille qui n’est pas consciente du trouble qu’elle suscite chez le narrateur. Tout l’art du narrateur est de nous faire passer cette amitié pour une relation à trois, librement consentie. Pourtant, la femme qu’il aime, ignore ses sentiments. Dans cette relation, il est l’amoureux transi qui ne se déclare jamais. Il a cultivé, auprès d’elle, l’image parfaite de « l’ami de la famille » (Ligne 119, Kassak) et il y a réussi : « et rien dans ma conduite n’aurait pu lui faire supposer que j’éprouvais pour elle un autre sentiment que l’amitié » et rien dans ma conduite n’aurait pu lui faire supposer que j’éprouvais pour elle un autre sentiment que l’amitié » » (Lignes 96- 97, Kassak). D’ailleurs, elle ne fait rien pour le séduire : « Elle se farde à peine, ses cheveux sont coupés courts, elle s’habille sans recherche, ses traits ne sont ni très fins, ni très réguliers. Je ne la trouve ni gentille, ni délicieuse, ni charmante et elle n’est pas mon amie » (Ligne 30-31, Kassak). L’allégorie de l’« « Olympia » de Manet, robe en plus, hélas ! » (Ligne 66, Kassak) dévoile l’intensité du feu qui consume le narrateur. Il nourrit son fantasme, tout seul, en espionnant l’intimité du couple légitime, enfermé dans une chambre et en interprétant le « bruit des baisers » (Ligne 110, Kassak) et le « reboutonn[age] du chemisier » (Ligne 112, Kassak)comme une preuve de l’inconstance de son amante Sa jalousie l’amène jusqu’à interrompre les ébats en faisant irruption dans la chambre. Ainsi, le narrateur oppose le désir qu’il éprouve pour Irène à la métaphore de l’iceberg sont il se définit « Je préfère rester pour elle un iceberg : un cinquième visible et le reste immergé » (Ligne 8-9, Kassak), l’aveu explicite de sa volonté de dissimulation. Le narrateur ne décrit son rival imaginaire qu’avec un prénom, répété comme une obsession : « Georges ». Il l’affuble de tous les défauts tant physiques que moraux : « il était laid - une espèce d’avorton à moitié chauve - et son caractère semblait aussi malgracieux que son apparence » (Ligne124, Kassak), « malgracieux » (ligne 125, Kassak). Pour le narrateur, il a tous les vices en plus de posséder physiquement la femme qu’il aime : « Après tout, que le cher Georges profite de son reste» (ligne75, Kassak), « elle est à Georges » (ligne32, Kassak). Sa passion dévastatrice pour Irène le poussera à se débarrasser définitivement de « ce gêneur », de « ce rival » pour supprimer définitivement tout obstacle à son amour : « Très rapidement, j’ai donc été amené à conclure que ce serait un vrai service à lui rendre que de la débarrasser de Georges. Un service dont elle ne me saurait évidemment aucun gré si elle apprenait que je le lui avais rendu, mais il importe de savoir-faire malgré eux le bien de ceux que l’on aime. (lignes130-132, Kassak). Pour arriver à ses fins, il préparera minutieusement son crime dont le mobile tient au dépit amoureux et à la jalousie maladie.

En revanche, dans le texte de Buzzati, la focalisation utilisée est omnisciente ou zéro, le narrateur connaît les sentiments de ses personnages : « Dolfi fut très flatté « . Il sait même le prénom de sa mère, « Klara», alors qu’il n’est sont jamais mentionnés dans l’histoire. Ill connaît le passé, les habitudes de la famille : « Comme d’habitude, » (Ligne 1, Buzzati) mais aussi le futur « et ce fut la dernière fois – il fut un petit garçon doux, tendre et malheureux » (Ligne 124, Buzzati).

Dino Buzzati choisir cette focalisation pour manipuler le lecteur en nous faisant ressentir les sentiments de Dolfi en insistant sur la discrimination à son égard car il n’est pas blond : « Ils étaient presque tous blonds, lui au contraire était brun » (Ligne45, Buzzati) mais pâle, maigrichon : « il était plutôt pitoyable même maigrichon, souffreteux, blafard, presque vert, » (Ligne 5, Buzzati) et aussi sur le manque d’affection maternelle, le seule geste d’amour qu’il est reçu ne venant pas de sa mère : « « Oh ! Le pauvre petit ! » s’apitoya […]. » (Ligne 119, Buzzati), « Et en secouant la tête, elle caressa le visage défait de Dolfi. Dino Buzzati veuxt nous faire ressentir de la pitié pour quelqu’un d’aussi affreux qu’Adolf Hitler.

Dans « Pauvre petit garçon », le malentendu réside dans l’identité véritable de cet enfant qu’il nous cache jusqu’à la chute.

Il nous présente un enfant différent des autres enfants du même âge par son physique et son tempérament que nous avons immédiatement envie de plaindre et de protéger et utile pour cela, chez le lecteur, la fibre sensible de l’instinct paternel ou materne ; car tout le monde le rejette avec indifférence, mépris et cruauté. Même le narrateur dresse un portrait sévère, choquant de ce garçon avec une accumulation apparemment gratuite de termes peu élogieux: «on ne pouvait pas non plus dire que cet enfant était beau, au contraire, il était plutôt « pitoyable même, maigrichon, souffreteux, blafard, presque vert […] teint pâle […] visage exsangue[…] petits yeux insignifiants qui vous regardaient sans aucune personnalité[…] un jouet à quatre sous » (lignes 5- 10, Buzzati). Devant l’injustice de cette attitude, le lecteur a tendance à prendre de la distance face à ce narrateur omniscient méprisant et la défense inconditionnelle de l’enfant car il ne comprend pas pourquoi ses commentaires sont aussi cruels. L’effet est voulu et amène le lecteur à prendre position d’emblée en faveur de Dolfi contre le narrateur, d’autant que l’enfant n’est pas seulement rejeté par ses camarades mais aussi par sa mère distante. C’est une vérité qui nous est intolérable. Par des éclairages internes brefs mais répétés, à travers leurs dialogues, on apprend que même ses camarades le rejettent méchamment, l’injurient constamment, l’humilient en refusant de l’inclure dans leurs jeux et le molestant sans ménagement : « Laitue[…] il ne jouera pas avec nous[…] il ne sait même pas jouer seul[…] La Laitue est un cochon[…] son fusil c’est de la camelote[…] il ne joue pas car il a peur de nous[…] c’est un dégoûtant » (Lignes25-27, Buzzati. On éprouve une très forte empathie devant à la solitude de ce petit garçon en quête de la reconnaissance maladroite de ses semblables et on le suit douloureusement dans la suite du récit. Pour renforcer cette adhésion à la cause du garçon, le narrateur rajoute des passages récurrents

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