Le Naturalisme.
Par Andrea • 28 Mai 2018 • 856 Mots (4 Pages) • 458 Vues
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en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j’aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l’œuvre, comme acteur d’une époque historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j’analyserai à la fois la somme de volonté de chacun de ses membres et la poussée générale de l’ensemble. Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d’étudier, a pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. Physiologiquement, ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices. Historiquement, ils partent du peuple, ils s’irradient dans toute la société contemporaine, ils montent à toutes les situations, par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en marche à travers le corps social, et ils racontent ainsi le second empire, à l’aide de leurs drames individuels, du guet-apens du coup d’État à la trahison de Sedan. »
Préface de La Fortune des Rougon (1871)
Histoire d’une famille, la fresque des Rougon-Macquart est aussi celle d’un régime et d’une société. A travers les destins individuels de cinq générations évoluant dans les milieux les plus divers, et dont chacun constitue le sujet d’un roman, on peut suivre toute l’aventure du Second Empire, depuis le coup d’Etat du 2 décembre 1851 jusqu’au désastre de Sedan marquant la défaite de la France devant la Prusse et la chute de Napoléon III.
Par ailleurs, toute la structure interne des Rougon Macquart est expliquée par la névrose de l’aïeule Adélaïde Fouque (La Fortune des Rougon), dont le père a fini dans la démence et qui, après la mort de son mari, un simple domestique nommé Rougon, prend pour amant un ivrogne, Macquart. La descendance de celle que l’on appelle Tante Dide est marquée par la double malédiction de la folie et de l’alcoolisme qu’on rencontre dans tous les volumes.
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