Fiche de lecture : Pierre et Jean, Maupassant

...

Louise Roland : mère de Pierre et Jean, 48 ans, est vue comme la « femme parfaite », mais vit dans le mensonge avec son mari, la nouvelle de la mort de Maréchal va bouleverser sa vie de femme organisée, va subir une torture morale de la part de Pierre

Gérôme Roland : père de famille Roland, ancien bijoutier de Paris, passion pour la pêche, homme anodin, peu fin ; il n’a quasiment aucun rôle dans la nouvelle, est indifférent aux soucis

Léon Maréchal : personnage absent mais personnage-clef de l’histoire, il lègue toute sa fortune à Jean, 1er client de l’ancienne bijouterie Roland

Madame Rosémilly : jeune veuve de 23 ans (veuve à 21 ans d’un capitaine), habite un appartement, blonde, appartient à une classe supérieure, amie de Madame Roland, va épouser Jean

- Le titre a son importance : le récit évolue en fonction de deux personnages ; Pierre et Jean. La conjonction de coordination « et » met en évidence le lien fraternel qui lie les deux personnages, tels des jumeaux. Aussi, il y a une impression de double : la symbolique des couleurs (Pierre, brun ; Jean, blond) renvoie à une notion de bien et de mal. L’attitude de Pierre est compréhensible mais critiquable -> rang des mauvais alors que Jean enfant né du pêché est peu à peu -> rang des bons. Cette notion de bien et de mal, de confusion d’identité et d’ambiguïté quant à la distribution des rôles est omniprésente dans l’œuvre de Maupassant. Ce duel qui a torturé l’esprit de l’auteur transparait aussi dans Pierre et Jean.

- La scène est observée à partir de plusieurs points de vue. Le narrateur connait très bien la situation de ses personnages. Tout d’abord, on se retrouve dans la peau de Pierre puis, vers la fin, le roman cherche à l’estomper, à l’effacer. Ainsi, le narrateur se place en position de celui qui a réussi, c’est-à-dire Jean.

- Le roman est une étude psychologique. A partir du point de vue de Pierre, qui réalise une enquête mentale, le lecteur est témoin d’une foule de sentiments. Le temps des soupçons, après l’annonce de l’héritage, l’inquiétude vis-à-vis de la respectabilité de sa mère, la traque douloureuse des indices, glissés dans les souvenirs de Pierre, les faits et gestes de sa mère dont Pierre scrute visage et comportements … s’instaure une véritable angoisse, dépassée par la colère puis le ressentiment de Pierre, qui ne peut s’arrêter, tant l’attente a été longue. Les réalités éclatent au fur et à mesure que le temps passe tandis que la force des émotions emporte Pierre, qui est perdu. Le romancier cherche également à montrer que derrière la perfection peut se cacher un lourd secret. Enfin, l’échec et l’exclusion, pour le fils légitime, souligne l’injustice de la vie.

- Ce roman est plutôt naturaliste, notamment par les sujets qu’elle traite, à savoir l’hérédité, la petite bourgeoisie et les problèmes de l’argent.

- Dans l’ensemble, ce roman m’a plu.

Tout d’abord, j’ai bien aimé le cadre réaliste de la scène. En effet, de nombreuses précisions marines sont insérées au récit, ce qui donne l’impression d’être entre terre et mer.

Ensuite j’ai trouvé que l’étude des sentiments, en s’immisçant dans la peau de Pierre, est intéressante.

Seulement je n’ai pas apprécié le pessimisme de l’auteur. Pierre, le fils légitime, n’a aucune chance dans la vie, contrairement à Jean, le fils né de l’adultère, qui, lui, triomphe. Aussi, l’attente, longue, qui agit telle un venin, où cristallise la jalousie inquiète et soupçonneuse est difficile à vivre et accentue encore plus les sentiments. La conséquence de cette attente est l’exclusion, l’isolement. C’est un cercle vicieux, dans lequel Pierre ne peut que se perdre. Avec ce roman, on se rend compte de l’injustice de la vie.