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Commentaire, Les Etats et Empires du Soleil, Cyrano de Bergerac

Par   •  21 Juin 2018  •  3 137 Mots (13 Pages)  •  794 Vues

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Les préjugés des hommes sur le règne végétal sont alors bouleversés. On se souvient des premières rencontres de Dyrcona avec tout d’abord un humanoïde (le petit homme de la Macule qui prouvait l’existence d’une vie extraterrestre) puis avec les oiseaux doués de raison et enfin, ici, le narrateur rencontre des arbres parlants et intelligent. Les croyances populaires sont alors complètement remises en causes et lorsque Cyrano donne véritablement vie aux végétaux, il va à l’encontre du dogme pousse le subversif à son extrême. Il est communément admis que les plantes n’ont aucun organe permettant l’émission des sons et ici leur parole est quasi magique, provenant de nulle part.

Les liens entre les hommes et les végétaux sont, dans l’univers des Etats et Empires du Soleil, sans doute bien plus fort que sur la terre. Ainsi, les végétaux ne seraient pas aussi drastiquement différents des êtres animés et même des êtres intelligent que la science et l’opinion commune universelle et intemporelle voudrait le croire. Dans cet extrait, les arbres apparaissent premièrement comme capable de parole intelligible et de communication non seulement entre eux mais avec les autres êtres. En effet, dès les premières lignes s’établit un véritable dialogue entre ces deux êtres que le lecteur identifie rapidement comme des arbres. Dyrcona, sous l’emprise d’une telle surprise semble peut-être ne pas l’avoir remarqué immédiatement mais les arbres s’appellent par leurs noms, ce qui les anthropomorphise encore plus puisque seuls les hommes se donnent des noms, c’est une pratique purement culturelle. Ces noms ne sont pas anodins : « Fourchu » et « Fraîche-Ecorce » renvoient directement aux arbres, aux fourches auxquelles, par analogie, on rattache les branches et l’écorce est bien évidemment la « peau » de l’arbre. La manière de parler des deux protagonistes végétaux est assez expressive, ponctuée d’exclamatives, ils entretiennent un vrai dialogue. Un peu plus bas dans l’extrait (à partir de la ligne 33), les arbres lèvent le voile sur le mystère de leur capacité à s’exprimer en langage humain, compréhensible par Dyrcona. Il ne s’agit ici plus la langue originelle et universelle du petit homme de la matrice ni la langue des oiseaux mais bien une langue terrestre, le langage est le lien indubitable entre la terre et le soleil. Leurs ancêtres provenant de la forêt de Dodone avaient appris la langue grecque pour « rendre des oracles » aux hommes qui en demandaient et cette langue s’est transmise jusqu’aux chênes du Soleil par le biais d’un gland emporté par un aigle. Cela prouve que même les arbres sur terre en Grèce avaient ce pouvoir de parole et de communication avec les hommes, ce sont juste ceux-ci qui ne savent plus les écouter ou qui par obscurantisme, les ont tous réduit à néant. De plus, on apprend que les arbres n’ont pas qu’un langage unique mais bien diverses formes de langue en fonction des espèces comme c’est le cas pour les hommes en fonction de leur origine géographique. Les moyens de communications semblent donc similaires avec ceux des hommes pour ces chênes mais pas pour les autres végétaux qui utilisent le vent. Ils souffrent en effet de solitude car ils sont incapables de communiquer avec les êtres animés et ils se consolent en murmurant une musique éolienne.

En plus de cette capacité langagière plus ou moins développée, les arbres sont également capable de sensibilité, à la fois perceptive et émotive. Ils entendent parfaitement la voix de Dyrcona et celle de leur semblables. De plus il semblerait qu’ils aient une capacité supérieure à celle de l’homme puisqu’ils ont une sorte d’intuition qui leur permet de « sentir » la présence du narrateur sans le voir ou l’entendre. L’un dit même « je me sens ému » ce qui prouve que les végétaux peuvent ressentir des émotions et la proximité de l’homme. Les arbres sont même pourvus « d’organes », chose étonnante quand on croie que ceux ci sont constitués de bois, de sève, de racines et de feuillages. Nous pouvons alors encore plus les comparer au genre humain après cette découverte de sensibilité. En plus de cela, il est évident qu’ils possèdent une intelligence, une raison, une capacité réflexive : ils s’expriment clairement, expliquent leur origine, on une mémoire effective et une certaine connaissance de l’homme. Ils ont déjà senti la présence d’un homme avant celle de Dyrcona donc il est probable qu’un homme soit déjà venu sur le Soleil ou que cette sensation de soit transmise de leurs ancêtres jusqu’à eux et dans ce cas, leur « génétique » ou « hérédité » est incroyablement efficace et c’est ce qui est suggéré avec l’emploie de la proposition « a coulé jusqu’à nous » (lignes 41-42). Les arbres font également plusieurs fois référence à un « Dieu » (ligne 14), à une « Prophétie » (ligne 41) et au sacré (ligne 64), la religion étant spécifique à l’homme on peut penser que c’est la langue grecque qui leur à transmis ce savoir ou si il existe véritablement un Dieu en lequel croient les végétaux. L’arbre est donc capable de raison et de croyance, l’analogie avec l’homme est alors inévitable.

Grâce au mythe explicatif de l’aigle, on apprend que les chênes vivant sur le Soleil ont une origine terrestre, ce qui les rapproche de leur interlocuteur. Leur terre natale n’est pas sans intérêt puisqu’il s’agit de la Grèce antique, véritable berceau de la culture et du savoir européen. La barrière entre la Terre et le Soleil n’est donc pas si infranchissable qu’elle y paraît puisqu’avant l’homme, les animaux et les végétaux y sont parvenus (ce qui remet encore en cause la supposée supériorité humaine). Lors de l’explication de ce voyage étonnant, les chênes mentionnent que c’est un aigle qui a emporté le fruit de ces arbres savants sur les terres du Soleil. Si l’on regarde ce mythe quelque peu fantasque de plus près, on se rend compte que l’analogie entre Dyrcona et cet aigle est possible et resserre les liens entre le narrateur et le monde solaire. En effet, l’animal blessé s’est réfugié auprès de ces grands arbres pour pouvoir subsister comme Dyrcona l’a fait chez son ami M. de Colignac pour échapper aux représailles suite à la publication de son ouvrage Empires et Etats de la Lune. De plus, l’aigle décide de quitter la terre « ennuyé de vivre dans un Monde où elle souffrait tant » comme le narrateur, qui, persécuté et emprisonné, s’est élevé vers le ciel dans un geste de libération. Tous deux voient le Soleil comme un refuge. Le voyage de l’oiseau, comme celui de l’écrivain s’est effectué « heureusement », dans un hasard chanceux. Il est donc possible

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