Roman, Histoire et société

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Les romanciers n'ont d'ailleurs pas un regard impartial sur la réalité qu'ils tentent si bien de reproduire dans leurs oeuvres et c'est une vision assez subjective des choses qui est finalement proposée au lecteur. On comprend assez aisément que Zola se place du côté des Républicains en lisant les passages sur l'insurrection dans La Fortune des Rougon tant les insurgés et Miette, qui devient une vraie allégorie de la République pour l'auteur, sont sublimés. Maupassant quant à lui nous peint une image très négative voire corrompue de la société parisienne dans Bel-Ami au travers du personnage principal Georges Duroy, un arriviste, ambitieux et prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Cette retranscription du réel connaît quelques limites toutefois cela n'empêche pas au roman d'apporter des connaissances, voire plus, sur l'Histoire et ses sociétés.

Plus que de simples connaissances, le roman va amener le lecteur à réfléchir sur le monde.

La lecture du roman peut aboutir à une réflexion sur ce qui a déjà existé, comme dans les Lettres Persanes de Montesquieu, dans lesquelles il dénonce le mode de vie des Occidentaux, de la mode à la politique, permettant ainsi au lecteur d'avoir véritablement un regard critique sur la société européenne du XVIIIème siècle. Thomas More dans L'Utopie, fait une satire de la société anglaise du début du XVIème siècle qui a été marquée par un appauvrissement notamment dû aux guerres, en imaginant une île, Utopie, qui reposerait sur un modèle idéal. Il n'y a donc rien de réaliste dans cette oeuvre mais elle sert toutefois à amener à des pistes de réflexion sur la façon d'améliorer la société de l'époque.

Le roman peut également permettre au lecteur de réfléchir sur la façon dont l'Histoire et les sociétés pourraient évoluer. Certains romanciers puisent dans l'actualité de leur époque et extrapolent les possibles évolutions futures afin de tenter de donner un aperçu réaliste du futur, c'est le roman d'anticipation. C'est ainsi que dans Soumission, Michel Houellebecq décrit l'arrivée au pouvoir en France d'un parti islamique dans un futur proche, laissant le lecteur imaginer ce à quoi mènerait une radicalisation du pays. George Orwell situe son roman 1984 dans un monde divisé en trois puissances à la suite d'une guerre nucléaire et amène à réfléchir sur ce que deviendrait la société si les régimes totalitaires prenaient le dessus, faisant ainsi disparaître toute liberté de pensée et d'expression.

Ainsi, nous avons pu voir que la lecture d'un roman permet de connaître une période historique ou une société car c'est une reproduction de la réalité, avec la description d'évènements de l'Histoire ou de personnages représentatifs d'une société. Une reproduction qui possède tout de même des limites, le roman mêlant presque toujours la réalité à la fiction et l'auteur n'étant jamais totalement objectif dans son oeuvre. Le roman va même au-delà de l'apport de connaissance et propose une réflexion sur l'Histoire et les sociétés d'hier comme de demain.

Durant le XXème siècle émerge le mouvement du Nouveau Roman, qui se caractérise par une critique du modèle romanesque du siècle précédent, et particulièrement des romans de Balzac. Le Nouveau Roman ne cherche pas à décrire la réalité et place l'intrigue et les personnages au second plan afin de privilégier le travail d'écriture.