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Les Caractères La Bruyère

Par   •  21 Septembre 2018  •  2 107 Mots (9 Pages)  •  2 815 Vues

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Le seul qui semble échapper à ce jugement négatif, c’est Timon le Misanthrope : on peut donc se demander si seul celui qui déteste (ou méprise) les hommes est un homme susceptible d’un jugement positif.

II. ELOCUTIO → remarques sur le rapport entre les idées et l’expression → regarder au microscope

- Clarté et simplicité

Décrire

Le style de La Bruyère est marqué par l’esthétique classique, dont deux qualités fondamentales sont la clarté et la simplicité.

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- brièveté → prédilection pour les phrases brèves → citer des exemples. Même quand la phrase est longue, elle est articulée en plusieurs unités brèves par l’usage de la ponctuation forte (deux points ; point virgule) → opposition → silence créant un suspense Par opposition, 157 joue sur la longueur pour créer la surprise.

- oppositions, antithèses : pas une remarque ou le propos ne soit clarifié à l’aide d’une antithèse ou d’une opposition (1 : amour/oubli ; emportement contre les vices/nature ; 2 : ils changent / ils gardent ; 153 : médiocrité / sages ; 154 : verges / couronne, esprit / yeux+oreilles, etc.)

- figures multiples mais discrètes : chiasme en 1, parallélismes, et surtout hyperbates : la phrase semble finie, pourrait finir, mais est soudain relancée ou prolongée → effet de surprise

Interpréter

L’écrivain classique ne cherche pas à montrer son talent par des effets spectaculaires,. Il cherche donc à rendre l’écriture discrète pour que son propos finisse par apparaître comme une évidence. C’est ce que fait LB au début et à la fin de ce chapitre : la méchanceté de l’Homme apparaît comme à la fois évidente et surprenante grâce à la transparence du langage.

- Surprises de l’évidence

Décrire

La Bruyère, comme d’autres auteurs classiques, aime partir d’évidences pour révéler des vérités surprenantes : il prend toujours le contre-pied des préjugés, des clichés, des idées reçues, en jouant sur l’humour et sur l’ironie.

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Il y a des surprises dans toutes ces remarques :

1. ​Ne nous emportons point → on attend des circonstances atténuantes et, surprise : LB accumule les défauts (dureté, ingratitude, injustice, fierté, amour d’eux-mêmes, oubli des autres) ; puis 2e surprise, ces défauts sont en l’homme comme une propriété physique. L’homme est mauvais comme la pierre tombe, par nature. Ce qui paradoxalement noircit encore plus l’homme et donne encore plus envie de s’emporter contre lui

153. ​Il y a dans quelques hommes… quelques, donc une minorité : on attend quelque chose de rare, donc quelque chose de bien, or surprise : ...​une certaine médiocrité… mais la médiocrité, c’est ce qui est moyen, donc répandu, ​ fréquent, pas glorieux…. La brièveté semble liée à la formulation d’une vérité, d’une certitude, d’une évidence : si ce n’est pas immédiatement évident ou clair pour moi, il faut donc que je réfléchisse pour retrouver cette évidence → surprise.

155. ​Timon peut avoir l’âme austère et farouche… on attend donc un caractère brusque, sauvage, impoli, détestant les conventions sociales, comme Alceste, le Misanthrope de la comédie de Molière ; or surprise, le misanthrope de LB est “civil et cérémonieux…” → paradoxe : misanthrope ne veut pas dire asocial. Nouvelle surprise à la fin : la chute est un trait de satire misogyne (contre les femmes).

Interpréter

On constate donc que la surprise, avec des procédés variés (antithèse, paradoxe, ironie) traverse toutes ces remarques. Il faut rappeler que dans la tradition, la philosophie est “fille de l’étonnement” (Platon, repris par Aristote). Cet héritage est mis à contribution par LB dans la forme de la remarque : on part de l’évidence pour faire surgir les surprises, et la surprise elle-même conduit à la réflexion philosophique.

III. INVENTIO → remarques sur les constantes génériques et l’originalité du texte → regarder au télescope

- Pessimisme et christianisme

Décrire

La conception de l’Homme formulée par La Bruyère est imprégnée d’un profond pessimisme, qui plonge ses racines dans le dogme chrétien du péché originel.

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- isotopie des vices : dureté, ingratitude, injustice, fierté, amour d’eux-mêmes et oubli des autres (1) ; moeurs toujours mauvaises, fermes et constants dans le mal (2) ; médiocrité (153) ; l’homme se mène par les yeux et les oreilles (154) ; sots et impertinents (156) ; insupportable (156) ; le faux de leurs pensées, de leurs sentiments… (157) ; inconstance, opiniâtreté (157) ; âmes faibles, molles, indifférentes ; ridicules ; vices (158).

- ce qui est opposé à ces vices, ce ne sont pas de grandes vertus, mais des vertus relatives et surtout sociales : médiocrité sage en 153, persuasion par les ornements en 154, misanthropie polie en 155, hommes polis et raisonnables en 156, inconstance dans le faux en 157, vices non contagieux en 158.

Interpréter

La conception fondamentale est donc très sombre, très pessimiste : l’homme est mauvais par nature, comme “la pierre tombe et le feu s’élève” (1) → c’est le dogme chrétien du péché originel. Seule nuance : les vices humains sont un objet de découverte, d’expérience, et donc de connaissance (156) → sans eux, on ne connaît pas vraiment l’homme → grâce à eux, on accède à “l’instruction” et à “la morale”

Fixisme et discontinuité

Décrire

Ce qui est frappant chez La Bruyère, c’est que cette conception fixiste de l’Homme et de la nature humaine s’exprime dans une forme discontinue. Ce paradoxe entre génère à son tour d’autres paradoxes qui confèrent à La Bruyère une place originale entre littérature et philosophie, tradition et modernité.

Analyser

- pourquoi une pluralité de remarques si la thèse,

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