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Le Jeu de l’amour et du hasard, Acte I, scène 6, Marivaux

Par   •  9 Septembre 2018  •  2 641 Mots (11 Pages)  •  1 636 Vues

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« badinage » : badin : terme qui vient du provençal : badaud, qui aime à rire, qui aime à plaisanter. Le badinage : sottise, action de badiner, amusement, plaisanterie/ gravité, sérieux

Sous-entendus un peu grivois : la mère de Silvia aurait eu une aventure avec un maître ce qui pourrait expliquer la prestance de celle que Dorante croit être Lisette : ligne 60 « je ne m’en écarte peut-être pas tant que nous croyons, tu as l’air bien distingué, et l’on est quelquefois fille de condition sans le savoir » « Ah, ah, ah je te remercierais de ton éloge si ma mère n’en faisait pas les frais » 64-65

Transition :

Cependant les deux personnages jouent assez mal leur rôle et le masque se fissure. Leur véritable identité affleure sous le déguisement ce qui trouble leur interlocuteur, leur physique, leur langage les trahissent et la scène de séduction, à laquelle ils finissent par se livrer, ressemble plutôt à une scène de séduction à la « manière du grand monde » plus qu’à une scène de séduction entre valets qui est souvent plus directe. Ici véritable marivaudage fait de dérobades et de demi-aveux. Personnages troublés par l’autre mais qui ont des difficultés à se l’avouer. Double langage

II-Une scène qui révèle la vérité : derrière les valets les maîtres. Derrière le badinage, l’amour naissant. La vérité des sentiments

1-La fragilité des apparences et des signes « extérieurs » :

Le physique des personnages les trahit. Certes ils ont le costume des valets mais ils n’en ont pas le physique ni l’allure. Sorte de prestance qui les trahit. Idée que la noblesse serait visible « physiquement », visage, prestance :

- Dorante troublé par l’allure de Silvia

« Quelle espèce de suivante es-tu avec ton air de princesse ? » interrogation de Dorante ligne 28-29 qui trahit sa perplexité opposition suivante/princesse

Déjà dès sa première réplique il établissait une comparaison entre celle qu’il prend pour Lisette et sa maîtresse : « Lisette ta maîtresse te vaut-elle ? Elle est bien hardie d’oser avoir une femme de chambre comme toi » comparaison implicite qui élève Lisette au rang de sa maîtresse et même l’élève presque au –dessus car elle est présentée comme un danger pour sa maîtresse qui prend des risques car Lisette pourrait par son physique lui faire de l’ombre, la surpasser.

Ligne 61 intensif : « tu as l’air bien distingué et l’on est quelquefois fille de condition sans le savoir » parole qui est à double sens pour le spectateur. Sans le savoir Dorante dit la vérité Silvia est fille de condition, elle appartient à la noblesse

« air bien distingué » intensif

Fin de l’extrait : « je n’ai point de foi à l’astrologie mais j’en ai beaucoup à ton visage » sensible au charme et à la distinction de Silvia malgré ses vêtements de soubrette

Aparté également qui révèle ses doutes « cette fille-ci m’étonne, il n’y a point de femme au monde à qui sa physionomie ne fit honneur » tournure superlative.

- Silvia troublée par l’allure de Dorante

Même chose pour l’allure de Dorante qui le trahit : il déclare « Venge-t-en sur la mienne si tu me trouves assez bonne mine pour cela »

Aparté de Silvia : « Il le mériterait » 65 : cela signifie que lui aussi on pourrait accuser sa mère d’avoir fauté avec un noble tant il a l’allure d’un homme de condition. « bonne mine » : air noble

2-Le langage et l’esprit des maîtres qui affleure sous celui des valets

- Langage

Difficulté pour Dorante et Silvia de parler comme des valets

Le tutoiement pose problème à Dorante : « quand je te tutoie il me semble que je jure » exagération le tutoiement : injure faite à Silvia

« parbleu » de Dorante qui apparaît comme artificiel

Voir aussi le langage soutenu précisément pour dire qu’ils vont se parler sans façons : « Puisque nous sommes dans le style amical et que nous avons abjuré les façons » 10-11, interrogations langage soutenu : inversion sujet-verbe

« ma familiarité n’oserait s’apprivoiser avec toi » image +négation

Vocabulaire soutenu « ce dessein-là »

- Traits d’esprit qui ne sont pas celui d’un valet

À plusieurs reprises Silvia se montre sensible à l’intelligence, à l’esprit, à la finesse de Dorante :

-d’abord tournure négative : « ce garçon n’est pas sot et je ne plains pas la soubrette qui l’aura » litote (dire le moins pour exprimer le plus. Permet d’exprimer des faits, des sentiments avec retenue et élégance. Paradoxalement façon d’exprimer l’intensité)

-Parallélisme des répliques par lequel il la complimente : ligne 30 à 35. Respect des valets//respect des maîtres

Derrière leurs jeux de mots ils se disent des vérités : 31-32 : les valets la respectent ; 33-35 les maîtres la respectent car elle appartient à la noblesse

Silvia sensible à ce jeu avec le langage : « le trait est joli assurément »

-Autre mot d’esprit de Dorante pour dire qu’il ne peut s’empêcher d’aimer : « Ton petit traité n’est composé que de deux clauses impossibles » Métaphore du contrat+ restrictive : impossible de ne pas l’aimer.

Aparté de Silvia : exclamative élogieuse : « Quel homme pour un valet ! » après le trait d’esprit de Dorante

- Véritable identité qui affleure

Phrase de Dorante : « tu es peut-être fille de condition sans le savoir » ou aparté de Silvia « Il mériterait de l’être » : les deux personnages sans le savoir disent la vérité sur autrui : ce qu’ils ont cherché à cacher affleure malgré tout. Idem 30 à 32 : elle dit la vérité, elle a le respect des valets car elle est la maîtresse / il dit la vérité : les maîtres aussi la respectent car elle appartient à leur monde

3-Marivaudage amoureux

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