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La scène d'affrontement entre Tirésias et Oedipe

Par   •  2 Octobre 2018  •  1 540 Mots (7 Pages)  •  647 Vues

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II) Une scène qui met en avant l'hybris d'Œdipe

A) Œdipe, atteint par la démesure

Lors du premier épisode, Œdipe apparaît comme un roi puissant, le bienfaiteur de sa Cité et son bon pilote. Cependant, lors de sa confrontation avec Tirésias, il commence à perdre de sa superbe et révèle un autre aspect de sa personnalité : l'orgueil, la caractéristique principale de la démesure. Œdipe ne veut pas reconnaître que ce que lui dit Tirésias puisse être vrai parce que cela l'obligerait à se remettre en question.

En premier lieu, la caractéristique qui montre l'hybris d'Œdipe est son emportement. Les révélations de Tirésias l'ébranlent et il réagit avec violence en perdant tout discernement. Ainsi, dans la pièce de Sophocle, les stichomythies témoignent de la rapidité avec laquelle s'enchaînent leur discours et met en avant la colère d'Œdipe et l'exaspération de Tirésias, ce qui est renforcé par les injures et les menaces dont Œdipe couvre son ennemi « insensible » « ce fourbe charlatan » « tu t'imagines pouvoir en dire plus sans qu'il ne t'en coûte rien ? ». Mais c'est chez Pasolini que la violence de la scène est la mieux représentée. On la voit notamment à travers le jeu d'acteur de Franco Citti, les cris qu'il pousse et le regard furieux qu'il lance à Tirésias. De plus, le geste d'Œdipe d'enlever ses attributs royaux, la couronne, le manteau blanc et la barbe postiche, montre l'égarement du personnage qui dissipe ce moment de faiblesse par la violence. On le voit donc se mordre la main, geste récurrent qui témoigne de son angoisse, et pousser Tirésias par terre avec cruauté à plusieurs reprises.

La deuxième caractéristique qui met en avant la démesure d'Œdipe est sa paranoïa. Lorsque Tirésias l'accuse d'être le criminel qui souille leur pays, il se laisse emporter par la fureur et recherche un coupable. Pour cela il se retourne contre Créon, dont il dit pourtant qu'il est le « loyal Créon, l'ami de toujours », et préfère renier cette amitié au nom d'hypothèses absurdes et infondées plutôt que de laisser Tirésias le faire douter de lui-même. Il sombre dans la paranoïa et réinvente complètement son passé pour le faire correspondre à ses suppositions.

Cependant, Tirésias lui-même n'est pas à l'abri de toute réaction excessive. Ainsi, lui qui avait préféré se taire pour ne pas provoquer le malheur d'Œdipe, décide de lui révéler ce qu'il sait pour punir le roi qui l'outrage. Il reviens donc sur sa parole et se laisse lui aussi emporter par sa colère et par sa dignité bafouée. Les révélations qu'il fait à Œdipe apparaissent donc comme autant de punition pour le tyran qui a osé douter de son art.

B) L'impiété d'Œdipe

Dans cette scène, l'hybris d'Œdipe est particulièrement flagrante, en particulier à travers son scepticisme religieux. Œdipe s'emporte et renie ses croyances. Alors qu'il accordait toute sa foi à Tirésias « Ne nous refuse donc ni les avis qu'inspirent les oiseaux, ni aucune démarche de la science prophétique », il l'accuse d'être un charlatan et refuse de lui accorder la moindre légitimité « Et qui t'aurait appris le vrai ? Ce n'est certes pas ton art ».

Cette position d'incrédule est encore renforcée par la violence sacrilège dont il fait preuve lorsqu'il bouscule le devin à plusieurs reprises dans le film sans tenir compte ni de sa faiblesse ni du caractère sacré de son rôle de prophète.

Pour finir, Jocaste apparaît également comme un personnage incrédule. Elle est absente de ce passage chez Sophocle et ne parle pas chez Pasolini mais ses regards de défi en direction de Tirésias répondent en écho à ceux de son mari. A la fin du passage, quand Tirésias accuse le coupable d'être le « père de ses enfants en même temps que leur frère, [et] le mari de sa propre mère », elle rit nerveusement ce qui peut s’interpréter comme une reconnaissance inconsciente de sa culpabilité mais également comme une manifestation de son impiété et de son scepticisme envers les prophètes.

Pour conclure, nous pouvons dire que cette scène constitue une affrontement entre Œdipe et Tirésias, entre le pouvoir terrestre et divin, la foi et le scepticisme religieux, qui permet pour la première fois à la vérité d'émerger et met également en avant l'hybris du personnage principal. Nous pouvons considérer que, si cette scène est unique, elle annonce la fin de l’œuvre et en particulier celle du film. Œdipe, aveugle, prend la place de Tirésias ce qui est montré symboliquement par la présence du messager pour le guider et par le don de la flûte de Tirésias.

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