L'épilogue de l'Étranger de Camus
Par Christopher • 1 Janvier 2018 • 3 118 Mots (13 Pages) • 668 Vues
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va se sublimer.
3 – Une nouvelle facette de Meursault apparaît ici : un attachement matériel, sensuel à la vie. Avant Meursault est uniquement attaché aux sens et sensations ( soleil ou Marie ). A la fin du roman, cet attachement devient plus conscient. Il redécouvre toute la nature : « des bruits de campagne » ; « des odeurs de nuit, de terre et de sel » ; « nuit chargée de signes et d’étoiles ».
Mais il se redécouvre surtout comme faisant partie intégrante du monde. Voir correspondances entre les éléments et lui, voir la nuit qui « entrait en [lui] comme une marée ».
Meursault se retrouve ainsi lié charnellement au monde. L’instant présent valorisé. « J’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore ». Meursault est prêt, lucide et calme, proche de la nature et éloigné des hommes.
CONCLUSION.
Dans ses Carnets, Camus écrit « la mort ! A continuer ainsi je finirai bien par mourir heureux ». C’est ce paradoxe que l’on retrouve de manière évidente dans notre épilogue. « Pessimiste quant à la condition humaine, mais optimiste quant à l’homme ». Carnets.
C’est à travers révolte et colère que l’homme découvre l’absurdité de la condition humaine. Il faut d’abord renoncer à l’espoir, se retrouver face à la mort, pour comprendre quel est le salut de l’être humain.
Ce dernier moment est lyrique, sorte de dernier cri d’un homme, qui est paradoxalement un cri d’amour et de vie.
Introduction
Ce texte est un extrait de l’épilogue du roman L’Etranger de Albert Camus, grand écrivain du XXème siècle, qui, avec L’Etranger en 1942, accède à la célébrité. Il met en scène Meursault, le personnage principal accablé par son quotidien, refusant de jouer le jeu du conformisme social, il vit au jour le jour.
L’Etranger retrace une partie de la vie de cet employé de bureau qui tient une sorte de journal de bord dans lequel le lecteur plonge dans le quotidien de cet individu. Un jeu de circonstance l’amène à tuer un arabe.
A l’article de la mort, l’aumônier pénètre dans la cellule de Meursault, la conversation s’engage entre les deux hommes, les paroles de douceur et d’espoir mettent Meursault hors de lui ; la tentative de repentir Meursault échoue et ce dernier se précipite sur l’aumônier le saisit au collet et l’insulte, c’est alors que Meursault a une terrible révélation : tout homme naît pour mourir, d’une façon ou d’une autre nous sommes tous destinés à mourir.
Le passage est un long pathétique mais à la fois tragique monologue où s’opposent la croyance et la réalité, la révolte, les pensées enfouies et la nuit estivale mais aussi deux subjectivités : celle du condamné et la condition humaine.
I. La révolte de Meursault
Meursault a toujours fait preuve d’impassibilité, là, dès le premier paragraphe, la colère l’a envahit sans qu’il ne sache réellement pourquoi « alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi ». On remarque le champ lexical de la colère qui peint l’atmosphère dans la cellule, citons « je me suis mis à crier à plein le gosier », « je l’ai insulté », « pris par le collet », « je déversais sur lui tout le fond de mon cour avec des bondissement mêlés de joie et de colère », un peu plus loin nous avons « j’étouffais en criant tout ceci ».
Pis encore, il y a ce manque de respect, cette violence sans pitié pour cet envoyé de dieu qui tente de discuter « il n’était sûr d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort » (ligne 11), ici, nous sommes en présence de la pensée athée que nous développerons un peu plus loin.
A partir de la ligne 11, il y a cette réaffirmation de soi dans le fil conducteur de ce long monologue qui marque d’une certaine façon l’apogée du texte. C’est le début d’une remise en question qui sera marquée entre autres par des phrases de types oratoires et des « flash-back ».
La colère de Meursault se traduit également par une colère physique, nous citons « moi j’avais l’air d’avoir les mains vides » (l.11 et 12), nous remarquons que c’est une façon tacite de faire allusion au poids de l’aumônier qui importe peu dans un cas d’extrême colère.
Auparavant, Meursault ne prenait pas beaucoup de recul, il ne faisait pas d’allusion à l’avenir, preuve de cette stabilité de pensée, il est retranché de la vie, il sort du corset du temps « sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir » (l.14).
A partir de la ligne 17, outre les répétitions du verbe « avoir » à la première personne du singulier de l’imparfait, c’est-à-dire 7 occurrences à chaque début de phrases. Meursault n’écoute que lui, seules ses convictions sont vraies. Il se suffit à lui-même « j’avais eu raison, j’avais encore raison, j’avais toujours raison » (l.18).
La forte révolte de ce condamné à mort confère à sa vie son prix et sa grandeur, elle exalte l’intelligence et l’orgueil de celui-ci.
Il y a une remise en question prédominante avec l’énoncé des actes acquis, des faits et leurs paradoxes, c’est un véritable retour en arrière (l. 17 a 22).
En outre : la raison, la vie, le fait accompli ou du non accompli, soulignent ce constat. Ils sont les thèmes forts.
A la ligne 22, la question oratoire « et après ? » montre le côté ridicule d’une vie vouée dès le départ à la mort.
Nous observons une corrélation entre la mort et la vie qui renvoie à la programmation de la mort dès l’aube de la vie, c’est-à-dire que dès sa naissance, l’homme est un condamné à mort. Dans l’énoncé cette mort programmée est d’ailleurs illustrée par la séquence : « tout le monde était privilégié »; « les autres on les condamnerait un jour. » (l.41).
De la ligne 22 à 44, Meursault découvre le lot de tout homme, il est condamné à mort et cette réflexion est le rejet violent de l’hypothèse religieuse et surtout de celle d’un espoir chimérique.
On voit Camus dans Meursault, le personnage fictif a une dimension réelle dans la réflexion religieuse de Camus, il refuse un certain nombre de réponses comme l’hypothèse religieuse qui consiste en l’idée que l’homme ait voulu et guidé par Dieu et
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