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Incipit d'un amour de swann

Par   •  21 Février 2018  •  1 761 Mots (8 Pages)  •  1 075 Vues

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II/ La charge satirique

- Un monde d’apparences

- Recours fréquent aux guillemets, qui permet de comprendre que le narrateur prend une certaine distance ironique avec les citations des personnages. Il y a donc bien une satire derrière cette description d’un salon mondain

- Côté théâtral aussi de ces citations, qui font entendre la voix des personnages. Proust un peu plus tard dans le roman dira d’ailleurs des Verdurin qu’ils sont sortis « d’une pièce de Labiche » (dramaturge du XIXème siècle, auteur de vaudevilles, comédies légères qui mettent en avant les défauts de la haute bourgeoise à travers moult quiproquos). Ceci met en exergue l’hypocrisie des Verdurin qui cachent ce qu’ils sont réellement, et la redondance qui mettait en valeur l’apparente vertu de Mme Verdurin est d’ailleurs contredite quand elle qualifie Odette d’ « amour », car ce terme en faisant écho au titre implique une relation amoureuse, et laisserait à penser que Mme Verdurin n’aurait rien contre les amours « saphiques » (entre deux femmes).

- Cette mise en scène d’elle-même se voit aussi par la situation hyperbolique où elle rit à s’en décrocher les mâchoires, mais là aussi de façon très discrète le narrateur indique sa réprobation avec l’emploi de l’imparfait d’habitude « elle avait l’impression de prendre au propre les expressions figurées des émotions qu’elle éprouvait », ce temps ici présente Mme Verdurin sur un jour peu flatteur, d’abord elle est une personne peu discrète, mais en plus sotte car elle ne comprend pas ce qu’est une expression figurée.

- L’apparence bonne enfant du cercle, et le mécénat artistique qui lui est lié ne sont aussi qu’une apparence. Nous pouvons voir que les Verdurin ne sont pas fidèles à leur protégé comme le montre les c.c. de temps comme « protégé de Mme Verdurin cette année-là », ce qui sous-entendrait que le protégé change chaque année. La référence à « la Chevauchée » de La Walkyrie de Wagner ou à son Tristan et Isolde qui les plaçait dans les cercles néo-intellectuels semble aussi très ironique, puisque ces morceaux qui ne peuvent pas être joués car ils donnent la migraine à la maîtresse de maison, le sont sûrement pour une autre raison, implicitement dite dans le texte par une antiphrase « non que cette musique lui déplût », Mme Verdurin qui veut paraître à la pointe des courants artistiques, ne comprend sûrement rien à Wagner…

La satire sociale présente donc le milieu de la haute-bourgeoisie comme un milieu hypocrite et plein de faux-semblants mais la charge satirique ne s’arrête pas là, car il cache aussi des sentiments peu nobles.

- Un monde intolérant.

- A l’inverse de Swann qui va symboliser l’ouverture d’esprit, la petite coterie des Verdurin est très étroite d’esprit. Sous ses dehors bohêmes que nous avions mis en avant dans la première partie, elle cache une intolérance profonde comme l’indique le champ lexical de la religion allié à celui de l’intolérance « credo », « petite église », « fidèles »… → le salon des Verdurin est un petit cercle n’ayant pour but que de mettre en avant la maîtresse de maison, véritable prêtresse des lieux, et pratiquant un ostracisme systématique des personnes pouvant mettre à mal cet univers comme le montrent les hyperboles « démon de frivolité », « contagion », qui explique la présence peu nombreuse des femmes dans ce salon.

- Il faut d’ailleurs bien décrypter à ce sujet les raisons de la présence d’Odette et de la tante du pianiste. Proust, dans la longue phrase qui les caractérise dans le second paragraphe, paraît assez neutre à leur sujet dans un premier temps, Odette est là car Mme Verdurin l’apprécie, l’ancienne concierge car elle est liée à un artiste ; puis après le point-virgule, les masques tombent et par le biais d’un euphémisme « personnes ignorantes du monde et à la naïveté de qui… », si ces deux dames sont là c’est par ce qu’elles sont sottes et crédules au point que Mme Verdurin peut les manipuler à sa guise comme le montre l’emploi du groupe verbale « facilement accroire ». Donc, derrière l’aspect « bohême » et « ouvert » se cache un certain mépris pour les classes sociales moins favorisées.

- Enfin, Mme Verdurin derrière son apparence cache une jalousie dévorante pour la noblesse, comme le montrent ses médisances envers « la princesse de Sagan » et la « duchesse de Guermantes » et la chute de la description de sa famille « entièrement obscure avec laquelle elle avait peu à peu cessé volontairement toute relation », les modalisateurs ici indiquent bien l’ironie du narrateur qui n’est pas dupe du théâtre Verdurin, et qui perçoit l’arrivisme, la jalousie du couple.

La satire sociale a donc totalement démonté la description bohême du cercle artistique des Verdurin, et mis à jour leur aspect sarcastique vis-à-vis des plus humbles et leur jalousie vis-à-vis de la noblesse.

Conclusion

- Rappeler la problématique

- Dire que la longueur caractéristique des phrases proustiennes est ici au service de la satire sociale, car ces longues phrases sont souvent pleines de sous-entendus ironiques.

- Faire une ouverture : exemples

- Les apparences trompeuses du cercle annoncent déjà les apparences trompeuses de l’amour ;

- La satire de la haute bourgeoisie est un topos de la littérature du XIXème siècle, exemple La Curée de Zola, dans Le Père Goriot de Balzac à travers le dédain des deux filles du père Goriot pour l’auteur de leurs jours…

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