Dissertation sur le rôle de la littérature dans la société
Par Andrea • 11 Octobre 2018 • 2 350 Mots (10 Pages) • 904 Vues
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Conclusion de la dissertation
En fin d’analyse, nous voyons qu’effectivement l’œuvre littéraire constitue un miroir qui reflète les visages de nos comportements. Mais comme les hommes sont essentiellement conservateurs, ils voient plutôt en l’écrivain un adversaire, un subversif qu’il faut combattre et ils ont le choix des armes. C’est pourquoi écrire devient un perpétuel combat : contre les us et contre les hommes. Placé au centre de cette lutte pour l’avenir, l’artiste se doit de persévérer et armer son coup d’épaule avec la puissance qui fera tomber bas les vieux édifices des fléaux qui nous écrasent. Cette puissance se situe dans la distance entre le réel vécu et le texte littéraire, fictif par définition.
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SUJET :
Dans Le travail en miettes de Georges FRIEDMAN (1964) un personnage, ouvrier américain, déclare : « le travail, c’est tout simplement ce qui commande toute notre vie. »
Que pensez-vous de cette déclaration ? Faut-il laisser les commandes de sa vie a travail ?
Le corrigé rédigé
Si l’on en croit La FONTAINE (17e siècle) dans un de ses rares poèmes où on ne parle pas d’animaux, un père laboureur fut sage d’enseigner à ses enfants, avant sa mort, que « le travail est un trésor. » En prenant cette parole à la lettre, on déduira que quiconque ne travaille pas ne possède rien. En 1964 Georges FRIEDMANN reprend pareillement les propos d’un ouvrier américain qui affirme sans ambages que « le travail c’est tout simplement ce qui commande toute notre vie.» Vraiment toute notre vie ? On peut y regarder par deux fois. Mais essayons d’abord de définir la notion de travail, nous verrons ensuite ce qu’il en est de sa place dans la vie de l’homme moderne.
L’interprétation du texte biblique a souvent voulu donner au travail une signification punitive. Car si Ève n’avait pas mangé la pomme interdite sous l’impulsion du serpent, si Adam n’avait pas suivi les conseils de sa compagne, Dieu ne serait pas entré en colère et le verdict : "Tu travailleras à la sueur de ton front" ne serait pas devenu célèbre en scellant du même coup le destin de la race humaine. Mais après tout, on peut continuer la polémique dans plusieurs directions. Par exemple, Adam a-t-il été puni parce qu’il a désobéi à Dieu ou parce qu’il a été assez naïf pour se laisser tromper facilement ? En tout cas il n’est jamais devenu l’égal de Dieu après sa faute, et le pommier n’était peut-être pas l’arbre de la connaissance comme le prétendait le diable. Et puis tous ces animaux qui « travaillent » – l’oiseau qui construit son nid, la fourmi de la fable qui accumule ses provisions tout l’été – n’avaient reçu visiblement aucune punition. Pourtant ils travaillent aussi !
Le mot " travail " semble porter historiquement lui-même l’indice de souffrance : il dérive du latin tri-palium, instrument qui servait à immobiliser les chevaux difficiles ou les bœufs pour les traiter ou les ferrer, comme une sorte de joug. Pour que le tour soit complet il faut signaler qu’il y a deux façons de travailler. D’abord le travail intellectuel qui sollicite du travailleur un effort mental soutenu pendant une certaine période, et qui a permis la formule : " se remuer les méninges " dans une activité intellectuelle organisée, en vue d’atteindre des objectifs précis.
Ensuite y a le travail qu’on dit manuel, mais qui sollicite l’effort de tout le corps, et pas des mains seulement. On devrait dire : travail physique où on peut observer l’individu en plein effort, coulant la sueur de son front dans une activité qui vise à transformer son monde. Mais ce travail-là n’en demande pas moins des efforts intellectuels : l’artisan, le cultivateur ou le tisserand doivent être vigilants pour ne pas produire un résultat de travail inutile. Même le cuisinier doit veiller à la quantité d’épices, à une multitude de détails sans lesquels sa cuisine n’aurait pas de valeur.
La conception moderne du travail est toute autre. Georges FRIEDMANN en parle dans le sens où il a une certaine signification. Manuel ou intellectuel, le travail est payé, et la contre-partie s’appelle "salaire". L’ouvrier américain que l’auteur évoque se plaint, non pas de ce qu’il ne travaille plus, mais de ce qu’il n’a plus de salaire ; là est toute la question, même si l’un est le fruit de l’autre. Salaire : le mot magique qui fait rire ou pleurer, qui nous libère ou qui nous condamne, qui nous donne ou nous refuse la possibilité d’être, et qui sans métaphore signifie argent ; le nerf de la guerre qui ouvre toutes les portes. Nous semblons être esclaves non pas du travail, mais du fruit de ce travail : l’argent, dans un monde où toute chose a un prix. George-Bernard SHAW dit très justement : "L’esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié. "
L’autre dimension du travail est essentiellement éthique. Si on cesse de le considérer comme salariat, il devient façon de vivre et retrouve quelque noblesse. Selon VOLTAIRE, "le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin." Cette triple capacité rend le travail indispensable pour l’équilibre de l’individu et le salut de l’espèce humaine. Déjà à partir du travail la société peut se concevoir, s’organiser en groupes identifiables et contrôlables : les corps des magistrats, enseignants, médecins, agriculteurs, ou artistes, qui facilitent le pouvoir des institutions et de l’État, même si pour NIETZSCHE "ce travail-là constitue la meilleure des polices " pour mettre les individus au pas.
Le travail est donc utile à l’individu – parce qu’il lui donne des revenus pour vivre – et à la cohésion communautaire – parce qu’il réunit des personnes qui ne se connaissent pas sous l’aile de la profession. Mais de là à le regarder comme " tout ce qui commande toute notre vie " ?
Il est des choses qui ont aussi une grande importance dans la vie. Dans les sociétés capitalistes, les grands propriétaires ne travaillent plus, du moins on le croit. Les Grégoire, personnages de ZOLA dans Germinal, ne travaillent pas ; ils attendent les dividendes que la société minière leur verse tous les mois en sommes colossales,
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