Dissertation sur le rôle de la poésie
Par Plum05 • 30 Octobre 2018 • 3 270 Mots (14 Pages) • 1 713 Vues
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par synecdoque, à la femme. Celle-ci semble avoir le droit de vie ou de mort sur le poète, et son front est symboliquement le sièges des connaissances et des émotions. Ce symbolisme vient ici ce lié avec un lyrisme prononcé qui démontre la capacité d’une poésie à répondre non seulement à une volonté d’esthétisme que certain poètes ont comme unique visée, mais aussi la capacité de la poésie à véhiculer des émotions au lecteurs. Ainsi, comme l’affirme Baudelaire la poésie peut en effet, pour certain poète, avoir une visée essentiellement esthétique, cependant la poésie se manifeste aussi par son aptitude à transmettre des sentiments au lecteurs.
Contrairement à l’affirmation de Baudelaire, la poésie permet aussi au poète de défendre des idéaux en véhiculant des sentiments forts afin de promouvoir la conscience et la réflexion. Ainsi et en particulier la poésie peut avoir une fonction moralisatrice par sa capacité d’instruire les lecteurs et de leur inculquer des valeurs morales nouvelles. La visée moralisatrice de la poésie se démarque considérablement au XVIIème siècle avec la perspective du placere qui s’y développe ; le poète cherche à plaire au lecteur pour mieux l’instruire. La Fontaine qui affectionne particulièrement la perspective du placere, développe avec ses fables une dimension didactique avec les moralités qu’il donne à entendre. La Fontaine explique cette perspective avec ces mots : “l’apologue est un charme, il rend l’âme attentive (...) l’attachant à des récits qui mènent à son gré les cœurs et les esprits”. Ainsi, il souligne l’intérêt d’allier divertissement et instruction dans une fable pour faciliter l’attachement du lecteur à l’apologue et à la moralité qu’elle contient. Dans sa fable, “les Deux Amis”, La Fontaine théâtralise son récit et réalise une transposition dans un univers exotique, qui devient en conséquence plus plaisant pour le lecteur. Par cela, la Fontaine s’assure l’attachement des lecteurs et facilite leur assimilation de la moralité de sa fable. Cette dimension instructive de la fable est de surcroît renforcée par l’interpellation explicite du lecteur par une question qui lui est directement adressée. Dans les Deux Amis, le lecteur tire donc un enseignement du récit, et l’idéal présenté offre un modèle à suivre malgré son aspect utopique et inaccessible. Ainsi, les poètes ont la possibilité d’instruire les lecteurs en leur livrant un récit prenant à visée moralisatrice. Cette dimension divertissante des fables permet donc au lecteur d’assimiler le message instructif ou la moralité sous entendue par la poésie. Cependant, les poésies ne peuvent se restreindre uniquement à un but didactique, l’utilisation de registre argumentatif permet aux poètes, au même titre que le divertissement des fables, de défendre et véhiculer des idéaux.
En second lieu, la poésie engagée démontre sa capacité à véhiculer une force et à rallier les lecteurs dernière une cause défendue par son auteur. Avec la poésie engagée, le poète exprime son opinion et la rattache à une cause qu’il souhaite défendre et soutenir. Victor Hugo est à titre d’exemple, un poète engagé qui a affirmer son engagement et sa lutte pour le droit social en dénonçant notamment le travail des enfants. En effet, avec “Mélancholia”, Victor Hugo rédige un véritable poème militant contre les injustices sociales. La progression du poème s’effectue de manière à rallier le lecteur à sa cause. Le poète évoque tout d’abord implicitement le travail industriel des enfants, avant d’exprimer toute son indignation et sa colère dans un ton emphatique face aux conséquences d’une telle abomination qui “brise la jeunesse”. Ce poème engagé permet à Victor Hugo de dénoncer une situation alarmante, en mettant en mots l’atrocité d’une telle situation, qui a des lourdes conséquences aussi bien physiques, avec la maladie et l’enlaidissement que morale avec la tristesse et le désarroi ou encore sociales avec les misères engendrées. La poésie permet donc au poète de prendre part aux débats qui agitent son temps en dénonçant une situation lié au contexte politico-social dont il est contemporain. Enfin la poésie, par sa capacité à faire adhérer ses lecteurs et à emplir les coeurs d’une véhémence nouvelle, est devenue en France le principal moyen littéraire de résistance durant la seconde guerre mondiale et l’occupation nazi. En effet, Paul Eluard, comme d’autres poètes engagés, incita à la résistance et au combat pour la libération avec son poème “Liberté”. Ce texte devenu extrêmement populaire représente aujourd’hui une véritable incarnation de la résistance française. Dans “Strophes pour le souvenir” paru en 1955, Aragon célèbre la résistance française en la sublimant par la poésie. Ce poème s’érige aussi bien comme une oeuvre mémorielle, une dénonciation de la guerre ou encore une célébration de la vie. La puissance d’évocation poétique témoigne de l’intemporalité de la poésie car celle-ci parvient à réanimer le souvenir de la résistance à qui un glorieux hommage est rendu. Ainsi, la poésie engagée véhicule une force auprès de ses lecteurs en les ralliant à une cause défendue par le poète. Le message poétique ne reste pas pour autant limité à une période ou des événements spécifiques puisqu’il se révèle intemporel.
La poésie permet à son auteur de défendre une part de l’humanité dont les revendications sont assourdies. Le mouvement de la négritude, mené par des écrivains francophones, qui émerge dans la période d’entre deux guerres lutte contre les discriminations raciales. Ce mouvement transmet par le choix de sa forme d’expression un message véritablement universel et intemporel dans un monde où la question de l’égalité raciale reste encore et toujours d’actualité. Dans son poème “C’était un bon nègre”, Aimé Césaire fait explicitement référence à l’esclavage pour montrer la vocation à l’échec d’un tel système et par extrapolation d’un système colonialiste contemporain de la Négritude. En effet, l’évolution structurale de la poésie marque métaphoriquement un renversement avec le soulèvement des esclaves qui prennent leur destiné et donc leur liberté en main. Ce renversement frappant est aussi marqué par la rupture, à la fin du poème, d’un rythme uniforme suscité par la musicalité monotone présente tout au long du texte. Par ailleurs, la poésie “Le dormeur du Val” de Rimbaud n’est-elle pas, au-delà d’un simple engagement politique, une véritable critique de la guerre et de ses ravages ? La chute brutale et extrêmement marquante de la fin du poème, est permise
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