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Dissertation le loup et l'agneau Jean de la Fontaine

Par   •  28 Octobre 2017  •  1 950 Mots (8 Pages)  •  1 391 Vues

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De plus, nous avons l'Agneau qui, de son côté, répond de façon raisonnée au loup, tout en restant poli et humble face à son adversaire. L’ Agneau parle plus que le Loup, bien qu'il ne s'exprime pas en alexandrins comme le fait son rival. Il raisonne ses propos et structure ses phrases afin de ne pas offenser le Loup. En effet, dès son premier mot, la bête innocente montre tout le respect qu’elle a face à son rival en le nommant « Sire », ou encore « Sa Majesté ». L' Agneau répond trois fois aux accusations du Loup. A chaque fois, sa réplique est plus courte, jusqu'à ne mesurer que quatre syllabes : « Je n'en ai point. »(vers 23). On peut en déduire que la bête commence à comprendre ce qui va lui arriver. Elle appréhende le fait qu'elle va devoir mourir pour rien.

Jean de La Fontaine est clair et précis dès le premier vers de son récit: la morale est annoncée et elle ne changera bien évidemment pas tout du long du récit.

Dans cette poésie, la morale est totalement irréversible et ne laisse aucune place au doute. C’est d’ailleurs pour cela qu’il en fait part aux lecteurs en premier. La morale de la fable Le Loup et l’Agneau est: « La raison du plus fort est toujours la meilleure » (vers 1). Cependant, de son point de vue, l’auteur n’est pas d’accord avec le sens de cette morale qui, avec le mot « toujours » en son sein, semble totalement irréversible. En effet, le loup n’aurait pas eu à argumenter avant de dévorer l’agneau si l’écrivain avait été d’accord. Nous pouvons constater qu’une semblable morale est également présente dans un récit d’Ésope également nommé Le Loup et l’Agneau: « Cette fable montre qu’auprès des gens décidés à faire le mal la plus juste défense reste sans effet. ». Toujours sous le même titre, Phèdre, l’autre inspiration de Jean de La Fontaine, écrira: « Cette fable est pour certaines gens qui, sous de faux prétextes, accablent les innocents. »

Jean de La Fontaine dénonce de part cette morale les injustices qui planaient sur la France lors de cette époque, son époque. En effet, le fabuliste vivait lors de la monarchie absolue, sous le règne de Louis XIV, à une époque dans laquelle de nombreux abus de pouvoir étaient de mise de la part des monarques, des nobles et de l’église face à un peuple asservi.

Avec sa fable, l’auteur accuse l’impuissance de son peuple qui était forcé de se soumettre, et ce arbitrairement, à l’autorité de chacun de ses supérieurs du point de vue de la classe sociale. Dans son œuvre, Jean de La Fontaine use de deux personnifications fort judicieusement pour donner son avis sur la société et ses acteurs de son époque. En effet, le loup tyrannique représente le Roi Louis XIV, les nobles, ou encore les hommes d’église, alors que l’agneau innocent qui tente de se défendre, sans succès, représente le peuple. Le peuple, comprenez le Tiers État, malgré le fait qu’il n’était de loin pas tout le temps en accord avec les « grands » de la société, n’avait pas d’autre choix que de se plier à leurs décisions. Leur parole n’était pas entendu, tout comme la parole de l’agneau n’est pas entendue par le loup. De ce fait, nous comprenons mieux le choix des personnages. Cela est une féroce satyre sociale que nous présente ici l’écrivain.

Certains auteurs, mécontents que le méchant, ne soit pas puni pour son acte, ont réécrit la fable en modifiant la fin pour que le loup soit finalement puni. Cependant ils ont gardé les mêmes personnages que dans le texte de base.

En conclusion, nous pouvons voir que le choix des deux personnages et de leur caractère est tout sauf un hasard. En effet, ces deux animaux sont à l’image du fossé que sépare le Tiers État, représenté par l’agneau, et le reste de la population telle que le Roi, les nobles ou encore les ecclésiastiques, quant à eux représentés par le loup. De ce fait, la morale de la fable est en rapport direct avec les différences au sein de la société dans laquelle vivait Jean de La Fontaine. Nous remarquons en effet que la morale, claire et précise dès le début du récit, est utilisée pour dénoncer les injustices entre les différents ordres de cette époque.

Nous pouvons également affirmer que Jean de La Fontaine a été un des précurseurs des Lumières, car il a osé, certes indirectement, dénoncer les injustices qui régnèrent en France au XVIIe siècle. L’auteur utilise l’ironie dans sa fable pour faire entendre son message.

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