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Commentaire du portrait de la "Princesse de Clèves", de Mme de Lafayette

Par   •  26 Novembre 2018  •  1 405 Mots (6 Pages)  •  682 Vues

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d’une rigoureuse éducation prodiguée par Mme de Chartres, sa mère.

L’éducation reçue par Mlle de Chartres est toute particulière. Elle a été faite en dehors des codes classiques de la noblesse, sa mère ayant « passé plusieurs années sans revenir à la cour » (l.7). L’éducation des jeunes filles était rarement donnée directement par un des parents. Ici, les verbes à la voix active révèlent la forte implication de Mme de Chartres : « elle avait donné ses soins » (l.8) ; « travailla » (l.9) ; « songea » (l.9). Ces verbes sont tous transitifs ; les actions de la mère ont donc un objet et un but précis. L’éducation de sa fille doit lui permettre d’acquérir des qualités au moins égales aux siennes, qualifiées par l’hyperbole « extraordinaires » (l.6).

Cet écart de la cour se fait notamment ressentir à travers l’apprentissage de l’amour. La mère de Mlle de Chartres déroge à la vérité générale qui voudraient « qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner » (l.11). En outre, le terme générique « la plupart des mères » s’oppose à la dénomination de Mme de Chartres. C’est une extravagance d’évoquer l’amour à la cour du XVIème siècle et pourtant Mme de Chartres en parle « souvent » (l.12). Cette habitude/répétition se remarque par l’utilisation de l’imparfait : « elle faisait des peintures de l’amour » (l.13) ; « elle lui montrait » ; « elle lui en apprenait » (l.14) ; « elle lui contait ». Toutefois, l’éducation amoureuse prodiguée par Mme de Chartres a un but précis : « persuader » (l.13) sa fille de ne pas céder à la passion amoureuse. Le verbe persuader n’est pas choisi au hasard. Contrairement au verbe, convaincre qui est basé sur une argumentation rationnelle, la persuasion invoque les sentiments et la subjectivité. Ainsi, Mme de Chartres lui « fait voir » (l.16 et 19) ce qu’elle souhaite. Tandis que l’amour est qualifié une seule fois d’agréable, des énumérations tentent de dégoûter Mlle de Chartres de jamais y goûter : « dangereux, tromperies, infidélités, malheurs » (l.14,15). D’autre part, ce que Mme de Chartres nomme la vertu et qu’on pourrait nommer la résistance aux plaisirs de la passion, implique de nombreux états agréables et plaisants : « tranquillité, éclat, beauté, bonheur ». Elle insiste notamment sur la vertu avec la préposition hyperbolique « combien » (l.17). Selon elle, « seul[e] » (l.20) la vertu peut faire le bonheur d’une femme (hyperbole et subjectif).

Ce long enseignement de l’amour à Mlle de Chartres est annonciateur d’un destin qui ne respecte pas les recommandations de Madame.

Les nombreux avertissements de Mme de Chartres laissent présager un danger omniprésent de la passion amoureuse à laquelle risque de succomber Mlle de Chartres. En effet, lors de sa « seizième année », Mlle de Chartres est encore dans une « extrême jeunesse » (l.24) ; l’accent hyperbolique créé par l’adjectif extrême laisse supposer une grande naïveté et ignorance malgré son éducation. L’entrée à la cour de Mlle de Chartres est ainsi une épreuve et la vertu jusqu’ici acquise est « difficile à conserver » (l.19). En effet, comme nous l’avons vu précédemment, lors de l’arrivée de la jeune fille à la Cour seule son apparence à susciter l’intérêt. C’est ainsi un monde d’apparence, trompeur et hypocrite. La seule chose qui est dite sur la Cour est qu’elle est un lieu « accoutumé à voir de belles personnes » (l.3). Son aspect superficiel est très facilement remarquable. Les derniers mots du portrait sont d’ailleurs un indice non négligeable sur la continuation du roman. Mlle de Chartres est pleine de « grâce et de charmes » (l.30). Voilà deux qualités qui sont un atout majeur dans la séduction ce contre quoi sa mère l’a toujours protégée.

Le destin extraordinaire de Mlle de Chartres est aussi prévisible grâce à la gloire qu’elle suscite chez sa mère qui est donc « glorieuse » (l.24). De plus, selon elle, personne n’est « digne de sa fille ». Elle dresse ici la portrait d’une jeune tout à fait hors du commun à qui le futur réserve des surprises.

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