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Analyse L'évadé - Boris Vian

Par   •  22 Juin 2018  •  2 178 Mots (9 Pages)  •  1 690 Vues

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∙ Le rythme est également accéléré par la répétition du vers « pourvu qu’ils me laissent le temps », qui apparaît de plus en plus rapproché.

→ 5 vers d’écart ; puis 3 et enfin 1

Les intervalles sont de plus en plus court, faisant penser à la fin d’un compte-à-rebours. On sent que la fin est proche pour ce prisonnier, mais qu’il essaie tout de même de gagner du temps, mot clé dont la répétition en devient presque obsédante dans les 2 dernières strophes

- Les poursuivants

On remarque que les actions de l’évadé font toutes appel à nos émotions, elles sont chaleureuses en quelque part et le rendent pleinement vivant. En opposition, les termes associés aux poursuivants sont froids, sans âme et sans émotion (ex : sans joie (v.4) / strophe 4 : canons ; cracher ; feu sec / strophe 6 : cuivre ; foudroyé ; sang / assassins (v.29)).

L’opposition entre le fugitif et les poursuivants est d’autant plus marquée par leur différence de rythme ; comme on l’a dit précédemment, le rythme de l’évadé est semé d’embûches qui ne cessent de le ralentir, tandis que celui des surveillants est fluide (les enjambements d’un vers à l’autre le montrent : strophe 4 : les canons d’aciers bleus crachaient de courtes flammes de feu sec ; strophe 6 : une abeille de cuivre chaud l’a foudroyé).

∙ Petit à petit se met en place le dispositif qui va donner la mort. Celui-ci apparaît de manière irrégulière dans le poème. Cela montre que la mort n’est pas omniprésente dans la course de l’évadé, mais en y faisant des apparitions saccadées, elle lui rappelle qu’elle n’est pas loin et qu’elle le guette.

D’abord il y a l’alerte avec la personnification de la sirène, qui est sans joie. Puis les fusils tirent, la menace se fait plus précise, « les courtes flammes de feu sec » montrent que la mort se rapproche hâtivement, puis finalement une balle le touche.

∙ On note le champ lexical de la violence : « canons d’acier bleu », « cracher » et « courtes flammes de feu sec », « foudroyé », « sang » et « assassins »

→ STROPHE 4 : allitérations en « k » et en « r » créent une impression de martèlement, renforcent la dureté des vers et font entendre le bruit des coups de feu ; de plus, les coups de feu sont associés à des crachats, métaphore péjorative (idée de saleté, d’humiliation,..)

CELEBRATION DE LA VIE ET DE LA LIBERTE

La dernière strophe et le vers final, détaché du reste du poème invitent à lire autrement cette course de l’évadé. Il ne s’agit pas simplement de la mort d’un homme mais d’une véritable célébration de la vie, de la nature et de la liberté (thèmes de l’existentialisme).

- Eloge de la vie

A la course de l’évadé répond l’exaltation des valeurs de l’existence telles que l’intensité, l’avidité, la joie de vivre.

∙ Comme évoqué précédemment, le vers « pourvu qu’ils me laissent le temps » donne un véritable rythme au poème, et donc on peut croire que l’évadé échoue, au vers 23, quand il est foudroyé, étant qu’on ne connaît pas le but de sa course.

Mais l’anaphore « il avait eu (sous-entendu → ellipse) le temps de... » répétée 6 fois, précise le sens de sa course : le temps de BOIRE ; porter à sa bouche ; de rire, de courir... (v.25 et suite) et montre ce qu’il espérait vivre en réalité

∙ La nature traduit, elle aussi, le désir de vivre du prisonnier, son envie de “croquer la vie à pleines dents“ : v.11 « deux feuilles jaunes gorgées de sève et de soleil » ; v.27 « deux feuilles gorgées de soleil »

∙ De plus, tous les sens sont sollicités, ce qui montre que l’évadé vit et profite pleinement de sa course malgré le risque de mourir à tout moment :

Strophe 1 : il entend la sirène chanter

Strophe 2 : « il respirait l’odeur des arbres » v.5 ; plus fort encore, il respirait de tout son corps → l’évadé veut se sentir de tout son corps en fusion avec la nature, cela fait presque penser à un acte d’amour ; idée reprise au vers 31 où nature et femme se confondent.

Strophe 3 : « il a cueilli deux feuilles jaunes », il les a touchées

Strophe 4 : « il a bu »

Strophe 7 : « il avait eu le temps de voir »

∙ Enfin, on note la présence des quatre éléments constitutifs de la vie, que l’évadé côtoie successivement du début à la fin: il y a d’abord la terre (indirectement), lorsqu’il fait rouler des pierres au v.2 / l’air lorsqu’il respire l’odeur au v.5 / le feu (lumière qui l’accompagne v.7 + soleil v.12 et 28) / et enfin l’eau, où il meurt

- Une mort inévitable

∙ La répétition du vers « pourvu qu’il me laisse le temps » traduit une certaine angoisse chez l’évadé. Celle-ci est analogique à celle de l’homme face au temps qui passe. En effet, la mort l’emporte toujours sur la vie et la laisse inachevée.

Même si celle-ci survient trop tôt dans la course de la vie, elle est atténuée dans le poème :

∙ La métaphore « une abeille de cuivre chaud » permet de rendre la mort plus naturelle et plus chaleureuse en quelque part. Ici elle permet de restituer l’homme à la nature qui l’entoure, d’ailleurs dans le vers 24, « le sang et l’eau se sont mêlés », cela montre qu’elles sont toutes deux intimement liées.

→ L’allitération en « s » (= frottement) montre la douceur de ce retour à la nature

- Aspiration à une vie libre

∙ Au total, si on compte, 11 vers sur 32 rappellent le danger qu’encourt l’évadé, les 21 autres traitent de son bonheur et célèbrent la vie. Pour l’auteur, il paraît essentiel que l’évadé ait vécu intensément et librement. Ce qui aurait été pire que la mort, c’est qu’il reste emprisonné, coupé de la nature et de la vraie vie.

∙ Les nombreuses occurrences du pronom personnel « il » (11x au total) montrent que le « il » est actif, il est sujet de nombreuses actions et ne subit pas. De plus, il est souvent associé à des verbes de mouvement, synonymes de vie : « dévaler » ; « sauter » ; « plonger

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