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Rome et la guerre de 218 à 126 av. J.C.

Par   •  29 Mai 2018  •  4 772 Mots (20 Pages)  •  546 Vues

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La stratégie et la tactique sont peut être les points défaillants du modèle militaire romain. Certes, il est difficile de défaire les lignes romaines, au sein desquelles règne une discipline sans pareil ; certes les romains maîtrisent bien l’art de faire des camps, aussi appelé castramétation ; et sont très efficaces dans l’art d’assiéger une cité, également nommé circonvallation. Mais il faut prendre en compte le fait que l’organisation en infanteries est facilement mise en difficulté face à des cavaleries, comme nous le montre la bataille de Cannes en 216 av. J.-C., où les romains se sont fait encercler par la cavalerie d’Hannibal. Par ailleurs, nous pouvons noter que bon nombre d’armes utilisées par les romains ont été empruntées à leurs anciens ennemis. Ainsi, si le casque, les cnémides (jambières), et les armures de protections sont d’origine romaine –et encore, tous les citoyens romains ne peuvent pas se permettre de se payer une protection de qualité, à savoir une côte de maille solide-, le bouclier est d’inspiration grecque, la lance provient très certainement de la culture gauloise et le gladius (épée relativement courte) est un savoir-faire espagnol. De plus, la marine romaine ne fait pas forcément le poids face à d’autres puissances maritimes comme Carthage par exemple. Composée d’une centaine de galères, la flotte romaine a cependant le mérite de posséder la première la technique du grappin qui facilite l’abordage. Ainsi bien que l’organisation de l’armée romaine soit d’une grande qualité, certains aspects peuvent lui faire défaut.

Face à ces différents éléments, nous pouvons librement affirmer que la guerre est un élément essentiel de la culture romaine. En effet sans elle, ni conquêtes ni défenses ne seraient possible. Cependant, la puissance militaire romaine ne peut pas être considérée comme absolue. C’est ce que nous montre la 2e guerre punique, entre 218 et 201 av. J.-C., au sein de laquelle Rome a failli tout perdre au profit de sa rivale Carthage. Pour fournir notre étude, nous nous pencherons sur la 2e guerre punique comme étant au cœur de l’impérialisme romain, puis nous étudierons l’offensive punique avant d’observer le retournement de situation pour les romains.

Pour débuter notre analyse, il faut prendre en compte le fait que la 2e guerre punique s’impose, en quelque sorte, aux romains. En effet, c’est dans un contexte de fortes conquêtes, que prend lieu la première guerre punique, qui est elle-même à l’origine de la seconde. En 241 av. J.-C., la pax romana signée entre Rome et Carthage à la suite de la 1e guerre punique, est jugée trop dure pour les carthaginois, notamment à cause de la nécessité pour eux de céder la Sicile aux romains et de leur payer des indemnités de guerre d’un total de 2 200 talents, si bien que se développe à Carthage un sentiment partagé de rancœur envers les romains, presque un sentiment de vengeance. Par exemple à sa mort, le général Hamilcar fait prêter serment à son fils Hannibal : les carthaginois ne seront jamais amis avec les romains. Ce sentiment de haine envers les romains est donc intrinsèquement lié à leur soif de conquête et leur volonté de créer le plus grand Empire ayant existé jusqu’à présent, puisqu’il nait d’une volonté de réparer un premier affront ; nous verrons par ailleurs que ce sentiment de rancœur peut être partagé, puisque certaines colonies se rallient à la cause d’Hannibal et décident elles aussi de se battre contre Rome. Ainsi, entre 238 et 237, la volonté carthaginoise de vengeance amène la famille des Barcides à s’installer en Espagne, d’une part pour les nombreuses mines d’argent qui y sont alors présentes, d’autre part d’un point de vue stratégique, pour faciliter l’attaque carthaginoise envers Rome. En effet en 218, Carthage déclare la guerre à Sagonte, ce qui entraine Rome, dont elle est l’alliée, à déclarer la guerre à Carthage.

La seconde guerre punique est intéressante à étudier, dans la mesure où elle montre la fragilité du système militaire romain. Les troupes d’Hannibal sont des troupes de mercenaires, et si l’on pourrait croire que l’organisation militaire des romains « sans faille » aurait pu protéger Rome des troupes sauvages d’Hannibal, il n’en est rien. Hannibal attaque ainsi Rome par la terre : il part de la nouvelle Carthage, fondée par le gendre d’Hamilcar Asdrubale en 227, et remonte la côte narbonnaise sur les célèbres éléphants d’Hannibal, afin d’envahir l’Italie par le Nord. En 218, Hannibal met en échec le consul Publius Cornélius Scipion en sortant victorieux de la bataille du Tessin. La même année, Hannibal met le deuxième consul romain en déroute et rallie les gaulois de cisalpine à sa cause ; son but est alors de susciter le plus de révoltes possibles contre la domination romaine. En 217, Hannibal remporte encore une victoire à Trasimène au Nord de Rome. Le chef carthaginois a alors pour objectif de continuer vers le Sud et espère que la Campanie va à son tour se soulever. Mais la domination romaine se maintient à peu près ; une majeure partie de l’Italie romaine refuse de suivre Hannibal. Face à ces nombreuses défaites, les romains changent de stratégie et nomment un dictateur, soit un magistrat extraordinaire nommé par le Sénat qui détient les pleins pouvoirs (l’imperium) pour un mandat qui ne peut, à l'origine, excéder six mois. Fabius Maximus est un ancien consul et censeur, il est donc très respecté par les romains. Cependant, il est réputé pour sa tendance à la modération (on l’appelle d’ailleurs Fabius Maximus Cunctator, le temporisateur). Sa stratégie, qui consiste à éviter tout affrontement direct avec Carthage, est un échec ; aussi en 216, une fois le régime consulaire romain rétabli, la sanglante bataille de Cannes a lieu, notamment car les deux nouveaux consuls Paul Emile et Varron cherchent à affronter Hannibal qui est alors au Sud. C’est, sans aucun doute, la plus grosse défaite de l’armée romaine durant cette seconde guerre punique. Rome mobilise pour cette bataille un total de 70 000 romains, qui se battent alors contre 50 000 carthaginois. Si l’on peut penser que l’avantage est alors aux troupes romaines, il n’en est rien, car la stratégie d’Hannibal de laisser les romains franchir les lignes carthaginoises afin de les faire confluer vers le milieu et de les prendre en tenaille, est très effective. La bataille s’achève de cette manière sur une défaite de Rome qui perd alors près de 50 000 hommes. Aussi peut-on affirmer face à ces diverses défaites, la faiblesse du système militaire romain.

Néanmoins, la 2e guerre punique est loin d’être finie. Si Hannibal multiplie les alliances,

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