Marivaux, Le Spectateur français, 1721-1724

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Justification argumentée :

J’ai décidé de choisir cette seizième feuille du Spectateur français car elle exprime au mieux les vertus de la politesse. En effet, dès les premières lignes, l’auteur rapporte un comportement illustrant un manquement grossier de la part du riche bourgeois, qui n’hésite à rabrouer sa femme devant les visiteurs : « Enfin, pour soulagement de sa vanité, son mari est venu, et tout en entrant lui a fait une brusquerie pour je ne sais quelle bagatelle de ménage […] ». Ce passage montre qu’il n’y a pas d’hypocrisie dans le couple mais a contrario la politesse ne comprend-t-elle pas une part d’hypocrisie ? : « Je suis persuadé qu’il est homme aimable hors de chez lui […] ». Il en ressort que l’écrivain cherche à provoquer la réflexion sur les formes que peut prendre la politesse dans un lieu privé, exposé à peu de regards.

Cet extrait montre de plus que la politesse exercée à l’extérieur de la sphère privée influe également sur le comportement de la personne. Ainsi en est-il pour l’ami qui accompagne l’auteur : « C’est dommage […] je n’ai pas le temps d’achever de les entendre, et j’en suis fâché ; mais j’ai affaire, adieu ». Cette citation prouve que la politesse sert comme prétexte (parade, bouclier) pour couper court à une conversation, ici pour aller se consacrer à une autre activité, comme celle du commerce.

Cette feuille illustre encore une autre caractéristique de la politesse : « Mais j’ai cru qu’ils m’apercevaient, et je me suis éloigné, en faisant ma réflexion à mon ordinaire ». Il y a de la curiosité qui est déplacée chez ce personnage, ce qui nous pousse à nous poser cette question : la politesse exige-t-elle une absence de curiosité ?

Enfin, une dernière vertu de la politesse semble être démontrée ici : « Je me suis rendu vite dans l’endroit où je devais dîner ». Ainsi, cette qualité conduit à la ponctualité, qui est une forme de respect.

Pour toutes ces raisons, il m’est apparu que cette feuille illustrait particulièrement bien les questions soulevées par la politesse à travers les effets qu’elle provoque dans les rapports humains.