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L’historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France

Par   •  24 Mai 2018  •  1 049 Mots (5 Pages)  •  627 Vues

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La cérémonie du transfert des cendres du résistant Jean Moulin au Panthéon en 1964 représente un moment fort. Diffusé en direct à la télévision et à la radio, le discours du ministre de la culture André Malraux décrit Jean Moulin comme un grand héro et un martyr gaulliste, glorifiant ainsi le général de Gaulle en vue des élections présidentielles de 1965.

III. LA FIN DES AMNESIES ET DES MYTHES DEPUIS 1970

Les années 1970 sont marquées par la fin du mythe résistancialiste. Le parti communiste est en chute libre, de plus en 1969 De Gaulle quitte le pouvoir et sera remplacé par Pompidou. Le documentaire Le Chagrin et la Pitié (1969) de Marcel Ophuls marque une rupture. Il renvoie une France où le pétainisme et la collaboration étaient largement répandu. Il montre aussi la lâcheté, l’égoïsme et que l’antisémitisme est bien ancré. En 1972, l’historien Robert Paxton publie le livre La France de Vichy. Il révèle que le double jeu de Pétain n’est qu’une légende. De fait, c’est la France qui a proposé à l’Allemagne de collaborer et non l’inverse. Les décisions prises par le régime de Vichy ont été autonomes et sans pression de l’Allemagne. Ainsi, la loi sur le statut des Juifs promulguée en 1940 s’est révélée beaucoup plus stricte que les lois de Nuremberg en Allemagne.

L’émergence d’une mémoire juive sera tardive, les rescapés prenant difficilement la parole. Les Français préfèrent se rappeler de la Libération plutôt que des horreurs de la guerre. En outre l’antisémitisme est encore très répandu en France et la glorification de la Résistance fait passer le drame des Juifs au second rang. (Simone Veil, Une vie, 2007) En 1961, le procès d’Adolf Eichmann en Israël marque un tournant avec la prise de parole des déportés juifs. Le film Shoah (1985) de Claude Lanzmann expose des témoignages de déportés et de bourreaux de camps de concentration. Nous pouvons aussi évoquer la redécouverte de Si c’est un homme (1947) de Primo Levi dans les années 1970. Enfin des groupes mémoriels luttent pour la reconnaissance de la mémoire juive. C’est le cas de l’association Fils et filles de déportés juifs en France, créée en 1979 par l’historien et avocat Serge Klarsfeld.

Dans les années 1980-1990, différents procès (pour crimes contre l’humanité) vont sensibiliser l’opinion au rôle réel de Vichy. Klaus Barbie en 1987 : tortionnaire de Jean Moulin, Paul Touvier en 1994 : chef d’une milice et Maurice Papon en 1998 : secrétaire général de Gironde pendant la guerre, qui organise la déportation des juifs. Il est le seul haut fonctionnaire à avoir été condamné. En 1990, la loi Gayssot sanctionne le négationnisme. Par ailleurs, suite au travail des historiens, la République instaure en 1993 une journée commémorative aux déportés Juifs. En 1995, lors de la commémoration de la Rafle du Vel’ d’Hiv, Jacques Chirac reconnaît les crimes de l’État français. Il fait référence aux Résistants mais également aux Justes : une loi de 2000 commémorant la mémoire des Justes. Le mémorial de la Shoah est inauguré en 2005. Les noms des 76 000 déportés juifs de France y sont gravés. En 2007, les Justes sont honorés au Panthéon. Enfin, François Hollande fait entrer quatre résistants au Panthéon en 2014.

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