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Les événements du 28 février 1947 à Taiwan, un lourd héritage

Par   •  6 Décembre 2018  •  1 354 Mots (6 Pages)  •  586 Vues

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Huang Chen Yi, président de cette commission, demande au Kuomintang, opposé à ce projet, de mettre à disposition tous les documents ou archives encore accessibles dont il dispose. Ce travail de réconciliation s'annonce long et difficile.

III. Une plaie qui ne cicatrise pas

1. Dégradation de statues de Tchang Kaï-chek et appel au pragmatisme de Ma Ying-Jeou

Cet « incident » est une fracture de plus entre les benshengren et les waishengren. Et il est très difficile de réconcilier les deux camps. La douleur de l'incident reste encore très vive, la preuve en est en 2015. Alors que le pays commémore l’anniversaire de l’incident, des statues de Tchang Kai-chek sont vandalisés à travers tout Taiwan.

Ma Ying-Jeou rappelle alors que cette homme a contribué à la rétrocession de Taiwan à la Chine, qu'il a œuvré pour l'indépendance de Taiwan par rapport à la République populaire et qu'il est en partie à l'origine du développement économique de l'île. Pour ces raisons, il demande à ses citoyens de faire face à l'histoire avec dignité.

Néanmoins, Tsai Ying-Wen ne partage pas son avis, selon elle, Tchang Kai-chek n'est pas le héros qu'il décrit. En effet, il était le commandant en chef des armées, donc au sommet de la chaîne de commande. Par ailleurs, des documents d’archives montrent qu’il a visé nombre de jugements de cour martiale et parfois changé la condamnation à perpétuité en peine capitale.

2. Réaction des maires des différentes villes taïwanaises

À ce moment-là il y a alors une division entre les maires de Taiwan. Certains sont pour le maintien des statues, d'autres souhaitent les retirer.

Le maire de Tainan, Lai Ching-te, crée une commission visant à retirer toutes les statues des campus et des écoles de la ville pour que les étudiants puissent étudier dans un environnement libre et démocratique sans symbole politique.

Au contraire, Ko Wen-Je, maire de Taipei, est pour leur maintien. Il déclare que les garder « ne signifie pas lui rendre hommage, mais représente le fait que nous pouvons continuer à les garder en outre-passant l'histoire, et devenir nos propres maîtres ».

Par ailleurs, Ma Ying-Jeou, qui est lui-même issu d'une famille waishengren, espérait cette année-là une réconciliation social à travers Ko Wen-Je, dont la famille fait partie des victimes de l'incident. Mais ce fut un échec pour 2015.

3. La conclusion de Peng Ming-Min

Peng Ming-Min, dont le père a été victime de la violence des soldats qui ont réprimé le soulèvement, décrit en détails la période de l’incident et les violences infligées à la population - parfois sans aucune raison – dans Le goût de la liberté. Il explique que dans un premier temps, Chen Yi s’était montré disposé à écouter les demandes de la population et à les transmettre au gouvernement central, mais finalement, toutes les personnes qui se son exprimées ont été arrêtées et parfois exécutées.

À propos de cet événement, il tire la conclusion que cela « prouve seulement que Taiwan ne doit pas être réunie à la Chine, sans quoi des catastrophes encore pires pourraient se produire. ».

Conclusion

En conclusion, cet événement marque profondément l'esprit des Taiwanais, et particulièrement celui des shengbenren, puisqu'ils en sont les premières victimes. Étant données les tensions qui règnent encore entre les shengbenren et les waishengren, il est urgent que les politiques trouvent un moyen de faire définitivement le deuil des victimes et de réconcilier la population, Tsai Ying-Wen en tout cas est sur cette voie. Par ailleurs, le réalisateur Hou Hsiao Hsien, qui a des origines hakka, tente déjà depuis 1989 d'éteindre la haine et les rancœurs accumulées contre le pouvoir du Kuomintang, avec la réalisation de son film La cité des douleurs. Dans des entretiens recueillis par Irène Bonnaud et Anne Kerlan-Stephens, il explique avoir fait ce film « pour rendre leur dignité aux “Taiwanais”, opprimés par l’arrivée des continentaux après la guerre ; c’était une sorte de thérapie pour leur redonner un espace de parole. ».

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