Les conflits mondiaux depuis 2001
Par Orhan • 17 Octobre 2018 • 1 917 Mots (8 Pages) • 434 Vues
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Le nouvel ordre mondial instigué au lendemain de la guerre froide dissimule la multiplication des conflits par procuration que connait le monde depuis 2001. Si ceux-ci sont centrés dans des régions stratégiques (Moyen-Orient, Proche-Orient…) ils attisent la convoitise des pays frontaliers mais aussi des deux ex-superpuissances : Russie et USA, qui y trouvent des enjeux politiques et économiques contradictoires. Celles-ci ont recours à ce type de guerre afin d’inviter un affrontement frontal qui aboutira à un conflit mondial mais aussi au maintien de leur réputation. C’est ainsi que la Russie proche du gouvernement d’Assad en Syrie soutient l’armée nationale en contrepartie du maintien d’une base militaire à Lattakié. Les USA épaulent eux les forces rebelles tout en bombardant l’Etat Islamique. L’Iran chiite et l’Arabie Saoudite sunnite, les deux puissances rivales de la région, se livrent elles aussi une guerre par procuration en Syrie. L’Iran soutient militairement et financièrement le régime de Bachar el-Assad, appuie sur le terrain les efforts du Hezbollah, son bras armé au Liban et envoie des conseillers à Damas. L’Arabie-Saoudite réclame, elle, la tête du président syrien et soutient les groupes sunnites qui lui sont opposés. La difficulté principale dans ce type de guerre est de prouver l’implication directe d’un tiers parti qui permettrai une condamnation internationale unanime.
La fin du monde bipolaire a vu s’éloigner la perspective de gros affrontements, masses contre masses, sous la forme de guerres industrielles. L’outil militaire prend sa pleine ampleur dès lors que la notion d’intérêt vital est en jeu. Les enjeux dissymétriques ont pour la première fois dans l’histoire pris l’avant de la scène géopolitique internationale, la menace nucléaire étant trop élevée pour un affrontement entre deux ou plusieurs puissances étatiques. C’est ainsi que le spectre des guerres que nous avions connues aux XIXème et XXème siècles – sur le modèle clausewitzien – tend à s’estomper. Cependant les conflits demeurent mais n’intégrant l’outil militaire que minoritairement. D’autres instruments de rivalité sont en effet actionnés pour faire prévaloir des intérêts qui, s’ils ne sont pas vitaux, n’en demeurent pas moins importants. On observe ainsi des contournements stratégiques, la guerre économique apparaissant comme l’un d’eux. Le cyberespace constitue lui aussi un espace par essence stratégique. C’est donc dans un contexte d’effacement des structures étatiques que s’inscrivent les relations géopolitiques depuis 2001 et qui rendent la gestion des nouvelles conflictualités par les Etats et l’ONU pour le moins inédite.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont remodelé les modes de réponses à une offensive ennemie. C’est ainsi qu’en 2002, George Bush introduit le concept de guerre préemptive présenté comme une extension du principe de légitime défense afin d’éliminer la menace avant qu’elle ne soit formée. Ce type de guerre est nouveau et remet en question sa légitimité par son caractère agresseur et par la justification non argumentée l’accompagnant. En effet, en réponse à un attentat perpétré par un groupe terroriste sans affiliation nationaliste, le gouvernement de Bush décide d’envahir un pays souverain, l’Irak avec l’approbation de l’ONU qui met en avant la volonté d’établissement d’un état de droit et la suppression d’hypothétiques armes de destruction massive. L’invasion de l’Irak souligne le concept de deux poids deux mesures en politique internationale.
La disparition de l’URSS en décembre 1991 a permis à l’ONU de retrouver une place de premier plan sur la scène internationale. La chute du régime soviétique a entraîné des vagues de contestations populaires contre les gouvernements communistes en Amérique latine et en Afrique par effet domino mais ces conflits ont abouti sur des résolutions appuyées sur le multilatéralisme du monde à la fin du XXe siècle. Cependant l’ONU dispose de peu de moyens d’action qui révèlent son échec à l'établissement d'une paix mondiale et durable. Elle est obligée de faire appel aux armées des États membres pour ses opérations de rétablissement et de maintien de la paix, et aux États-Unis souvent qualifiés de gendarmes du monde. Les missions de paix de l’ONU se sont multipliés dans les dernières années mais se limitent souvent à un rôle humanitaire, parfois impuissant à faire appliquer un droit d’ingérence. Un exemple phare est celui du conflit entre Israël et les pays arabes, commencé après la Seconde Guerre mondiale, qui n’a toujours pas trouvé de solution durable.
Si la guerre contre le terrorisme instiguée dès le début du siècle présent a recours aux interventions militaires commandités par les principales puissances de la scène internationale, elle se déroule surtout à l’intérieur des états concernés par le risque terroriste. Les récents attentats revendiqués par l’Etat Islamique à travers l’Europe (Paris 2015 et 2016, Stockholm 2017, Dortmund 2017…) ont souligné la perméabilité de l’espace Schengen face aux flux des djihadistes. L’absence de contrôles policiers aux frontières est un des nombreux facteurs expliquant l’échec des forces de l’ordre à neutraliser la menace islamiste. C’est pour remédier à cette faille que les Etats membres ont développé un système d’information commun (SIS II) permettant d’identifier tout individu recherché dans l’Union Européenne. Dans une moindre mesure, la majorité des états se sont dotés d’organes luttant contre la cybercriminalité afin de contrer les risques que présente la dématérialisation des services. La coopération entre états reste primordiale à l’instar de la mise en place d’une Cour pénale Internationale en 2002 qui démontre la volonté des structures gouvernementales du XXIe siècle de bâtir un monde organisé autour du droit.
Le monde est entré depuis 2001 dans une nouvelle ère marquée par l’émergence de nouvelles problématiques auxquelles sont confrontés les Etats sous l’égide de l’ONU. Celles-ci sont nombreuses et concernent tous les milieux susceptibles d’être un vecteur d’attaque (Internet, réseaux militaires etc..). Les conflits dissymétriques sont dominants et remettent en cause la capacité des Etats à gérer ces menaces originales et parfois destructrices (11 septembre, Stuxnet…). C’est ainsi que ceux-ci ont opté pour des coopérations internationales pour maitriser leur propagation.
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