Le temps des constructions nationales
Par Orhan • 9 Mai 2018 • 3 680 Mots (15 Pages) • 524 Vues
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2 - Le cas allemand.
Entre 1870 et 1879, une série de conflits s'enchaine. Ces conflits sont nommés Kulturkampf. C'est une guerre culturelle où s'affrontent deux conceptions de l'État. Bismarck avec son côté unitaire s'oppose aux catholiques ultramontains. Un problème apparaît en Poznanie polonaise où les catholiques organisent un parti : le Zentrum. Bismarck organise une nationalisation progressive contre les catholiques ponctuée par des actions contre le Pape et des répressions sur les catholiques (expulsion des Jésuites, expulsion des enseignants catholiques des écoles publiques, interdiction des ordres religieux...). L'Église s'oppose fortement et le Zentrum se renforce. En plus, ces politiques ont un coût.
3 - En Suisse.
Le Pape imagine constituer, à Genève patrie de Jean Calvin, un vicariat apostolique romain destiné à remplacer le Pape en terre helvète. Genève est une province de l'Église. En février 1873, Monseigneur Mirmillot est expulsé de Suisse.
4 - La France.
En 1870, la France se situe à contre-courant des autres nations européennes. L'État se catholicise (les séances de l'Assemblée débutent par une prière publique, les députés catholiques participent massivement aux pèlerinages, construction du Sacré-Cœur de Montmartre : bâtiment destiné à expier les fautes des Communards). Thiers glisse de plus en plus vers la République suite aux attaques catholiques. Il est invité par Gambetta lors d'un discours à Grenoble. Il s'oppose aux monarchistes et se voit retirer le pouvoir de s'exprimer à l'Assemblée. En 1873, Thiers démissionne. Mac-Mahon est élu, il a pour but de rétablir l'ordre moral.
II - Les États face à la démocratie.
A - La résistance à la République.
1 – La France.
La période de l'ordre moral est nommée République des Ducs car elle est dominée par le Duc de Broglie. La première période, de mai 1873 à janvier/février 1875 est une période d'incertitude constitutionnelle :
- Une tentative de négociation, entre légitimiste et orléaniste, a pour but de sauver la Restauration, avec le Comte de Chambord à sa tête. Mac-Mahon empêche tout retour à la monarchie.
- La Commission des 30 (commission constitutionnelle) affirme qu'il faut constituer une deuxième Chambre.
- Entre 1873 et 1874, on voit une augmentation du nombre de députés radicaux et de députés bonapartistes (en plus petit nombre). Les républicains modérés et les orléanistes modérés «s'allient» en janvier 1875 : c'est une réunion des centres. Cette réunion s'opère par l'amendement Wallon qui fait sortir trois lois constitutionnelles qui établissent le système parlementaire (définition du pouvoir du Président de la République, mise en place du Sénat, suffrage indirect).
Deux problèmes subsistent :
- Celui du Sénat mal accueillit. Gambetta (lui-même hostile à ce Sénat) fait passer le Sénat comme une chambre bien différente de l'ancienne Chambre des Pairs. Lors du discours de Belleville, prononcé devant des républicains populaires, le Sénat est le Grand Conseil des 36 000 communes de France car il est élu par les conseillers généraux et les conseillers municipaux.
- La définition des pouvoirs du Président de la République
Le 16 mai 1877 se crée une crise parlementaire ayant pour causes la montée républicaine, notamment dans le Nord et l'Est. Jules Simon débute son ministère en 1876 et se montre anticlérical (comme Gambetta). Mac Mahon (président) désavoue son Président du Conseil, celui-ci étant en opposition avec l'ordre moral qu'il veut mettre en place. Jules Simon démissionne, à sa place est nommé le Duc de Broglie. Face à la nomination du Duc de Broglie, s'élèvent les 363. La Chambre est dissoute une répression s'en suit où de nombreux maires sont contraints de démissionner. C'est dans ce climat qu'émergent des contestations, notamment Gambetta qui s'oppose à Mac-Mahon. Dans cette campagne on utilise des images et des foulards. De plus, Thiers meurt en 1877 peu après la campagne, et lors de ses pompes funèbres on assiste à une véritable protestation face au gouvernement de Mac-Mahon. Le gouvernement est même qualifié de «République des Ducs». Mac-Mahon, suite aux protestations, se soumet en reconnaissant ses erreurs, et dès janvier 1879 il démissionne. Il est remplacé par Jules Grévy. Après la République des Ducs suit la République des Jules (Grévy, Ferry), le processus est achevé avec l'élection d'un Sénat républicain.
2 – L’Espagne.
Alors que la France est dans une période de construction, l'Espagne est plutôt dans une phase de déconstruction de la République. Pendant deux ans l'Espagne hésite sur les institutions stables à mettre en place. La République est proclamée, mais dans le même temps débute la révolution cantonale (des Espagnols déclarent leur autonomie face à la centralisation). Les gouvernements ne tiennent pas et le fils d'Isabelle II (Alphonse XII) revient au pouvoir en 1876 après de nombreux coups d'États et la démission d'Emilio Castelar (Président espagnol de la Ière République espagnole). La République laisse place à la Restauration.
B - «État social» et socialisme.
Cette question touche l'Allemagne et la France dans des termes différents.
1 – L’Allemagne.
La tradition socialiste allemande est composée de 2 mouvements:
- Les Lassaliens (courant plutôt réformiste créé en 1863)
- Les Marxistes (créé en 1866)
Ces deux courants se rapprochent en 1875 pour faire naître le SAPD (Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands, ou Parti Socialiste ouvrier allemand).
Le parti socialiste allemand est un facteur de division de l'unité allemande et cela dérange Bismarck. Après avoir lâché du lest avec les catholiques allemands il trouve une nouvelle cible dans les socialistes. Il mène une campagne anti-socialiste où il supprime des journaux, supprime les syndicats,
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