La controverse de Valladolid

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Mais parlons d’abord des arguments avancés par chacun des camps sur l’identité possible des indigènes. Las Casas décrit les Indiens comme un peuple humble, créé par Dieu, simple, ni malveillant, sans duplicité. Il va même jusqu’à les comparer à des « douces brebis », et ose comparer les colons Espagnols à « des loups, des tigres, des lions très cruels ». Sepulveda lui répond en affirmant qu’ils font partis d’une nation servile, misérable, grossière, vouée à assouvir les désirs et les souhaits des autres nations, plus nobles et distinguées.

Pour ce qui est de la colonisation et de la conversion des Indiens, voilà les arguments mis en avant par les deux camps. Las Casas se réfère et favorise l’application de la philosophie de saint Thomas d’Aquin (religieux de l’ordre dominicain, célèbre pour son oeuvre théologique et philosophique) selon laquelle toutes les sociétés sont d’égale dignité. Par conséquent, une société de païens, comme celle des autochtones du Nouveau Monde, n’est pas moins digne et légitime qu’une société de chrétiens. Cette philosophie dit aussi qu’on ne doit pas convertir par la force ; la conversion doit se faire de manière évangélique, par l’exemple. Sepulveda estime les pratiques anthropophages, les sacrifices humains et les massacres ainsi que l’inceste royal pratiqués dans les sociétés précolombiennes, et s’appuie sur des arguments aristotéliciens pour avancer ceci (débat basé sur quatre justes titres justifiants la guerre) : les Indiens, selon lui, ont tout intérêt à être mis sous la tutelle espagnole, car si ils ne le font pas et s’auto-gouvernent ils vont à l’encontre de la thèse aristotélicienne de la servitude naturelle. Ensuit vient ceci : la conquête est justifié par le devoir d’arrêter, même par la violence, les sacrifices humains et le cannibalisme, et de sauver les futures victimes de sacrifices. Ce à quoi Las Casas répondra : les coutumes des Indiens ne démontrent pas de plus grande cruauté que celle qui pouvait avoir lieu dans les anciennes civilisations, appelées civilisations du Vieux Monde (ex : la civilisation romaine organisée des combats de gladiateurs avec des escales, les sacrifices, certes animaux, mais sacrifices quand mêmee), ou encore même dans le passé de l’Espagne. Ajoutant à cela : l’évangélisation dépend plus du droit des Indiens que du devoir des colons hispaniques.

Partie III

Issue du débat et conclusion

À l’issue du débat, chacun des deux partis se proclame gagnant. Le débat axé sur les « justes titres » entre Sepulveda et Las casas correspond non seulement à la nécessité de justifier l’expansion devant les Etats Européens mais il répond aux scrupules Rois, et à l’inquiétude de certains ecclésiastiques. Sur le plan territorial, c’est-à-dire l’expansion territoriale, au premier sens du terme, on observe, après la Controverse de Valladolid, un ralentissement des conquêtes mais qui s’expliquent en partie par le fait que les grandes aires colombiennes étaient déjà presque entièrement colonisées. Donc, sur le plan territorial, la controversa de Valladolid n’a pas apporté grand chose.

Le souci premier de Las Casas était de protéger les Indiens de la servitude, mais si cela les a préservés, cela a, paradoxalement, généralisé la Traite des Noirs : puisque que les colons ne pouvaient avoir recours aux Indiens, ils augmentèrent le nombre d’esclaves prélevés en Afrique. Mais il faut absolument retenir ça : Las Casas se repent d’avoir, plus jeune, accepter, pour protéger les Indiens pour lesquels il s’était battu, que les colons aient recours à l’emploi d’esclaves issus de l’Afrique Noire. Il condamne tout autant cet esclavage inhumain que celui des indiens.

évangélisme : Les chrétiens évangéliques ont essentiellement en commun l'importance cruciale qu'ils accordent à la conversion individuelle relevant d'un choix personnel et, à la suite, de l'expérience religieuse de la « rencontre avec le Christ »

théologie : étude de la religion