L'eujeu gazier en russie
Par Ninoka • 30 Août 2017 • 30 873 Mots (124 Pages) • 471 Vues
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Les réserves sont géographiquement concentrées. Aujourd'hui, la moitié environ du gaz consommé dans l'UE provient de trois pays seulement (Russie, Norvège et Algérie). Si les tendances actuelles se maintiennent, la part du gaz importé pourrait passer à 80 % du total au cours des 25 prochaines années Dans ces conditions, l’analyse des relations qu’elle entretient avec son principal fournisseur d’or bleu devient indispensable
La Russie est en effet le premier partenaire énergétique de l’Union européenne, les relations économiques entre les deux parties de l’Oural n’ont jamais été autant florissantes qu’aujourd’hui. Le pays des tsars connaît depuis 2000 un redressement économique sans comparaison depuis les heures terribles du stalinisme. Certains parlent de « miracle russe » pour qualifier ce spectaculaire retournement de situation après la crise de la fin des années 90. Sous l’impulsion de son ex-président Vladimir Poutine, elle a entrepris une reconquête des forces économiques de la nation, en nationalisant les principales entreprises énergétiques du pays. Ce retour en force de l’Etat russe après des années de dépression a permis à la Russie de se relever sur le plan diplomatique et de peser à nouveau dans les débats mondiaux. Le grand ours est un pays qui combine tous les attributs d’une puissance internationale : dynamisme économique, puissance stratégique, force politique, et bien sûr richesse énergétique. La Russie de Poutine a donc réussi, parfois de manière douteuse, sa transition économico-stratégique. La nomination, puis l’élection de son successeur Dimitri Medvedev, ancien directeur général de Gazprom, est un signe de prolongement politique.
A l’heure où le monde s’interroge sur le retour possible de la puissance étatique , l’arme énergétique devient un élément stratégique essentiel pour les pays ayant vocation à peser sur les relations internationales. Moscou essaye aujourd’hui de se positionner comme le principal fournisseur de l’Union européenne. Par tous les moyens, elle tisse un réseau d’influence aux portes de l’Union, dans les ex-républiques soviétiques, et même depuis 2006 dans notre espace commun. La Russie, avec la société Gazprom comme ambassadrice, joue la carte de la conquête économique tout en se gardant bien de protéger son marché énergétique.
L’enjeu énergétique s’est donc immiscé au cœur des relations Russie/UE. Entre les intérêts russes et ceux des Européens, de nombreuses contradictions éclatent au grand jour. De part et d’autre de l’Oural, on discute, on s’organise, chacun tentant de trouver une voie commune en matière énergétique. Comment se matérialisent ces relations énergétiques entre la Russie et l’Union européenne ? Comment garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques européens ? ? Face à l’émergence d’une diplomatie russe de l’énergie, quelle réponse adoptée au niveau européen ? De son côté, comment l’Etat russe entend-il peser dans les négociations énergétiques avec l’Union et avec ses clients de l’est aux portes de l’Europe et au sein de l’Union ?
L’Europe fait face à un dilemme important, elle est devenue la plus grande importatrice de matières énergétiques de la planète. Son salut passe par l’adoption d’une politique énergétique claire et partagée par l’ensemble de ses Etats membres. La Russie demeure pourtant un sujet qui divise fortement les Européens. Le Kremlin l’a bien saisi, en restructurant ses forces énergétiques, il compte bien profiter de ses immenses richesses pour peser encore davantage sur son grand voisin. Pour cela, il peut compter sur son ambassade mobile, Gazprom. Les relations énergétiques des deux partenaires sont donc complexes, elles nécessitent un dialogue commun. Ce dernier est pourtant loin d’avoir atteint les objectifs ambitieux qu’il portait.
I/ L’Europe face a son destin, vers une politique commune de l’énergie ?
Comme le souligne Marie Béatrice Baudet dans son éditorial du Bilan du Monde 2007, « Le Monde ne tourne plus au rythme de l’horloge des pays développés, ce sont les pays émergents qui désormais donnent la mesure. » Le temps d’ « une mondialisation mondiale » est venu et avec lui tout son lot d’incertitudes. Le concept de Triade aura de moins en moins de sens au fil des années, l’influence occidentale étant démographiquement appelée à se réduire. L’énergie fait partie de ces secteurs clés de l’économie mondiale qui sont touchés par l’apparition des nouveaux grands émergents. Avec le formidable développement des BRIC’s (Brésil, Russie, Inde, Chine), la demande énergétique mondiale est à son niveau le plus fort et elle a pour conséquence majeure une hausse insoutenable des prix des hydrocarbures, baril de brut en tête. Notre vieux continent doit faire face à ce rééquilibrage mondial en adoptant des instruments communs de dialogue avec les fournisseurs énergétiques. Outre cette tendance à la hausse des prix, l’Europe doit surtout trouver les moyens de préserver son mode de consommation énergétique tout en pérennisant la sécurité de ses approvisionnements. Car le problème central de l’Union européenne est bien là : sa consommation énergétique l’oblige à importer toujours plus, ce qui la rend de plus en plus dépendante des approvisionnements extérieurs. Compte tenu de la faiblesse de la diversité des fournisseurs étrangers, cette situation place la Russie, premier partenaire énergétique de l’UE, en position de force. La dépendance énergétique devient le sujet primordial dans l’analyse des relations énergétiques énergétique UE/ Russie. Tout cela pousse l’Europe à agir vite, la perspective d’une politique commune de l’énergie devient de plus en plus souhaitable, nous le verrons dans un second temps. Malheureusement, comme bien souvent ces derniers temps, l’Union brille par ses divisions ce qui complique sérieusement l’avancée de ce projet commun. La Russie a encore de beaux jours devant elle.
a) Une dépendance énergétique tendancieuse et inéluctable
Avant de s’attarder sur l’inquiétante dépendance énergétique européenne, une analyse plus globale permet de dégager quelques enseignements intéressants. En premier lieu, le monde est pris d’une boulimie énergétique historique qui pèse sur l’offre générale. La demande globale en hydrocarbures explose ce qui pousse les pays exportateurs de gaz ou de pétrole à augmenter les prix, solution peu viable sur le long terme mais ô combien fructueuse sur le court terme ! En 2005, la consommation totale d'énergie
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