Tromelin - L'île des esclaves oubliés.

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Il est donc impératif de faire la lumière sur les faits tels qu'ils se sont produits, le plus scientifiquement et matériellement possible. Et c’est en cela que répond cette exposition.

Découvrir les conditions qui ont amené ces esclaves à être oublié pendant quinze ans sur cette Île de Sable, devenue Île de Tromelin en souvenir de celui qui les a sauvés, permet de se rendre compte de la supériorité à l’époque des pays colonisateurs, ici la France. On discerne très bien les inégalités de traitement entre les humains. Il y a ceux qui ont pu quitter cette île deux mois après le naufrage par une embarcation de fortune… et les autres. Ces esclaves ont instauré des moyens de survie en attendant d’être retrouvé. Cette force morale nous démontre bien leur volonté de lutter contre la fatalité, valeur parfois oubliée de nos jours.

Le fait que toutes ces archives, si habilement mises en scène, puissent être vues et consultées par tous doit nous faire avancer et faire en sorte que cela ne se reproduise plus car cela est intolérable. Il faut conserver en permanence une vigilance pour barrer la route à toute régression de notre humanité et ne pas reproduire ces erreurs. L’étude de ce phénomène, l’un des plus monstrueux qui caractérisent l'histoire de l'humanité, paraît indispensable pour comprendre le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui et permet le devoir de mémoire envers ces victimes et leurs descendants ; mais pas seulement : les descendants de rescapés et ceux des pays pillés se sentent également concernés par la question de la reconnaissance pleine et entière de ce qu’a été cette forme de barbarie. Mais ce n’est pas une lutte communautaire : des politiques, de nombreuses associations, des chercheurs et de nombreux anonymes s’informent sans cesse, s’interrogent et persistent à militer pour une meilleure connaissance et reconnaissance de l’esclavage.

Le devoir de mémoire est définitivement entré dans le discours officiel, depuis les années 1990, et évoque une obligation morale de se souvenir. Il est primordial pour lutter contre l’oubli et permettre à la société de ne pas reproduire les erreurs du passé. Il faut donc reconnaître que les acteurs du devoir de mémoire rendent un grand service à la nation. Cependant, il ne doit pas se transformer en haine de soi, source de déclin, ni en déchirements communautaristes liés à l'affrontement des mémoires.

La tentation de l'esclavage est toujours présente dans le monde contemporain, à travers de multiples situations : le travail clandestin, la prostitution et les trafics d'immigration clandestine.

Le travail de mémoire et la commémoration de l'esclavage prennent tout leur sens s'ils sont tournés, plutôt que vers la repentance, vers la lutte contre ces phénomènes et pour un avenir meilleur.