La Chrétienté dans l'Europe médiévale aux 11e - 13e siècles
Par Christopher • 6 Novembre 2018 • 3 154 Mots (13 Pages) • 439 Vues
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L'essentiel
La réforme grégorienne du 11e siècle contribue à l’affirmation du pouvoir de l’Église catholique en Europe. L’assainissement des règles de fonctionnement du Clergé, son organisation rigoureuse permet un encadrement des fidèles qui s’unissent autour de règles communes. Les grandes écoles et les universités achèvent d’assurer la diffusion de cette culture chrétienne.
Un élément du patrimoine religieux : la cathédrale Notre-Dame de Paris
À l'origine temple gallo-romain, puis dès le 4e siècle basilique chrétienne, Notre-Dame connait au 12e siècle des transformations profondes qui font de ce lieu l'un des fleurons de l'architecture chrétienne.
1. Le temps des cathédrales
a. Un contexte favorable
Les 12e et 13e siècles sont marqués par une reprise économique. Les échanges s’intensifient, générant ainsi une richesse dont bénéficie également l’Église catholique. Cette richesse s’avère indispensable à l’édification des grands chantiers constitués par la construction des cathédrales. Désormais l’architecture religieuse s’affirme, plus de 500 cathédrales, plusieurs milliers d’abbayes voient le jour sur cette période.
Cette période se marque également par une croissance démographique et urbaine. Les courants d’émigration des campagnes vers les villes s’affirment : il convient, dans ces villes, d’offrir aux fidèles de nouveaux lieux de cultes plus vastes. La population parisienne passe de 25 000 habitants en 1180 à 50 000 vers 1220. Il s’agit de la plus grande ville européenne exception faite des villes italiennes.
Enfin, l’autorité et la puissance de l’Église sont restaurées (voir fiche La chrétienté dans l’Europe médiévale) : les nouveaux lieux de culte doivent donc refléter cette nouvelle puissance de la chrétienté.
b. Symboliser la puissance de la ville et de l'Église
À l’origine, le terme « cathédrale » vient du latin cathedra qui désigne un siège à dossier. La cathédrale est l’Église du diocèse où siège l’évêque. La cathédrale devient souvent le symbole de la ville, de son rayonnement. Chaque cité, chef-lieu du diocèse, cherche à construire la cathédrale la plus haute et la plus belle. Elle doit être visible de loin pour tous les voyageurs et pèlerins qui s’approchent de la cité. Le site de ces édifices doit être central, ce qui est le cas de Notre-Dame édifiée sur l’Île Saint-Louis. La cathédrale n’est donc pas un monument isolé, elle s’intègre dans tout un quartier aux fonctions religieuses élargies : présence de la résidence de l’évêque, des maisons particulières des chanoines, parfois d’une école et d’un hospice.
La réalisation architecturale doit incarner la puissance et la gloire de Dieu, de Jésus, lumière du monde.
Pour cette raison, Notre-Dame est orientée vers l’Est, côté où le soleil se lève. La cathédrale est aussi en forme de croix pour rappeler celle du Christ qui sauve et rassemble les hommes. Le discours chrétien se prolonge ainsi dans l’édification du bâtiment. Au final, cette construction mesure 130 m de long, 48 m de large, 35 m de hauteur et peut rassembler plus de 6 000 fidèles.
2. Notre-Dame de Paris, une construction symbole de l'art gothique
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Doc. Cathédrale Notre-Dame de Paris
a. Une construction de longue haleine
Malgré ses dimensions importantes, la basilique antique ne suffit plus. L’évêque de Paris, Maurice de Sully entreprend la construction de la nouvelle cathédrale dédiée à la Vierge Marie en 1163, date à laquelle la première pierre est posée par le pape Alexandre III en présence du roi Louis VII.
La première phase de construction qui dure près de 20 ans a pour objectif de construire en priorité le chœur car il faut que, pour les fidèles, le culte soit célébré le plus tôt possible. En 1182 s’achève la construction de la nef et du transept. L’œuvre principale de construction se poursuit ensuite jusqu’au milieu du 15e siècle. À chaque époque, sous les différents maîtres d’œuvre des modifications et améliorations sont apportées.
b. Un chantier titanesque à l'architecture nouvelle
Au 12e siècle, un art nouveau, l’art gothique, naît en Île-de-France et Notre-Dame de Paris en est le symbole. La voûte des églises est divisée en quatre parties reposant sur des arcs appelés ogives qui se croisent. La croisée d’ogives dirige le poids de la voûte non plus sur les murs mais sur des piliers consolidés par des arcs boutants. Ceux-ci s’appuient à leur tour sur des contreforts. La voûte dès lors peut atteindre une hauteur beaucoup plus importante (33 m). Les murs dont la fonction portante n’est plus essentielle peuvent être percés de fenêtres décorées de vitraux. Alors qu’au début de la construction, la cathédrale reste plutôt sombre, ces nouvelles techniques permettent au 13e siècle de faire entrer la lumière et de créer une solennité propice au recueillement. Les fenêtres sont agrandies vers 1225-1230.
Le chantier engagé est considérable, il faut ouvrir une rue nouvelle (la rue Neuve) pour acheminer les matériaux indispensables ; pierres ou poutres pour la charpente (celle-ci en chêne équivaut à 21 ha de forêt, elle reçoit d'ailleurs le surnom de « forêt »). Plus de 1 300 plaques de plomb sont nécessaires à la toiture. Sur le chantier, une multitude de personnes s’activent, des simples manœuvriers aux ouvriers spécialistes : tailleurs de pierres, sculpteurs, maçons, menuisiers, verriers. Les femmes sont aussi présentes et participent à la construction en faisant le mortier, le plâtre ou encore en contribuant à la décoration. Tous sont guidés par les maîtres d’œuvre qui dirigent et organisent le chantier. Ceux-ci affirment leur position sociale. Ils s’enrichissent, leur renommée dépasse rapidement le cadre national. C’est le cas de Pierre de Montreuil qui dirige le chantier à partir de 1265.
c. De nouvelles techniques et de nouvelles formes d'organisation du travail
Outre les innovations architecturales déjà évoquées, le chantier des cathédrales fait apparaître de nouvelles inventions. Certaines, anodines, n’en
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