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Guerre du Biafra cas

Par   •  18 Février 2018  •  4 952 Mots (20 Pages)  •  483 Vues

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Ironsi est assassiné le 29 juillet 1966, et un autre coup d'État instaure un gouvernement fédéral militaire. La junte, en majorité musulmane, place à la tête de l'État un chrétien, le général Yakubu Gowon, avec pour mission de rétablir la paix dans le pays et un régime civil à son gouvernement. Mais dans le Nord du pays, en majorité peuplé de musulmans, des persécutions et des pogroms sont perpétrés sur des Igbos, ethnie chrétienne, malgré les tentatives de Lagos de ramener le calme[réf. nécessaire]. Le général Gowon modifie les structures administratives du pays, ce qui suscite l'opposition des Ibos, qui perdent le pétrole, qui est présent principalement à l'est du Delta, et est l'objet d'exploitations par les compagnies britanniques Shell et British Petroleum (BP)1.

Odumegwu Emeka Ojukwu, le gouverneur militaire de la région de l'Est, fief des Igbos, refuse alors de reconnaître l'autorité de Yakubu Gowon et la tension monte entre chrétiens et musulmans, plaçant le pays au bord de la guerre civile. En janvier 1967, l'accord d'Aburi est proposé au Nigeria au terme d'une médiation ghanéenne. Il prévoit l'abandon de la division du pays en régions afin d'instaurer une République fédérale composée de douze États. Le général Gowon propose de son côté un nouveau découpage administratif qui aurait privé les Igbos de la grande partie des ressources pétrolières. Ojukwu rejette ces propositions et déclare que tous les revenus générés dans la région de l'Est seront réquisitionnés par le gouvernorat en termes de réparation au coût du déplacement des dizaines de milliers d'Igbos fuyant le Nord.

Débuts de la guerre

Déroulement des opérations militaires

Le 26 mai 1967, le Conseil consultatif de la région de l'Est vote la sécession de la région3. Le 30 mai, Ojukwu proclame l'indépendance de la région, qui prend le nom de République du Biafra, avec Enugu pour capitale. L'armée biafraise compte alors environ 100 000 hommes. L'état d'urgence décrété au Nigeria le 26 mai 1967 permet d'instaurer des mesures policières visant à reprendre le contrôle du Biafra mais sans grand succès.

Au début du mois de juillet, les forces fédérales franchissent la frontière biafraise et marchent sur Enugu : la guerre du Biafra commence.

Au cours de l'été 1967, les forces biafraises contre-attaquent : détenant les deux-tiers des réserves de pétrole du Nigeria, Ojukwu tente de s'approprier le dernier tiers en traversant le Niger et en envahissant la région du Centre-Ouest, où se constitue une éphémère République du Bénin, avec Benin City pour capitale (à ne pas confondre avec l'actuel Bénin, qui correspond à l'ancien Dahomey). Pendant quelques semaines, le Biafra semble même être en mesure de pousser ses incursions jusqu'à Lagos, la capitale du Nigeria.

L'armée fédérale repousse cette contre-offensive et prend peu à peu le contrôle des principales villes, tandis que le territoire du Biafra se réduit au fil des mois comme une peau de chagrin : Ogoja, Nsukka et l'île de Bonny tombent dès le 30 mai 1967, Enugu le 28 septembre 1967 (capitale transférée à Umuahia), Port Harcourt et ses champs pétrolifères le 24 mai 1968, Umuahia le 22 avril 1969 (capitale transférée à Owerri) et finalement Owerri le 9 janvier 1970.

Avec la chute de Port Harcourt le 24 mai 1968, le Biafra se trouva définitivement privé d'un accès à l'océan Atlantique. La stratégie d'étouffement des poches de résistance biafraise par l'armée nigériane conduisait irrémédiablement à l'écrasement sanglant de la révolte.

Positions internationales

Les anciennes puissances coloniales que sont le Royaume-Uni et la France sont les principaux protagonistes externes de ce conflit qui suit de près la décolonisation et voit les nouvelles zones d'influence se dessiner.

Les deux camps sollicitent l'aide de la France, mais le général de Gaulle décide officiellement un embargo aux deux parties1. Paris penche pour le Biafra : en 1967, le général de Gaulle déclare à Jacques Foccart, son conseiller en affaires africaines, qu'il souhaite le « morcellement » du pays4 afin d'affaiblir la zone d'influence britannique. De plus, le général Gowon reçoit des armes de l'URSS1. Pourtant, Gowon avait commandé quarante automitrailleuses à Paris, qui commenceront à être livrées en juin 1967. La moitié de la commande sera honorée, les livraisons cessant en décembre5.

Les grandes nations choisissent peu à peu leur camp : la France du général de Gaulle fournit des armes au Biafra, dont l'indépendance ne sera officiellement reconnue que par quatre pays africains (Tanzanie, Gabon, Côte d'Ivoire, Zambie) et par Haïti ; de leur côté, le Royaume-Uni et l'URSS soutiennent le gouvernement fédéral et lui fournissent des armes[réf. souhaitée]. Les États-Unis soutiennent également le Nigeria, mais s'opposent à toute vente d'armes aux deux parties. Le chanteur John Lennon, citoyen britannique, renvoie sa décoration de Member of the British Empire pour protester contre la guerre du Vietnam, contre l'engagement de son pays dans le conflit biafrais et contre le mauvais classement de la chanson "Cold Turkey" au hit parade6.

Outre Paris, qui penche pour le Biafra, le Gabonais Albert-Bernard Bongo et l'Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, soutenus et financés par l'Afrique du Sud et la Rhodésie, soutiennent le général Ojukwu afin de réduire l'influence du Nigeria anglophone en Afrique1.

Le 6 juillet 1967, les compagnies pétrolières Shell, BP et American Overseas annoncent leur intention de verser directement les royalties au Biafra et non au Nigeria.

Les différentes nations soutenaient l'un ou l'autre des belligérants par des convois d'armes, de mercenaires et de conseillers militaires. L'excentrique comte suédois Carl Gustav von Rosen, recruté par l'association caritative catholique Caritas, proche du Vatican1, dirigea aussi une brigade aérienne composée de cinq avions Saab miniCOIN (deux biafrais et trois suédois). Les milieux chrétiens, dont fait partie Jean Mauricheau-Beaupré, collaborateur de Jacques Foccart, qui préside la cellule africaine de l'Élysée, ont tendance à considérer la guerre du Biafra comme un conflit religieux et soutiennent les Ibos1.

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