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Fiche de lecture - Histoire de la guerre d'indépendance algérienne (Sylvie Thénault ), 2005

Par   •  13 Juin 2018  •  4 145 Mots (17 Pages)  •  778 Vues

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Cette continuité dans la politique de la IVème République, qui se caractérise par une alternance de répression et de réforme ainsi que par un déni du fait national algérien qui n'ouvre pas d’autre perspective que l’Algérie Française, se fait grâce à l'administration et aux hauts fonctionnaires de même qu'au maintien de mêmes hommes politiques à travers les différents gouvernements.

Ex : Robert Lacoste, gouverneur général et ministre de l'Algérie, relaie et appuie à Paris les revendications de répression les plus intransigeantes mais dans un même temps lutte contre le sous-emploi et la discrimination administrative en Algérie. Il met en place notamment la caisse d'accession à la propriété et à l’exploitation rurale (CAPER) qui vise à redistribuer les terres des grandes propriétés aux paysans algériens.

Cependant ces réformes sont inefficaces car mal reçues par les européens comme par les nationalistes, qui interdisent par exemple aux populations algériennes de devenir propriétaire des terres proposées par la CAPER.

II. ENTRER DANS LA GUERRE (1954-1957)

- Au cœur du camp algérien

Le FLN et l’ALN, nés en même temps que l’insurrection, doivent se construire pour acquérir une légitimité sur la scène internationale, mais aussi pour résoudre leurs dissensions internes entre civils et militaires mais aussi entre chefs présents et leaders partis au Caire s’occuper de l’approvisionnement en armes et de la reconnaissance internationale du mouvement. D’autant plus que l’action de l’armée française élimine souvent des chefs, tués au combat ou emprisonnés, renforçant l’instabilité du mouvement.

Ex : Le 20 mai 1956 le congrès de la Soummam, organisé et dirigé par Abbane Ramdane qui en a exclu ses opposants, consacre sa victoire. C’est la victoire de l’intérieur sur les chefs de l’extérieur, et du politique sur le militaire que des structures du FLN doivent contrôler. Cependant dans les faits ce sont des militaires qui ont le pouvoir, forts de leur expérience sur le terrain… des cabales entre officiers finissent par éliminer Ramdane, tué en déc. 57 par un algérien, mais dont les principes n’étaient déjà plus appliqués.

L’ALN fonctionne grâce à une rhétorique religieuse très prégnante qui correspond à ce que vivent les populations, assimilant leur combat, qui reste politique, à leur identité religieuse et sociale – seules quelques femmes participent aux actes de terrorisme, les autres même au maquis remplissent leurs tâches traditionnelles. De nombreux interdits veulent souder une communauté de « frères », mais l’usage de la violence discrédite cette unité qui semble fondée sur la terreur. Ces violences internes ont pour causes une longue tradition de violence notamment entre des clans qui préexistent à l'armée, une défaillance du politique et un déficit du contrôle des cadres dans l'ALN qui peut conduire certains à la paranoïa. Elles visent à obtenir l'adhésion du peuple algérien mais elles divisent la communauté de « frères » puisqu'elles sont aussi dirigées contre les concurrents du MNA (Mvmt national algérien), et peuvent donc provoquer un engagement du côté des français. D'autre part certains s'engagent pour l'indépendance tout en réprouvant ces violences.

- L'armée française au combat

Profondément marquée par sa défaite incompréhensible en Indochine, l'armée française considère le conflit comme une reconquête pour laquelle l'armée va devoir s'adapter à un nouveau type de combat, la « guerre révolutionnaire » théorisée par le colonel Lacheroy, où les populations civiles jouent un rôle phare et où sont inclues des opérations de maintien de l'ordre habituellement réservées à la police.

Les officiers ont tous une expérience coloniale : en Afrique, souvent dans le service des Affaires indigènes créé par Lyautey au Maroc dans un esprit paternaliste, ou pendant la guerre d'Indochine. Parmi les hommes on compte un très grand nombre d'appelés, de rappelés et de réservistes, qui marquent leur réticence surtout avant le départ en Algérie, moins sur place où ils sont pris dans la masse. Les violences paraissent ordinaires et les réactions ne se font jour qu'après le retour en France. Le contingent comprend aussi des algériens que le gouvernement compte ainsi prévenir du nationalisme.

Les deux adversaires en effet combattent avant tout en fonction des algériens. Dans l'armée française se trouvent des supplétifs, majoritairement des harkis (membres d'un corps de troupe en mouvement, une harka), plus de 10000 hommes en 1957 aux motivations diverses mais dont la seule présence fragilise l'adversaire. L'action de l'armée repose sur une contradiction : censée apporter la paix et gagner le soutien des populations, elle doit, pour soustraire les algériens à la cause indépendantiste, recourir à des pratiques impliquant une coercition qui condamne in fine l'entreprise (représailles collectives, torture). Cela conduit à des différences d'appréciation au sein même de l'armée. Logique de terreur et logique de confiance cohabitent.

Ex : Gérard Bélorgey, un appelé nommé officier de renseignements, relate sa peur de cette nomination qui « voulait dire : torturer ». Mais il réussit à « tricher » notamment en ne livrant personne « aux services spécialisés » comme les détachements opérationnels de protection (DOP).

- La guerre en plusieurs versions

Du côté algérien différentes forces politiques telles que le FLN, le MNA (Mouvement National Algérien) et le PCA (Parti communiste algérien) se disputent la légitimité de la lutte et de la représentation du peuple algérien. Mais c'est le FLN, pourtant le dernier-né et refusant toute contribution autre qu'individuelle, qui finira par s'imposer grâce à ses victoires militaires ainsi qu'à la violence qu'il utilise.

En réaction à cette violence, les Français d'Algérie entament un processus de radicalisation, y compris parmi les élus, qui impose une pression au gouvernement, une menace de substitution à une autorité légitime jugée laxiste et impuissante. Cependant certains Français achètent des biens dans le Sud de la France, ce qui montre que leur attitude est peut-être moins univoque qu'elle ne paraît.

Ex : Le 6 février 1956 c'est à coups de tomates que les Algériens

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