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Qu'est-ce qui fait que Suzanne Meloche n'est pas capable de faire face à la réalité qui se présente à elle et de prendre ses responsabilités?

Par   •  12 Octobre 2018  •  1 650 Mots (7 Pages)  •  839 Vues

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« Le 9 mai 1951, tu donnes naissance à un garçon. Les yeux noirs, le regard vif et intelligent. Marcel est retenu à Ottawa ou, semble-t-il, "les choses vont bien pour lui". […] Tu sais que tu n’as pas envie de rentrer seule dans ta tanière. Tu veux ton homme. Ton homme de nerfs et de tourmentes. Tu as besoin de ses bras ouverts sur toi. [4]»

L’abandon qu’impose Marcel à Suzanne durera un temps et elle comblera le vide avec Borduas. Lorsque Marcel reviendra de New-York, le voir contempler ses enfants qui ont tant grandi et essayer de répéter une routine qu’il ne connaît pas, Suzanne réalisera qu’elle est celle qui attend.

« Puis, le moteur d’une voiture. Marcel en descend. Tu te demandes comment son corps si long tient sur terre. […] Il va vers les enfants, regarde Mousse, ravi, puis François, étonné de le trouver si grand. Un constat violent te happe. Tu es cette femme-là. Celle, seule, qui attend.[5] »

Après cette constatation, Suzanne prendra la décision de partir et l’annoncera à Marcel.

« Tu assistes immobile au rituel, comme si tu étais au théâtre. Tu t’extrais volontairement du tableau. Tu t’expulses. Ce soir-là, tu annonces à Marcel que tu pars.[6] »

Cette décision sera une des plus importantes dans la vie de Suzanne Meloche. Elle abandonne Mousse auprès de la famille et François auprès d’inconnu. Suzanne a pris la décision de ne pas avoir une existence normale, elle veut profiter de la vie et sa vie de famille l’en empêche.

De 1952 à 1956, Suzanne ne fera pas place à l’abandon, mais plutôt à plusieurs moments de fuite. Tout d’abord, elle s’en ira en Gaspésie avec l’amant de Marcelle et occupera le poste de postière. Lorsque l’hiver s’installera, violent et ardu, elle décidera de donner sa démission et de retourner à Montréal. Toutefois, peu de temps après son retour à Montréal, elle a peur de prendre racine, donc elle annonce à Peter, son amant, qu’elle s’en va. Peter la suit et ils partent pour Bruxelles. La vie est pourtant difficile en Europe et ils décident d’aller chez les parents de Peter en Angleterre. Ne s’y trouvant pas à sa place, Suzanne décide une autre de fuir la situation et ce sans Peter.

Par la suite, Suzanne fera la rencontre de Selena. Cette jeune femme entraînera Suzanne dans la rébellion des noirs. Elle participera à des manifestations, tel quel en a déjà vécue avec le groupe qui à créer le refus global. Un lien d’amitié se développera entre Suzanne et Selena. Le 22 septembre 1961, les noirs gagnent leur rébellion. Suzanne travail comme secrétaire au sein d’une association militante. Selena accouche d’un petit garçon la journée des quarante ans de Suzanne. Elle ira la voir à l’hôpital, mais n’ira pas jusqu’à la chambre, elle l’abandonnera à son tour.

« Tu te diriges à l’hôpital. Gravis les marches qui te conduiront à la maternité. En pousses les portes vitrées. Mais tu es plus métèque au milieu des mères qu’au milieu des Noirs, et tu n’entre pas. C’est ici que tu abandonnes Selena qui vivra maintenant sans toi. Elle devient mère, alors que tu deviens orpheline.[7] »

Maintenant seule, Suzanne fera la rencontre de Gary dernier amant qu’elle aura et qui s’enlèvera la vie dans leur appartement. Pour noyer ses blessures, elle tombera sous l’emprise de l’alcool. Elle tombera face à face avec son fils perdu, rendu malade psychologiquement, et prendra la fuite sans lui adresser un seul mot. Suzanne fera la connaissance de la fille tout juste née de Mousse, mais s’en ira rapidement sans jamais la revoir avant ses 26 ans.

Suzanne mettra fin à ses jours le 23 décembre 2009.

« Devant le métro Mont-Royal, j’écoute tes poèmes exploser de vigueur, pendant que tu te maquilles. Un trait lourd de khôl sous ta pupille toujours vive. Nue face au miroir, tu accueilles ton corps rond et déserté. Lentement, tu passes ta main usée sur ton sexe éteint. Tu fermes les yeux et te déposes dans les vagues de ton souffle. Tu te laisses bercer pendant que le plaisir grimpe dans ton ventre. Tu jouis, les yeux ouverts, fixés dans ton reflet. Tu t’accordes un pardon. Le 23 décembre 2009, enveloppée dans ta robe de chambre blanche, tu meurs. [8]»

L’œuvre d’Anaïs Barbeau-Lavalette est très intéressante sur plusieurs points. On peut, même après seulement une lecture, détecter plusieurs sentiments chez les personnages. On peut également prendre conscience par quoi une femme peut passer si elle décide de rester normal (femme au foyer) ou si elle décide de prendre son envol et passer à l’histoire. La façon dont l’auteur écrit son roman est particulier, mais apprécier, car elle parle directement à sa grand-mère comme si elle voulait lui remémorer son existence une deuxième fois.

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