Lecture analytique: L'ingénu - Voltaire
Par Raze • 16 Avril 2018 • 1 050 Mots (5 Pages) • 665 Vues
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Il use aussi de la consécutive (l10, l19, l28)
Toujours la même chose mais il prétexte surtout les conséquences positives de la bonne méthode.
- La satire religieuse ne s’arrête pas là. Concerne aussi le prosélytisme
Ce rite (le baptême) est préposé par la Kerkabon (Kerk = maison, en Breton). Satire de la politique de la conversion au catholicisme, chose que l’Ingénu refuse. Elle montre que ce n’est pas la foi qui l’attire mais l’envie de se faire regarder par tous (reconnaissance sociale) : « il en sera parlé dans toute la Basse-Bretagne » (l.21-21) et « honneur infini » (l.21, hyperbole). L’ironie Voltairienne jaillit par le fait que la Kerkabon se trahit toute seule et l’incompatibilité entre le désir de la foi et la reconnaissance sociale.
III/ Le traitement du héros : le Huron (ou l’Ingénu)
- Il a le statut d’objet
Il est l’objet de toutes les curiosités sur son aspect physique, il a un aspect exotique (= d’ailleurs, d’une autre culture, d’une autre civilisation). Dans le discours de la Kerkabon, il est à quatre reprises le COD.
Cette différence attire aussi sa curiosité : elle regarde par le trou de la serrure pour le voir, pour voir « comment dormait un Huron » (l.33) qui est une excuse pour justifier son geste -> il est l’objet de la curiosité amoureuse des deux personnages féminins ; la progression de ce coup de foudre a été très rapide -> forme d’admiration.
- Il a aussi le statut de sujet
Il fait une résistance en 3 étapes :
1/ il ose répondre : il oppose le relativisme religieux en marquant sa différence très fortement (l.196-197).
2/ Il répond plus gentiment à Saint-Yves (lignes 203-204) ; il lui répond longuement à l’aide de subordonnées complétives (= réponses structurées argumentées). Il a cœur de tirer, de convaincre Saint-Yves de l’erreur qu’elle vient de commettre, de l’absurdité de son propos. C’est un moyen de montrer que les propos de l’Ingénu sont justes et pertinents.
3/ Sa réponse est encore très argumentée et structurée (« il témoigna que », l.218 ; « répondit que », l.217 ; « il dit qu’il », l.220). Il compare les Anglais aux français -> critique de la société français.
Le Huron oppose donc la surdité intellectuelle de son entourage à son droit à la liberté -> porte-parole de son auteur, Voltaire.
En somme, ce passage est comique par la présentation de caractères caricaturés et ridicules, des répétitions ou des absurdités verbales, une situation cocasse. Enfin, des décalages entre l’Ingénu et la compagnie, entre la religion et la modernité et entre la religion et l’érotisme. Ce comique satirique exprime la critique de l’ethnocentrisme religieux, des préjugés et de l’intolérance de la société bretonne, choque que l’on retrouvera plus loin dans le conte, notamment dans la charge contre les jésuites. L’Ingénu est enfin l’instrument de cette critique car il est le porte-parole des critiques et des idées de Voltaire.
Cependant, l’intérêt qu’il suscite chez les bretons montre par avance au lecteur que si l’Ingénu, fort d’un jugement déjà saint, s’améliorera en se formant.
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