Everyone Cohen - "Quelle est la place de l'image en Histoire ? "
Par Ramy • 18 Mai 2018 • 1 702 Mots (7 Pages) • 624 Vues
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un dernier temps, il n’aura plus qu’a identifier la source pour la critiquer.
Cependant, ce n’est pas si simple, et c’est en cela que ça à pu susciter des déceptions. Chaque étape représente une limite à la véracité des éléments étudiés. Lors de la reconstruction du programme, elle prend l’exemple d’un compte rendu d’une sténographe, qui ne s’appuie que sur son “témoignage visuel” et sa perception des choses. Dans un second temps, les images viennent à manquer, d’une part car l’archivage n’est pas toujours complet, car il n’y a pas d’archivage du tout, ou bien encore du fait de la censure ou de l’autocensure. Ce manque d’image étant une foi de plus une limite empêchant l’historien de se faire une idée nette. Enfin, l’identification des sources n’est pas toujours possible, interdisant une mise en abysse nécessaire à la contextualisation.
Malgré tout, la télévision reste une source incomparable de données, et cela sur deux plans. D’une part, c’est une source brut: avec l’exemple d’un discours, elle explique qu’il ne sera jamais aussi bien retranscrit qu’en vidéo, tandis qu’un article de presse ne fait que s’en inspirer, omettant des éléments plus ou moins volontairement, et ajoutant souvent son opinion. Dans un second temps, c’est aussi une source indirecte d’informations, de part les évènements inattendus filmés, l’environnement ou encore, en reprenant son exemple, l’atmosphère d’un débat ou le comportement d’une foule. Il y a donc un réel besoin de mener une “analyse visuelle” des documents qui nous sont parvenus dans le but de déceler tous ces choses dites ou non au sein des vidéos.
Elle rappelle que l’historien, au travers de son analyse, doit être conscient qu’il y a une réelle mise en scène, un contexte et une visé à tout programme télévisuel. “Les programmes diffusés appartiennent à des genres. Ils relèvent d’une construction et peuvent s’apparenter à des spectacles avec leur mise en scène, à la diffusion d’évènements extérieurs ou créés par la télévision elle même.” Il faut donc distinguer les deux : ceux extérieurs aux projets du programme, et ceux créés par et pour la télévision. La présence en elle même ou non des images doit aussi être analysé, cela peut être, avant 1974 de la censure ou de l’autocensure certes, mais une absence plus tardive est justifiée, comme le manque d’images d’attentats, qui crée la représentation que l’on s’en fait, ou alors le faux directe mis en place le 4 septembre 1958 lors de la constitution de la cinquième république par le Général de Gaulle. La télévision créée des “évènements télévisuels” qui “inventent une tradition”. Les exemples cités sont ceux des cérémonies nationales, qui mènent à une unité de la nation, les débats politiques avec les campagnes, ou encore les funérailles nationales. Il y a un devoir pour l’historien d’étudier, d’analyser la conception de ces rituels, car ils ont toujours un but précis sur l’opinion.
Cela passe par la déconstruction des plans, images, postures, gestes, discours…Une analyse complète des présentateurs, plans, dispositions, la foule ect... puis par une reconstruction qui permet de saisir les non dits, avec par exemple l’évolution de l’image du “gros” à la télévision, symbole d’autorité dans les années soixante, ou alors l’étude des images de la cérémonie du 4 septembre, ou la foule n’est qu’un parterre d’invités du Général de Gaulle, cachant les bruits des manifestations .
Malgré cela, et je dirais même heureusement, il y a les évènements inattendus, ceux qui brisent les codes, ce qui avait été écrit. On pense bien évidemment au fous rires de présentateurs de journaux télévisés, mais aussi aux imprévus lors de rituels, comme aux funérailles de Mitterrand, ou le drapeau s’envole à cause du vent, et la seule à se lever pour le remettre est sa femme. Ce n’est alors qu’a ce moment la, en prenant en compte tous ces “segments isolés” que l’on peut reconstituer le “spectacle, la représentation”, restituant “les modes de pensés entre les traces visuelles et l’ensemble des signes”.
Pour conclure, on peut dire qu’au travers de son texte elle conseille sur la façon de faire de l’histoire à partir de tout nouveaux supports. Elle énonce clairement les limites de la recherche de sources historiques dans les documents télévisuels, mais aussi comment au travers d’une analyse visuelle, on peut utiliser ces “traces” du passé afin de reconstituer les modes de pensés antérieurs. Il est très difficile de critiquer cela car c’est un travail très récent qui s’appuie sur d’anciennes méthodes historiographiques tout en dépassant leurs limites respectives. Cela reste malgré tout un champ d’étude très restreint, car très jeune, et une méthode d’analyse des documents très semblable à celle déjà appliquée en archéologie. Le contexte historique et le point de vue critique de l’historien prévalant toujours. Je finirai par une simple remarque : qu’en est-il de l’histoire d’internet? Selon moi, cela serait, dans 10 ans, un sujet d’étude crucial afin de comprendre notre mode de vie, de raisonnement et d’analyse. Un historien, avec certaines données comme celles extraites du site “http://archive.org/web/” pourraient retrouver des sites dans la configuration d’il y a 20 ou 30 ans, et comprendre les différents effets de mode, les points de vues de milliers de gens via les commentaires ou encore accéder à plus de vidéos et images encore
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