Olympia d'Edouard Manet
Par Andrea • 27 Septembre 2018 • 1 641 Mots (7 Pages) • 650 Vues
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Par ailleurs, l’œuvre de Manet a aussi été provocatrice à cause de l’attitude de cette femme. Elle illustre une prostituée qui assume son statut de femme de pouvoir, qui prend l’initiative, et marque une domination sur l’homme. L’Olympia use et joue de ses atouts physiques et sexuels. Elle n’est plus la représentation d’une femme passive et lascive idéalisée par l’homme et pour les hommes. Ce n’est plus un simple objet de désir, mais une femme qui use de son statut, qui revendique son droit à au plaisir et marque son indépendance sur l’homme. On remarque également que le châle jaune sur lequel Olympia est un signe distinct de sa profession[2]. Mais une telle représentation n’est pas légion à cette période. Cette œuvre s’apparente donc à une peinture sociale et politique, qui évoque la puissance et l’indépendance de la femme. Ce qui est plutôt paradoxal, car c’est homme qui signe cette œuvre novatrice. Pourtant, cette œuvre féministe de la première, s’illustre encore de nos jours et dérange certains contemporains.
Il faut savoir que cette œuvre de Manet a été acceptée au Salon de 1865 par le jury, afin d’éviter un nouveau « Salon des refusées » qui allait faire de l’ombre au véritable Salon. Champfleury écrit à Baudelaire : « Comme un homme qui tombe dans la neige, Manet a fait un trou dans l’opinion publique[3] ». Théophile Gautier nous dit aussi : « Nous excuserions encore la laideur, mais vraie, étudiée, relevée par quelque splendide effet de couleur. ». De nombreuses critiques négatives ont été écrites par rapport à cette œuvre, mais certains comme Emile Zola, ami de Manet, l’ont défendu. Ainsi, il écrit : « En 1865, Edouard Manet est encore reçu au Salon ; il expose un Christ insulté par les soldats et son chef d'œuvre, son Olympia. J'ai dit chef-d'œuvre, et je ne retire pas le mot. Je prétends que cette toile est véritablement la chair et le sang du peintre. Elle le contient tout entier et ne contient que lui. Elle restera comme l'œuvre caractéristique de son talent, comme la marque la plus haute de sa puissance. […] Le public, comme toujours, s'est bien gardé de comprendre ce que voulait le peintre ; il y a eu des gens qui ont cherché un sens philosophique dans le tableau ; d'autres, plus égrillards, n'auraient pas été fâchés d'y découvrir une intention obscène. […] Qu'est-ce que tout cela veut dire ? Vous ne le savez guère, ni moi non plus. Mais je sais, moi, que vous avez admirablement réussi à faire une œuvre de peintre, de grand peintre, je veux dire à traduire énergiquement et dans un langage particulier les vérités de la lumière et de l'ombre, les réalités des objets et des créatures.[4] ».
Nous pouvons conclure sur le fait que Manet, refuse cette esthétique académique, qu’il remet en cause, car elle est pour ce dernier empli d’illusions et plein de convention. Ainsi, pour Manet, le grand art est bien au-delà. Le travail du peintre s’entend, et doit avoir une garantie d’authenticité. Pour lui, c’est lorsque le peintre ôte son masque d’illusion qu’il accède au grand art. Par conséquent, Manet dépasse là son aîné et maitre Courbet, mais nous pouvons noter que sans son influence, les audaces et les provocations impressionnistes n’auraient pas été les mêmes. Si Olympia s’inspire des œuvres des grands maitres de nu, c’est sa facture novatrice qui a suscité ces vives réactions et ce grand scandale. Manet marque donc son statut de chef de file d’un nouveau type de peinture, qui a pour particularité la liberté de la touche et des contrastes, qui sont mis au service du réel. Le sujet de l’œuvre est ainsi l’acte de peindre lui-même, l’affirmation d’une cause féministe et l’impact qu’a eu cette dernière sur les mœurs et les conventions du Second Empire.
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