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Peut-on renoncer à sa liberté ?

Par   •  2 Juillet 2018  •  1 692 Mots (7 Pages)  •  680 Vues

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Ne constate-ton pas ici le dilemme courant de la vie humaine ? Certains couples mariés ne vivent-ils pas cette crise qui débouche sur un choix ? De fidélité ou de rupture ? Ce dernier choix consisterait alors à « reprendre » sa liberté qu’on s’était engagé à restreindre pour faire alliance. Une difficulté survient quand l’autre n’a rien fait de mal objectivement. N’est-on pas parfois devant la situation de quelqu’un esclave de la tyrannie d’un certain bonheur sensible ? La prééminence du ressenti émotionnel ne prédispose-t-il pas à diminuer l’impératif de la raison ? Une psychologie trop affective, facilement dirigée par son attrait du sensible plaisant, n’est-elle pas réfractaire au discours objectif pour finalement renoncer à affronter ses difficultés existentielles ? Par contre, une conscience morale éduquée n’est-elle pas orientée vers des choix de renoncements raisonnables pour vivre une authentique liberté ?

Partie 3 : Renoncer à une liberté superficielle pour vivre une liberté plus profonde ?

L’Histoire nous présente des exemples de choix politiques qui ont été motivés par l’option d’une liberté superficielle qui ont hypothéqué finalement la liberté réelle. Les Accords de Munich (1938) sont emblématiques de ce choix trompeur. Beaucoup d’observateurs envisageaient qu’Hitler ne renoncerait pas à son expansion territoriale. Mais l’Europe sortait d’une récente Grande Guerre (1914-1918) meurtrière : s’organiser pour stopper cette logique démesurée impliquait de sacrifier une douceur de vivre immédiate et une paix encore toute nouvelle. Les Accords vont ainsi fermer les yeux (Tchécoslovaquie) sur la menace grandissante pour sauvegarder une liberté éphémère et fragile. Les tchèques ne valent pas la peine qu’on entre en guerre de nouveau… La paix au prix du déshonneur ? Malgré la complexité des circonstances toujours singulières, ne peut-on pas faire le parallèle avec le choix entre de Gaulle et Pétain ? Quelle liberté choisir ? Dans le domaine religieux, certains iront de même jusqu’à regretter le choix du pape Léon XIII d’indiquer aux catholiques français le choix du ralliement à la République. Que penser si Nelson Mandela avait choisi une liberté plus superficielle au détriment de son combat pour la vraie liberté ?

En effet, il arrive à certains de renoncer à cette liberté moins profonde, plus superficielle, pour sauvegarder sa liberté profonde : celle de la droiture de sa conscience, de son âme. Souvenons-nous de Socrate. Car en effet Martin Luther King, dans le cadre de son combat contre la ségrégation aux Etats-Unis, est resté un homme debout face aux lâchetés établies issues de la pression sociale.

Thomas More, pour rester fidèle à sa liberté intérieure et à sa conscience qu’il sait juste, renonce à une liberté superficielle proposée par Henri VIII en signant l’Acte de Suprématie. On ne peut pas renoncer à certaines vérités estimées salutaires, non seulement pour soi et ses proches, mais pour toute l’humanité. Les lâchetés majoritaires recherchent à passer leurs vies dans des bons moments divertissants, quitte à renier les vérités les plus cruciales. Le grand nombre suit le plaisir et non le bien, la petite liberté des moyens, et non cette liberté humanisante, celle de la dignité humaine.

Certes, se poser en défenseur de sa conscience morale, c’est risquer d’être isolé. Mais ceux qui s’engagent dans cette voie, la plupart du temps, ne peuvent pas ne pas obéir à la voix de leur conscience. Renoncer à sa liberté de moyen (de se déplacer, de s’exprimer, etc), jusqu’à la prison, la mort sociale ou la mort physique, au nom de sa conscience morale, de sa liberté de pensée, n’est-ce pas être martyr du bien, témoin de la vérité ?

On connaît l’épisode de Maximilien Kolbe qui choisit de prendre la place d’un condamné à mort pour vivre jusqu’au bout sa liberté intérieure en fidélité à sa foi. Car en effet que sert à l’homme de gagner sa liberté superficielle s’il vient à perdre son âme ?

Et il faut faire un choix en effet. Ici, ne pas choisir, n’est-ce pas déjà avoir choisi ? Le discernement des circonstances n’aboutit pas toujours à une claire alternative entre un bien et un mal. Nous avons commencé notre recherche en évoquant la figure de Socrate, on nous permettra de la clore avec celui que la Pythie de Delphes aurait déclaré être « le plus sage des hommes ». Après la défaite dans la guerre du Péloponnèse, à Athènes, la démocratie avait été remplacée, durant un an, par la tyrannie oligarchique des Trente, à laquelle Socrate, qui connaissait Critias, personnage majeur de ce régime, semble n'avoir pas été au début hostile, tant que la tyrannie ne s'était pas faite meurtrière et épuratrice. Le choix entre la liberté superficielle, axée sur la tranquillité de la paix, et la liberté profonde, orientée par l’honneur du devoir, n’est pas aussi évident que la conclusion d’une équation mathématique. Qui peut douter, cependant, que Socrate instituait devant l'histoire un nouveau type de héros, le héros de la pensée vraie, qui meurt pour ce qu'il croit ?

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