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Explication de texte, Malebranche, Traité de morale

Par   •  25 Septembre 2018  •  3 371 Mots (14 Pages)  •  1 016 Vues

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Toutefois, si l’auteur semble favoriser l’amour de bienveillance comme moyen d’atteindre le bonheur, ce n’est pas le cas de tous les Hommes. En effet, s’ils sont tous d’accord pour dire que le bonheur est la meilleure chose qu’on puisse obtenir, ils ne s’accordent pas sur les moyens permettant de l’atteindre. Pascal exprime également cette idée dans Pensées en énonçant « Quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but ».

Ainsi, Malebranche sous-entend cette dissemblance d’idées par « encore ne sais-je si on n’aime véritablement les riches libéraux, et les puissants protecteurs », autrement dit si ce qui est aimable est réellement pour les Hommes la personne en elle-même, se montrant bon avec nous. En effet, l’Humanité a tendance à penser que pour être heureux, il leur faut multiplier nos désirs et donc accomplir une vie de jouissance et de plaisirs. Ainsi, nous n’avons aucunement le devoir morale d’aimer autrui parce qu’il nous rend heureux puisque nous aimons uniquement en autrui ce qui fait notre bonheur. En outre, puisque ce qui est aimable est ce qui nous rend heureux, ce ne serait non pas ce que constitue autrui pour nous mais plutôt ce qu’il représente comme bien à notre égard qui serait à même d’être aimé pour les Hommes.

D’ailleurs, l’auteur apporte une justification en ajoutant à la suite de cette phrase : « car enfin ce n’est point ordinairement aux riches qu’on fait la cour, c’est à leurs richesses ». En d’autres termes, ce que les Hommes aiment, n’est pas la personne qu’est autrui mais plutôt ce qu’il possède. En effet, les Hommes ont tendance à vouloir s’approprier l’objet de tous leurs désirs afin d’être heureux. C’est pourquoi il n’est point surprenant d’apprendre que certaines jeunes femmes se marient à de riches hommes, non pas par amour mais bien par intérêt. Ainsi, tout comme Calliclès dans Gorgias, l’Humanité semble penser que le bonheur se trouve dans l’hédonisme, soit dans la sensation, perception de multiples plaisirs. Or, ce qui est aimable est ce qui nous rend heureux, donc ce qui semble être aimable pour les Hommes semble être les objets désirés permettant un contentement intense. En ce sens, les Hommes aimeraient de façon captative. On parle alors d’amour de concupiscence. Leibniz définissait d’ailleurs ce type d’amour par « un désir qu’on a pour qui nous donne du plaisir, sans que nous nous intéressions s’il en reçoit », soit que ce qui nous semble aimable n’est autre que ce qui nous donne du plaisir, ainsi nous restons égocentré sur ce que nous désirons pour éprouver cet état de satisfaction. L’amour de concupiscence s’oppose donc à l’amour de bienveillance.

Malebranche poursuit en étoffant cette idée. En effet, il ajoute que « ce n’est point les grands qu’on estime, c’est leur grandeur ou plutôt c’est sa propre gloire qu’on recherche, c’est son appui, son repos, ses plaisirs », autrement dit que ce qui est aimable pour les Hommes n’est pas le sujet qu’est autrui mais au contraire les biens, les facultés qu’il possède. L’auteur nous montre que ce que désirent les Hommes, en général, n’est autre que ce que possède autrui. En effet, cette phrase affirme que ce n’est pas la personne que nous aimons mais bien tout ce qu’il a réussi à obtenir de lui-même jusqu’ici. C’est pourquoi, il est question de s’approprier « sa propre gloire » afin d’être heureux. De plus, l’auteur détaille certains aspects de ce qu’autrui possède et que nous désirons. En effet, si nous savons que les Hommes pensent trouver le bonheur dans les plaisirs cinétiques, soit dans ceux qui accompagnent la satisfaction d’un désir, il semble également se trouver dans les plaisirs catastématiques. En effet, il est question de vouloir s’approprier « son appui, son repos », soit tout ce qui traduit l’absence de souffrance du corps et de l’âme, en d’autres termes ce qui renvoient à l’aponie et l’ataraxie. Il semble en effet bien vrai que lorsque nous allons nous faire masser dans un spa, nous nous sentons apaisé, donc serein or lorsque quelque chose est bon pour nous, il est à même d’être aimé. Ainsi, ce qui semble être aimable pour les Hommes sont toutes les formes de plaisirs leur permettant d’être heureux.

Malebranche poursuit en illustrant son idée par un exemple. En effet, il affirme que « les ivrognes n’aiment point le vin, mais le plaisir de s’enivrer », soit qu’ils n’aiment pas l’objet en question mais ce qu’il lui apporte de bon. En ce sens, ce qui est aimable pour les Hommes n’est aucunement l’objet ou l’individu en question mais simplement ce qu’il nous apporte de bon car le plaisir éprouvé nous permettant donc d’être heureux, est le résultat de notre satisfaction. L’auteur complète cette idée en disant « cela est clair : car s’il arrive que le vin leur paraisse amer, ou les dégoute, ils n’en veulent plus », autrement dit, dès que l’objet ne leur plait pas, il s’en détourne aussitôt. En effet, l’Humanité est en continuelle recherche de satisfaction, ainsi si l’objet en question ne leur parait pas bon pour eux, alors il ne leur procure aucune forme de satisfaction et donc de bonheur. A l’inverse, il est vrai que le plaisir peut s’éprouver par l’intermédiaire de différents biens matériels. Par exemple, si je n’aime pas la viande en général, je mangerai autre chose, tels que du poisson ou des œufs, afin d’être satisfaite de mon repas. Néanmoins, il est impossible qu’il y ait autant de désirs que d’objets permettant de les satisfaire, nous sommes donc forcément à un moment donné, déçu, insatisfait. Ainsi, nous pouvons dire que la vie de jouissance et de plaisirs cultive l’insatisfaction car en effet les plaisirs sont insatiables et éphémères. En effet, une vie de plaisirs peut être malheureuse or ce qui est aimable pour les hommes est ce qui nous rend heureux donc ce qui est aimable ne peut nullement être les biens permettant de satisfaire nos désirs et nous procurer du plaisir. En outre, pour être heureux, il faudrait multiplier nos désirs pour obtenir un maximum de plaisirs, or les décupler peut s’avérer dangereux, nuisibles pour nous car ils peuvent en effet être irrationnels, aliénés. Ainsi, lorsqu’il est déraisonnable, sans limites un désir devient passion. De plus, si les Hommes pensent que la multiplication de leurs plaisirs leur permettra d’être heureux, il s’avère qu’ils aient tort car si le bonheur est absolu et durable, les plaisirs sont passagers, fugaces et insatiables.

Malebranche continue son explication en prenant un autre exemple, cette fois-ci plus générale. En effet, il affirme

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